Les îles Féroé auraient été peuplées par un mystérieux groupe d’humains avant l’arrivée des Vikings


Les îles Féroé, situées entre l’Islande, la Norvège et les îles britanniques, ont été un important point de départ pour l’exploration viking de l’Atlantique Nord.

Le lac bordant l’île d’Eysturoy dans lequel a été trouvé de l’ADN de mouton vieux de plusieurs siècles. (Raymond Bradley/ UMass Amherst)

Il est depuis longtemps admis, sur la base de preuves archéologiques, que les Scandinaves ont été les premiers à s’installer sur les îles, mais des doutes subsistent, plusieurs preuves indirectes suggérant qu’une population humaine existante était là pour accueillir les Vikings lorsque les premiers navires ont accosté.

Dans une nouvelle étude publiée cette semaine (lien plus bas), des chercheurs ont présenté la première preuve sans équivoque que les Vikings n’ont pas été les premiers à s’installer aux îles Féroé. Grâce à une combinaison de biomarqueurs fécaux et d’ancien ADN sédimentaire, ils ont pu dater la première implantation à 500 de notre ère, soit environ 300 ans avant que les Vikings n’adoptent la technologie de navigation qui leur a permis d’étendre leurs territoires à de vastes régions du nord de la planète.

L’auteur principal, Lorelei Curtin, de l’Observatoire de la Terre Lamont-Doherty, aux États-Unis, et ses collègues ont extrait des preuves de carottes de sédiments prélevées dans le bassin hydrographique d’Eiðisvatn, où se trouve un important site archéologique qui était autrefois une ferme d’été nordique appelée Argisbrekka. À partir de ces carottes, les chercheurs ont pu identifier la présence de molécules lipidiques, appelées biomarqueurs fécaux, qui proviennent des excréments.

Les biomarqueurs fécaux d’Argisbrekka portent la signature distincte d’une origine dans le tube digestif des moutons. Tous les mammifères des îles Féroé ont été introduits à l’origine par l’humain, de sorte que ces traces de crottes de mouton sont un indicateur clair de leur présence. En datant les sédiments dans lesquels ces marqueurs ont été trouvés, les chercheurs ont pu reculer la date d’arrivée du bétail de plusieurs siècles.

Des moutons féroïens semblables à ceux-ci ont laissé leur empreinte dans l’environnement il y a plus de 1 500 ans. (William D’Andrea/ Lamont-Doherty Earth Observatory)

Selon les chercheurs :

L’apparition initiale de l’ADN de mouton et l’augmentation des biomarqueurs fécaux précèdent d’environ 300 ans la première utilisation documentée du site d’Argisbrekka par les Nordiques.

L’équipe a pu corroborer la nouvelle date de colonisation en utilisant une technologie de séquençage de l’ADN de nouvelle génération, ce qui lui a permis de dresser un profil de l’ADN persistant dans les carottes de sédiments. En prélevant des échantillons à 11 profondeurs différentes, ils ont trouvé des concentrations croissantes d’ADN de mouton et d’herbe coïncidant avec une disparition des plantes ligneuses.

Alors que ce changement de végétation était autrefois attribué au changement climatique de la fin de l’Holocène, il apparaît aujourd’hui que le pâturage généralisé fut le principal moteur de la transition du paysage des zones arbustives aux prairies et aux tourbières des îles Féroé.

Cette nouvelle preuve valide les doutes qui ont longtemps entouré le récit de la colonisation nordique, qui reposait principalement sur la datation des structures archéologiques. Les plus anciennes structures des îles Féroé datent de 800 à 900 de notre ère, ce qui correspond à la période d’expansion généralisée des Scandinaves vers de nouveaux territoires en Islande, au Groenland et jusqu’en Amérique du Nord.

L’étude actuelle aborde la question avec une nouvelle méthodologie.

Toujours selon les chercheurs :

Alors que la nature des archives archéologiques les rend fragmentaires dans le temps, les archives sédimentaires fournissent des enregistrements continus de l’histoire environnementale d’un paysage.

Les résultats ont ouvert le débat sur les sources de preuves préexistantes qui ont toujours remis en question la chronologie établie.

De nombreux noms de lieux dans les Féroé dérivent de mots celtiques, et un certain nombre de marques de tombes celtiques ont été identifiées dans les îles. La preuve la plus convaincante réside peut-être dans la génétique des Féroïens modernes : il existe une forte asymétrie entre l’ascendance paternelle et maternelle, la lignée paternelle étant principalement scandinave, tandis que la lignée maternelle provient essentiellement des îles britanniques.

Bien que suggérant fortement l’existence d’une population, aucune de ces preuves n’est directement concluante.

Pour les chercheurs :

En 800 de notre ère, les Vikings étaient déjà actifs dans les îles britanniques. Ils étaient déjà influencés par la culture celtique et auraient pu amener des épouses des îles britanniques aux îles Féroé.

Mais les recherches actuelles établissant fermement l’existence de populations humaines sur les îles Féroé bien avant que les Vikings n’aient pris la mer, soit généralement entre 750 et 820 de notre ère, il semble désormais peu probable que ces premiers colons aient été nordiques.

Alors, qui étaient les premiers habitants ? Malheureusement, c’est toujours un mystère. Si les profils génétiques, les noms de lieux et les marques de tombes peuvent laisser penser à une population celte, les preuves directes de l’ADN sédimentaire ne permettent pas de l’affirmer.

Les premiers colons féroïens n’étaient pas nordiques, mais l’identité de ces premiers explorateurs de l’Atlantique Nord reste une question ouverte.

L’étude publiée dans la revue Communications Earth & Environment : Sedimentary DNA and molecular evidence for early human occupation of the Faroe Islands et présentée sur le site de la Columbia Climate Scool de l’Université Columbia : Humans Reached Remote North Atlantic Islands Centuries Earlier Than Thought.

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Source : GuruMeditation


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