Un manuscrit de Galilée datant de 1609 s’avère être l’œuvre d’un célèbre faussaire du XXe siècle


La contrefaçon était excellente, à un petit détail près.

Pour une contrefaçon, ce n’est pas mal. Crédit photo : Bibliothèque de l’Université du Michigan – CC BY 4.0

Depuis 1938, la bibliothèque de l’université du Michigan expose fièrement ce qu’elle pensait être un manuscrit de 1609, écrit par Galileo Galilei lui-même. Malheureusement, à la suite d’une enquête menée par un professeur d’histoire de la Georgia State University, le manuscrit s’avère être un impressionnant faux, créé des centaines d’années après la mort de Galilée.

Le document d’une page contenait le brouillon d’une lettre destinée à accompagner la présentation par Galilée d’un télescope récemment construit en 1609. Au bas du document, beaucoup plus important s’il n’était pas falsifié (ce qui est le cas), se trouvaient des notes et des croquis, que l’on pense être des observations de Galilée sur les lunes de Jupiter, du 7 au 15 janvier 1610.

Le manuscrit a été vu pour la première fois par le grand public en mai 1934, après que les biens d’un collectionneur récemment décédé – Roderick Terry – aient été vendus aux enchères. Un autre collectionneur – Tracy McGregor – a acheté le manuscrit, avant de le léguer à l’université du Michigan en 1938, après sa propre mort. Depuis lors, le manuscrit est un “joyau” de la collection de la bibliothèque, jusqu’à ce qu’un historien les informe de l’inauthenticité du manuscrit.

Au cours de ses investigations, Nick Wilding, un historien qui a attiré l’attention après avoir révélé une contrefaçon du livre Sidereus Nuncius de Galilée (1610), a posé à la bibliothèque un certain nombre de questions sur le manuscrit, notamment sur la datation du papier et son filigrane. À l’époque de la presse à bras, les fabricants de papier ajoutaient souvent des filigranes distincts à leur travail. Ces filigranes, dont le but premier était d’identifier le papier comme étant le leur, permettaient aux historiens de dater le papier et de déterminer son lieu de fabrication.

Le manuscrit – dont on sait maintenant qu’il s’agit d’un faux – contient le monogramme du fabricant du papier, “A.S.”, tandis que le lieu de production est marqué “BMO”, en référence à Bergame, en Italie. La marque “BMO” n’a jamais été vue sur du papier avant 1770, bien après la mort de Galilée, avant de devenir assez courante.

Une deuxième contrefaçon similaire a été trouvée à la Morgan Library and Museum de New York, qui a été datée de 1790. La copie de la bibliothèque du Michigan a été authentifiée par l’archevêque Maffi en 1930, après l’avoir comparée à deux autres documents de Galilée. Ces documents se sont avérés être également des faux, donnés par un faussaire notoire du 20e siècle, Tobia Nicotra.

“Wilding a conclu que notre manuscrit de Galilée est un faux du 20e siècle exécuté par le célèbre faussaire Tobia Nicotra”, a écrit la bibliothèque au sujet de l’enquête. “Après que nos propres experts aient étudié ses preuves les plus convaincantes – concernant le papier et la provenance – et réexaminé le manuscrit, nous avons accepté sa conclusion.”

Nicotra s’est forgé une excellente réputation de faussaire et a fait entrer plusieurs manuscrits falsifiés à la Bibliothèque du Congrès. Lors de son arrestation au début des années 1930, la police a trouvé en sa possession une série de faux autographes d’Abraham Lincoln, ainsi que d’autres de Christophe Colomb, Martin Luther, Michel-Ange et Léonard de Vinci.

“Nous sommes reconnaissants au professeur Wilding d’avoir partagé ses découvertes”, a déclaré la bibliothèque dans un communiqué. “Et nous travaillons maintenant à reconsidérer le rôle du manuscrit dans notre collection.”

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Source : IFLScience – Traduit par Anguille sous roche


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