La moitié de la vie sur Terre a disparu depuis le début de la civilisation humaine


Les humains ne représentent que 0,01 % des êtres vivants sur Terre. La quantité de biomasse terrestre a pourtant diminué de moitié depuis le début de la civilisation humaine, selon une récente méta-analyse.

La biomasse est la matière organique d’origine végétale (microalgues incluses), animale, bactérienne ou fongique (champignons) : la matière vivante, donc. Où se place l’Homme, au milieu de tous les êtres vivants de cette planète ? Il semblerait que nous ne représentions que 0,01 % des formes de vie sur la Terre, selon une étude publiée dans la revue des Actes de l’Académie nationale des sciences, qui conclut que la biomasse totale sur Terre est de 550 gigatonnes de carbone (Gt C). À titre de comparaison, l’eau d’un lac relativement petit comme le lac Érié situé en Amérique du Nord a à peu près la même masse.

Ce chiffre global cache beaucoup de surprises. Pour commencer, les biologistes ont tendance à penser que la majeure partie de la biomasse sur la planète est constituée de bactéries. « Nous trouvons ici qu’il s’agit – de loin – des plantes », note Ron Milo de l’Institut Weizmann des Sciences en Israël, principal auteur de cette méta-analyse. Les plantes terrestres représentent en effet à elles seules 80 % du total. Rappelons qu’une étude publiée en 2017 dans Nature avait révélé que la biomasse totale des plantes terrestres avait diminué de moitié depuis le début de la civilisation humaine.

moitié de la vie

Le déclin de la biomasse des plantes terrestres est en partie dû à la déforestation et à la gestion des pâturages. « Les humains, en utilisant les terres, ont réduit de moitié les stocks mondiaux de biomasse », poursuit le chercheur. Mais cette baisse n’est pas le seul impact considérable que les humains ont eu sur la planète. La biomasse des oiseaux domestiques – principalement des poulets – est maintenant 30 fois supérieure à la biomasse de tous les oiseaux sauvages réunis. Qui plus est, la biomasse totale de l’homme est de 0,06 Gt C. C’est bien plus que les 0,007 Gt C de tous les mammifères sauvages du monde. La biomasse des mammifères terrestres sauvages est en effet passée de 0,02 à 0,003 Gt C, tandis que celle des mammifères marins comme les baleines est passée de 0,02 à 0,004 Gt C.

Après les plantes terrestres, les bactéries constituent le deuxième plus grand groupe en termes de biomasse, représentant 70 Gt C : 13 % du total. Cependant, 90 % de ces bactéries vivent profondément sous la surface de la Terre. Viennent ensuite les champignons, suivis par les archées – des cellules simples semblables à des bactéries – et les protistes, des organismes unicellulaires plus complexes comme l’amibe. Tous les animaux du monde ne représentent que 2 Gt C, bien moins de 1 % du total.

Une autre grande surprise, note le chercheur, est qu’il y a 50 fois plus de biomasse sur terre que dans les océans. La biomasse terrestre est d’environ 470 Gt C, comparée à 70 Gt de biomasse dans le sous-sol profond, et à 6 Gt C dans tous les océans.

De cette manière, l’Humanité se révèle à la fois aussi insignifiante que totalement dominante dans le grand schéma de la vie sur Terre : les 7,6 milliards de personnes dans le monde ne représentent que 0,01 % de tous les êtres vivants. Et pourtant, depuis l’aube de la civilisation, l’Humanité a causé la perte de 83 % de tous les mammifères sauvages et de la moitié des plantes. L’étude précise aussi que 60 % de tous les mammifères sur Terre sont des animaux d’élevage, principalement des bovins et des porcs.

« C’est vraiment frappant, notre place disproportionnée sur Terre », conclut le chercheur. « Quand je fais un puzzle avec mes filles, il y a généralement un éléphant à côté d’une girafe à côté d’un rhinocéros. Mais si j’essayais de leur donner un sens plus réaliste du monde, dit-il, je leur indiquerais une vache à côté d’une vache à côté d’une vache, à côté d’un poulet ».

Source : SciencePost


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