Selon une victime, se trouver réprimandé par le système de crédit social en Chine est « pire qu’une peine de prison »


La vie privée n’a peut-être pas le même sens pour les habitants chinois que pour ceux de l’Occident.

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L’intérêt supérieur de la communauté primant sur les droits individuels, de nombreux citoyens chinois estiment que si la mise en place d’un système de crédit social, un projet du gouvernement chinois visant à mettre en place d’ici 2020 un système national de réputation des citoyens, peut contribuer à rendre la société plus stable, il n’y a pas à hésiter.

La majorité de la population chinoise ne cerne peut-être pas réellement le niveau de surveillance que ce genre de systèmes peut permettre d’acquérir. Il n’y a eu aucun débat public concernant la mise en place du système. Cependant, certaines couches de la société chinoise se sont inquiétées du fait que le score citoyen soit le seul critère d’évaluation du comportement des citoyens chinois. Comme pour donner un fondement à leurs inquiétudes, 10 millions de personnes se sont retrouvées punies dans les zones où le système a déjà été testé.

Un nouvel exemple qui illustre le danger de cet instrument

Dans un billet, Inkstone partage les mésaventures de David Kong, un chinois qui a dû subir le revers de ce système de crédit social

Citation par Inkstone
David Kong s’est senti brisé après un récent voyage d’affaires à Chongqing.

Il lui a fallu plus de 30 heures pour se rendre à cette ville en partant de Beijing, sur un train connu en Chine sous le nom de « train à peau verte » en raison de sa couleur olive foncée.

Le même trajet de 900 milles n’aurait pris que trois heures en avion, ou environ 12 heures en train à grande vitesse.

Mais Kong ne pouvait pas en prendre un non plus, car il était un « mauvais payeur ».

En tant que l’un des 13 millions officiellement désignés « individus discrédités » ou laolai en chinois, Kong, âgé de 47 ans, n’a pas le droit de dépenser pour le « luxe », dont la définition inclut les voyages en avion et les trains rapides.

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Ce groupe de personnes, dont la plupart ont échappé à leurs dettes, siège à une base de données publique gérée par la Cour suprême de Chine. Pour eux, la vie quotidienne consiste en une série d’indignités infligées, certaines grandes et d’autres petites, qui consistent à ne pas être en mesure de louer une maison sous leur propre nom ou à être évités par des proches et des partenaires commerciaux.

Dans certains endroits, les entreprises de télécommunications appliquent même une sonnerie spéciale aux numéros de téléphone de laolai.

Un « mauvais payeur » qui aurait nettement préféré une peine de prison

« C’est encore pire que d’être en prison, parce qu’au moins une peine de prison est limitée », a déclaré Kong dans un entretien téléphonique. « Être sur la liste signifie que tant que vous ne pourrez pas effacer vos dettes en totalité, votre nom sera toujours là ».

À titre d’exemple, ses associés ont découvert son statut, non pas dans la base de données, mais à cause de la gare où ils sont allés le chercher. En Chine, seuls ceux qui ne peuvent pas se permettre le train à grande vitesse prennent le train lent.

Selon Kong, pour qu’il puisse se libérer de ses dettes, il doit être capable de réussir dans sa nouvelle entreprise, mais c’est difficile à faire si des partenaires et des clients potentiels l’évitent en raison de son statut officiel de « mauvais payeur ».

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Kong a déclaré qu’il survit avec seulement 500 yuans (66 euros) par mois, vivant dans la banlieue de Pékin.

Ses créanciers ont peu de sympathie, affirmant qu’il avait utilisé toutes les méthodes possibles pour ne pas rembourser ses dettes. S’il avait de l’argent pour acheter un billet d’avion, ont-ils dit au South China Morning Post, il devrait l’utiliser pour rembourser ce qu’il devait.

La liste des « individus discrédités » fait son apparition

Selon le dernier rapport annuel du Centre national d’information sur le crédit public, il a été interdit à des individus discrédités d’effectuer 17,5 millions de vols et 5,5 millions de trajets en train à grande vitesse à la fin 2018.

La liste des « individus discrédités » a été introduite en 2013, quelques mois avant que le Conseil d’État ne dévoile un plan en 2014 visant à mettre en place un système de crédit social d’ici 2020.

Le système vise à inciter les gens à bien se comporter en pénalisant les mauvais comportements et en récompensant les bonnes actions.

Selon Kong, il est passé officiellement dans la liste des personnes à qui on ne « peut pas faire confiance » en 2015, trois ans après l’échec de son entreprise d’édition de livres. Il avait emprunté 1,6 million de yuans (211 000 euros) et avait déclaré qu’il n’avait aucun moyen de les rembourser.

Alors que Kong a déclaré qu’il n’était pas en mesure de rembourser sa dette malgré tous ses efforts, les créanciers interrogés par le China Post ont brossé un tableau différent.

« Tant que je suis insolvable, alors je suis un diable impardonnable. »

Un créancier a déclaré que la société était un simulacre dès le début, avec des dépenses fabriquées et des livres factices. Kong a répondu que la société avait opéré de manière transparente et ouverte.

Ironiquement, Kong est favorable à un système de crédit social plus complet, qui prend en compte des facteurs autres que le statut économique ou financier, tels que le volontariat ou le don de sang. « En ce moment, c’est comme une grande épée. Tant que je suis insolvable, alors je suis un diable impardonnable ».

Kong a déclaré qu’il travaillait dur sur sa propre « histoire de retour » :

«Je vais grincer des dents et tout tolérer. Un jour où je serai enfin libéré de toutes mes dettes, j’espère que les gens me diront : ‘Ce mec n’est pas méchant après tout’. »

Bien entendu, ses créanciers attendent aussi ce jour.

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Un système qui sera opérationnel d’ici 2020

Prévu pour être pleinement opérationnel d’ici 2020, le système chinois de crédit social n’est pas conçu que pour surveiller, mais surtout pour contrôler et contraindre. « En quoi consiste-t-il concrètement ? », pourrait-on se demander. Eh bien, ce système consiste à attribuer à chaque individu et chaque entreprise une note de confiance. « Cela permettra aux personnes de confiance de circuler librement sous le ciel tout en entravant les personnes qui ne sont pas dignes de confiance dans leurs déplacements », explique le Parti communiste chinois.

Pour atteindre cet objectif, le système tirera profit du plein potentiel de l’infrastructure technologique chinoise, soit quelque 200 millions de caméras croisées à des systèmes de reconnaissance faciale et à des dossiers financiers, médicaux et juridiques. Des réseaux d’intelligence artificielle avancée auront la lourde charge de réglementer et d’interpréter les données issues de ce croisement à grande échelle.

Le fonctionnement du système est assez simple. Comportez-vous bien, et vous serez récompensés. Comportez-vous mal, et vous serez punis. Par exemple, si un citoyen paie ses factures à temps, fait du bénévolat ou gère correctement son recyclage, il verra son score grimper et obtiendra des récompenses telles que des prix de transport public ou même des temps d’attente dans les hôpitaux revus à la baisse. En revanche, s’il enfreint les règles, il sera immédiatement puni. Le score chute à chaque infraction, induisant pour l’individu en faute des punitions pouvant aller des pénalités financières à des restrictions de voyage.

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Sources : Developpez.com par Stéphane le calmeInkstone


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