« Paradoxe de l’exercice » : si vous avez la flemme de bouger, c’est la faute de votre cerveau


La prochaine fois que vous préférerez être inactif, vous pourrez blâmer votre cerveau. Une étude menée par des neuropsychologues constate que le système nerveux est responsable de notre préférence pour la sédentarité.

Vous aviez prévu de faire du sport / vos courses / de repeindre les murs de votre salon aujourd’hui, mais vous êtes toujours affalé au fond de votre canapé ? Ce n’est pas (tout à fait) de votre faute. Une étude assure que notre tendance à la procrastination trouve son explication dans notre système nerveux : vous allez pouvoir blâmer votre cerveau pour toutes ces tâches que vous n’avez pas accomplies.

Ce travail de recherche, à paraître dans le numéro d’octobre 2018 de la revue scientifique Neuropsychologia, est déjà consultable en ligne. Un groupe de chercheurs internationaux (Suisse, Royaume-Uni, France, Belgique et Canada) a cherché a percer le « paradoxe de l’exercice », comme l’explique un communiqué publié par l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) le 28 septembre : c’est lui qui pousse notre cerveau à ne rien faire, même si nous savons que ce n’est pas le meilleur choix.

Notre cerveau préfère la sédentarité

« Notre cerveau est naturellement attiré par les comportements sédentaires », avance cette étude. Les scientifiques savaient déjà que les humains sont prompts à éviter l’inactivité et à entamer une activité physique (et pas l’inverse). Paradoxalement, notre tendance à la sédentarité vient de là. Lorsque nous cherchons à éviter d’être inactifs, cela a un coût pour notre cerveau : « une implication accrue des ressources cérébrales », selon le chercheur Mathieu Boisgontier qui a co-signé l’étude.

« Pourquoi les individus échouent-ils à faire régulièrement de l’exercice bien qu’ils connaissent les risques associés à l’inactivité physique ? », s’interrogent les spécialistes. Pour répondre à cette question, ils ont montré à des volontaires plusieurs dessins représentant des activités physiques (faire du vélo, monter un escalier, nager, courir) et d’autres des scènes d’inactivité (dormir, s’étendre sur un canapé, regarder la télévision).

Lorsque ces images apparaissaient sur un écran d’ordinateur, les individus devaient déplacer un avatar en appuyant sur les touches du clavier : leur objectif était de le déplacer le plus rapidement possible sur les images représentant des scènes d’activités, et de l’éloigner lorsqu’une scène d’inactivité physique s’affichait. Pendant ce temps, des électrodes posées sur leurs têtes ont mesuré l’activité de leur cerveau grâce à la technique de l’électroencéphalographie.

Paradoxe de l’exercice

Les images présentées aux volontaires de cette étude. // Source : The University of British Columbia

En fonction des images présentées, l’activité cérébrale des personnes s’est révélée différente. Les participants ont déplacé leur avatar plus rapidement lorsqu’ils devaient se rapprocher des dessins représentant une activité et s’éloigner de celles montrant une inactivité. Ces actions, effectuées plus rapidement, se sont traduites dans le tracé de l’électroencéphalogramme. Le cerveau des participants a été davantage sollicité dans ces situations, en particulier la seconde.

« EN DÉPIT DE NOS MEILLEURES INTENTIONS, NOUS DEVENONS INACTIFS »

Ces observations traduisent le paradoxe de l’exercice observé par les chercheurs : « Depuis des décennies, la société encourage les gens à être plus actifs physiquement, pourtant les statistiques montre qu’en dépit de nos meilleures intentions, nous devenons en fait moins actifs », résume l’UBC dans son communiqué.

Notre propre tendance à la procrastination est donc directement liée à celle de notre cerveau, qui évite de devoir faire des efforts supplémentaires pour nous rendre actifs, surtout lorsque nous sommes en train de procrastiner.

Source : Numerama par Nelly Lesage


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