« Je suis un mannequin et je sais que l’intelligence artificielle va bientôt prendre mon travail », a déclaré Sinead Bovell


D’autres domaines liés à la mode seraient également menacés.

Sinead Bovell

La menace de l’intelligence artificielle (IA) sur les emplois s’intensifie au fur et à mesure qu’elle se développe. Plusieurs études stipulent que des milliers d’emplois pourraient très bien disparaître au profit de l’IA avant la fin de cette décennie, et cela dans tous les domaines d’activité.

Sinead Bovell, mannequin, a déclaré que l’IA avance à une vitesse grand V et à cette allure, elle lui prendra son job dans très peu de temps. De même, d’autres domaines liés à la mode sont également concernés. À l’avenir, l’IA pourrait par exemple remplacer les influenceurs d’Instagram.

De nombreux progrès ont été faits dans le domaine de l’IA au cours de ces dernières années, que ce soit dans l’apprentissage automatique, les réseaux de neurones, l’apprentissage profond et d’autres techniques. Ainsi, des mannequins numériques à l’instar de Miquela Sousa et de Shudu, mis en place par des artistes et des informaticiens, de faux instagramers et de nombreux autres profils virtuels ont fait leur apparition. Ces derniers ne se sont pas contentés de faire partie du lot, mais ils suscitent l’admiration de millions de personnes à travers le monde qui les suivent.

Dans le cas particulier des mannequins virtuels, malgré le fait qu’ils soient des constructions numériques en 3D, ils ont réussi à pénétrer dans l’industrie de la mode sous tous les angles. Certains ont même été engagés par des agences de mannequins traditionnelles. C’est le cas par exemple de Miquela, un mannequin américain de 19 ans, influenceur et maintenant musicien, qui a accumulé plus de 2 millions d’abonnés sur Instagram. Elle a également collaboré avec les marques Prada et Givenchy, a été présentée dans une vidéo de Calvin Klein avec Bella Hadid, etc.

Selon Sinead Bovell, Miquela, comme Shudu, est une image générée par ordinateur (CGI), et non une IA pour l’instant. Toutefois, les choses ne devraient plus tarder à changer. Elle affirme avoir travaillé pour plusieurs entreprises comme le géant allemand du commerce électronique Zalando qui vient de publier des documents de recherche sur la façon de relier les deux mondes. Un point important est que les créateurs de ces modèles ne les conçoivent pas seulement comme des avatars, mais ils leur donnent aussi des histoires, des personnalités et des causes entières à défendre.

Cependant, si ces mannequins défendent des causes, ils ne font que répéter des phrases déjà prérédigées, ils n’ont pas une personnalité. Cela suscite des problèmes majeurs de transparence et d’authenticité, car les croyances et les opinions n’appartiennent pas réellement aux modèles numériques, mais à leurs créateurs. Il est fréquent de voir qu’ils n’arrivent pas réellement à s’identifier aux expériences et aux groupes auxquels ces modèles prétendent appartenir (c’est-à-dire les personnes de couleur, les LGBTQ, etc.). Alors ont-ils le droit de s’exprimer sur ces questions ?

À titre illustratif, le compte Instagram de Miquela Sousa a été piraté en 2018 au profit d’un autre mannequin virtuel Bermuda. Ensuite, celui-ci s’est affiché comme étant pro-Trump, pro-armes et anti-avortement. Mais en fin de compte, il s’est avéré qu’il ne s’agissait que d’un buzz, car les deux mannequins numériques ont été fabriqués par la même société. En outre, ces questions mises à part, Bovell a affirmé que les mannequins virtuels ont leurs avantages, dont certains sont difficiles à contester. Ces avantages se situent également à plusieurs niveaux.

Tout d’abord, les mannequins virtuels réduisent considérablement l’empreinte écologique associée aux séances de photos et à la mise sur le marché de vêtements. Elle a déclaré qu’il n’est pas rare qu’un mannequin photographie plus de 50 tenues en une seule journée pour une séance de commerce électronique, et beaucoup de ces échantillons finissent dans les décharges. L’utilisation de mannequins 3D permettrait d’éliminer tout cela. Selon son analyse, cela est possible, car une importante partie de la chaîne d’approvisionnement peut désormais se faire dans un ordinateur.

Ensuite, la rentabilité est également un autre de leurs avantages. Les mannequins numériques peuvent fonctionner sur plusieurs « tournages » en même temps, et ils nécessitent une équipe nettement plus réduite pour faire un tournage, seule la présence du créateur numérique est requise. Par ailleurs, Bovell estime que la raison la plus convaincante pour laquelle les modèles numériques pourraient devenir la norme est peut-être qu’ils sont le symbole ultime de l’individualité et de l’inclusion.

« Et si, chaque fois que vous faites des achats en ligne, vous pouviez vous voir dans les vêtements ? Littéralement. Si les algorithmes étaient alimentés avec suffisamment de données sur nous en tant qu’individus, ils pourraient générer un contenu nous présentant, chacun d’entre nous, comme des mannequins. Ou, de manière moins radicale, et si les algorithmes commençaient à apprendre sur quels mannequins virtuels nous avons le plus tendance à cliquer et à personnaliser numériquement les campagnes pour toujours inclure ces personnages ? », a-t-elle déclaré.

« Alors, qu’est-ce que tout cela signifie pour les mannequins vivants et respirants ? On peut dire sans risque de se tromper que nous devrons nous préparer à une main-d’œuvre changeante comme tout le monde. Nous devrons faire preuve de compétences telles que l’adaptabilité et l’intelligence créative pour nous assurer que nous aussi nous pourrons soutenir le passage au numérique », a-t-elle conclu.

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Sources : DeveloppezSinead Bovell


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