“Petit Pied” représente-t-elle une nouvelle espèce ancêtre des humains ?


L‘un des fossiles les plus connus en paléontologie, un squelette pratiquement complet surnommé “Little Foot” (Petit Pied), pourrait en fait représenter une espèce entièrement nouvelle des premiers humains, ont annoncé des scientifiques.

Le fossile a été découvert pour la première fois il y a plus de 20 ans, et après des décennies de recherche minutieuses, une analyse de l’âge, du crâne et des membres a finalement été publiée.

Bien que les résultats n’aient pas encore fait l’objet d’une évaluation par les pairs, une série de 4 études en prépublication (liens plus bas) suggère que Little Foot pourrait être une espèce d’Australopithèque que nous n’avons jamais vue auparavant.

Le 29 novembre, l’équipe de Clarke a envoyé deux études sur Little Foot au serveur de prépublication bioRxiv, une sur l’âge du spécimen, l’autre sur les membres et sa locomotion. Le 4 décembre, les chercheurs en ont posté une troisième, sur le crâne et sur la relation potentielle avec une espèce d’hominidés connue. L’équipe a publié un quatrième article, portant cette fois sur les bras et une blessure subie par Little Foot au cours de sa vie, le 5 décembre.

En fait, les auteurs pensent que ce fossile pourrait représenter l’un des premiers signes d’une marche semblable à celle de l’homme, un tremplin important dans notre cheminement des arbres à la terre ferme.

Les australopithèques sont un groupe d’humains disparus qui ont existé il y a environ 2 à 4 millions d’années, dont le célèbre fossile “Lucy”, qui appartient à l’espèce Australopithecus afarensis.

Découvert dans le berceau de l’humanité en Afrique du Sud, Little Foot est le fossile d’Australopithèque le plus complet jamais trouvé (90% du squelette). Mais ce n’est pas la seule chose qui rend Little Foot si unique.

Ronald Clarke, le paléoanthropologue qui a découvert ce fossile pour la première fois, est convaincu depuis plus d’une décennie que Little Foot est une espèce distincte et non une partie de l’A. africanus, comme on le proposait initialement. Il a mis son intuition à l’épreuve. La nouvelle analyse révèle que ce squelette est le plus ancien fossile d’Australopithèque jamais trouvé, un million d’années plus vieux qu’on ne le pensait, âgé de 3,76 millions d’années.

Il s’agissait d’une vieille femme mesurant environ 130 centimètres. Contrairement à l’A. africanus, son visage semble plus plat avec des dents plus grandes et un grand espace entre ses canines supérieures et ses incisives. Cela suggère que Little Foot était principalement végétarienne, alors que l’A. africanus était considéré comme plus omnivore. Ses membres offrent quelques indices plus intrigants. Par exemple, l’articulation de la hanche de Little Foot s’est avérée très différente de celle de l’A. africanus.

Petit Pied

Le crâne fossilisé de Little foot. (Ronald Clarke et coll./ bioRxiv)

En fin de compte, les 4 études ont convaincu Clarke et son équipe que Little Foot n’appartient pas à l’A. africanus, ni à aucune autre espèce d’Australopithèques d’ailleurs. Au contraire, ils soutiennent qu’il s’agit d’une espèce intermédiaire, coincée quelque part entre les australopithécinés précoces, comme l’Australopithecus afarensis, et le premier Paranthropus, un hominidé issu des Australopithecinés qui a coexisté pendant environ 1 000 000 ans avec d’anciennes espèces d’hominidés.

Situé à cet emplacement particulier dans la lignée humaine, Little Foot est un pont important entre la grimpe aux arbres et la marche bipède. Dans l’étude, les jambes de Little Foot étaient plus longues que ses bras, ce qui implique qu’elle pouvait marcher sur deux pieds sur des distances moyennes à longues. Avec son âge, cela suggère également que Little Foot a peut-être été l’une des premières Australopithecinées à commencer à marcher comme les humains modernes.

Cependant, elle aurait conservé quelques traits des chimpanzés. Son anatomie suggère, par exemple, qu’elle aurait eu du mal à porter des objets alors qu’elle marchait sur ses deux pieds, ce qui pose également des problèmes aux chimpanzés. Et, en plus de marcher, elle était aussi tout à fait adaptée à l’escalade dans les arbres. Cela suggère qu’à mesure que Little Foot parcourait un éventail de terrains, dans la forêt tropicale humide, les bois et les prairies, elle aurait été à l’aise soit à pied, soit à l’escalade.

Au lieu de trouver un tout nouveau nom pour cette espèce distincte, Clarke est en faveur de la désignation de Little Foot comme Australopithecus prometheus, un nom qui a été proposé en 1948 mais qui n’est plus d’actualité depuis.

Le Guru vous rappelle, une fois de plus, que rien de tout cela n’a encore été publié dans une publication revue par les pairs et tant que ces études n’auront pas été examinées par d’autres experts dans le domaine, nous devrons prendre les résultats avec des pincettes. Déjà, tout le monde n’est pas d’accord. Une équipe de scientifiques de l’université du Wisconsin-Madison (États-Unis), qui fait également des recherches sur Little Foot, n’est pas convaincue par ces études. John Hawks, un paléoanthropologue de cette équipe, pense personnellement que Clarke saute sur l’occasion. Il dit que même si Little Foot peut très bien appartenir à une nouvelle espèce, pour le moment, nous n’avons tout simplement pas assez d’information pour en arriver à cette conclusion. Heureusement, d’autres recherches sont en cours. Hawks et son équipe publieront d’autres résultats au début de la semaine prochaine. Et Clarke et son équipe n’ont pas fini non plus. Ils travaillent encore à des études sur les mains, les dents et l’oreille interne de Little Foot, qui devraient être publiées dans un proche avenir.

Peut-être que d’ici là, les résultats se seront éclaircis.

Les quatre étude publiées dans bioRxiv :

… et présentées dans Nature : ‘Little Foot’ hominin emerges from stone after millions of years.

Source : GuruMeditation


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