Des composés organiques ont été détectés dans l’atmosphère de Titan


Un composé organique utilisé dans la fabrication de plastiques vient d’être détecté dans l’atmosphère de Titan, la plus grande lune de Saturne. Si l’acrylonitrile a de nombreuses applications sur Terre, elle pourrait former sur Titan des structures flexibles similaires à nos propres membranes cellulaires.

Des études antérieures sur la haute atmosphère de Titan ont déjà suggéré la présence de la molécule C2H3CN (appelée acrylonitrile ou cyanure de vinyle). Aujourd’hui, la NASA le confirme en s’appuyant sur les données de l’Atacama Large Millimeter /submillimeter Array (ALMA), au Chili, qui pointent notamment la stratosphère de Titan, la partie floue de l’atmosphère qui donne à cette lune sa couleur brun-orange. Sur Terre, ce composé est produit synthétiquement, notamment pour la production de matières acryliques. Vous devez en revanche cuisiner un véritable cocktail chimique pour obtenir la matière escomptée. Sur Titan, la chimie nécessaire se trouve naturellement dans l’atmosphère et selon cette nouvelle recherche, certaines molécules pourraient se retrouver sur la surface de la lune par le jeu des précipitations (il pleut des hydrocarbures sur Titan).

Sur Titan, la vie telle que nous la connaissons est impossible. Le passage de Cassini a en effet permis la découverte d’une atmosphère d’azote épaisse et d’un cycle météorologique basé sur l’évaporation et la mise en commun des hydrocarbures liquides présents à la surface dans les lacs et rivières. Il n’y a pas d’eau sur Titan, mais de l’éthane et du méthane en abondance. Il fait également -180 °C à la surface et l’oxygène se fait rare, mais les chercheurs spéculent sur le fait qu’une forme de vie complexe pourrait subsister malgré ces conditions extrêmes.

Sur Terre, les conditions retrouvées permettent en effet aux molécules de graisses (ou phospholipides pour être précis) de former une double couche qui permet de séparer l’environnement interne de l’externe, fournissant ainsi un moyen de contenir des produits chimiques suffisamment longtemps pour leur permettre d’interagir. Les conditions retrouvées sur Titan excluent la production de ces types de lipides, mais d’autres types de membranes pourraient voir le jour.

En 2015, des chercheurs ont en effet imaginé des membranes cellulaires très spéciales qui pourraient se développer sur Titan. Et selon leur modèle mathématique, l’acrylonitrile est le candidat parfait pour créer ces membranes. Mais aussi intéressante que soit la découverte, rien ne dit aujourd’hui que la vie pourrait effectivement se développer sur Titan parce que l’existence des ces membranes n’est à ce jour que théorique et qu’une démonstration expérimentale reste très difficile. D’autre part, nous n’avons à ce jour aucune preuve de l’existence de macromolécules suffisamment complexes pour se dupliquer. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle découverte ajoute un élément important à notre compréhension de la complexité chimique du Système solaire.

Source : SciencePost


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