Visé par de nouvelles menaces de mort après sa une sur Tariq Ramadan, Charlie Hebdo porte plainte


Le magazine satirique fait de nouveau l’objet de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir publié des caricatures de l’islamologue Tariq Ramadan, accusé de viol par deux femmes. Le parquet de Paris a lancé une enquête sur cette affaire.

Le dessinateur Riss, directeur de la publication de Charlie Hebdo, a fait savoir que le magazine satirique déposait plainte le 6 novembre après les menaces de mort diffusées sur les réseaux sociaux à cause d’un dessin représentant l’islamologue Tariq Ramadan, visé par deux plaintes pour viol. Plus tard dans la journée, le parquet de Paris a ouvert une enquête sur ces menaces, selon les informations de l’AFP.

Dans sa dernière édition, parue le 1er novembre, l’hebdomadaire satirique représente en une le théologien le pantalon déformé par un monstrueux sexe en érection, proclamant : «Je suis le sixième pilier de l’islam». «VIOL La défense de Tariq Ramadan», peut-on lire au-dessus du dessin signé juin.

L’islamologue est en effet accusé de viol par deux femmes, dont l’ex-salafiste devenue militante féministe Henda Ayari, et fait également l’objet d’accusations de la part de jeunes filles prétendant avoir été harcelées.

Interrogé sur l’angle choisi pour ce dessin, Riss a fait valoir, sur Europe 1 au micro de Patrick Cohen, que Tariq Ramadan se présentait lui-même comme «un islamologue, comme un sachant», ce qui expliquerait pourquoi le dessin fait référence au «6e pilier de l’islam […], le djihad».

Les cinq piliers de l’islam constituent le fondement du mode de vie islamique : la profession de foi, la prière, la zakat (l’aumône), le jeûne du mois de Ramadan et le pèlerinage à la Mecque une fois dans la vie pour ceux qui en ont les moyens. Le djihad (pouvant être compris comme la «guerre sainte», mais aussi la lutte intérieure pour s’améliorer) est considéré comme le sixième pilier de l’islam par une minorité au sein du sunnisme bien qu’il n’en ait pas le statut officiel.

Sur les messages de haine et les menaces adressés à Charlie Hebdo, Riss a déclaré qu’ils n’avaient jamais cessé. «Mais c’est vrai que parfois, il y a des pics où on reçoit sur les réseaux sociaux des menaces de mort explicites : c’est le cas une fois de plus», a-t-il ajouté. «C’est toujours difficile de savoir si ce sont des menaces sérieuses ou pas, mais par principe, on les prend au sérieux et on dépose plainte», a-t-il dit. «On n’accepte pas d’être traité de cette manière-là. Il y a une ligne rouge à ne pas franchir», a poursuivi Riss. «Menacer de mort quelqu’un, ce n’est ni autorisé dans la rue, ni dans un journal, ni nulle part, c’est “poursuivable”», a également confié le directeur de la publication, déplorant ces «bouffées de haine».

«Maintenant, ça s’est banalisé d’appeler au meurtre»

«Au-delà du sérieux de ces menaces de mort, c’est une question de climat», a encore souligné le dessinateur. Il juge étonnant qu’après la vague d’attentats de ces dernières années, il y ait encore des réactions aussi violentes, des appels au meurtre.

«Ce n’est pas simplement de la contestation ou de la discussion, ce n’est même pas de l’injure, c’est au-delà de ça : c’est que maintenant, ça s’est banalisé d’appeler au meurtre», regrette-t-il. Cela est «assez inquiétant» et «révèle un climat assez lourd».

Source : RT


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