Si vous saviez ce que TikTok fait avec votre smartphone…

Auditionnés par le Sénat, les représentants de TikTok en France ont eu bien du mal à justifier les pratiques de l’entreprise qui n’hésite pas à fouiner partout dans votre smartphone.

• Des cadres de TikTok ont été auditionnée par la Commission d’enquête Influence du Sénat sur divers sujets éthiques et sécuritaires
• La plateforme demande un grand nombre d’autorisations pour fonctionner sur un smartphone
• TikTok a souvent esquivé les questions les plus sensibles

Auditionnée par la Commission d’enquête Influence du Sénat le 8 juin dernier, pour répondre à des questions éthiques et sécuritaires, des représentants de TikTok ont apporté des réponses parfois inquiétantes.

Durant cette audition, Éric Garandeau, directeur des affaires publiques de TikTok, et Marlène Masure, directrice générale des opérations France, Benelux et Europe du Sud ont défendu le réseau social sur divers sujets, de la politique à la protection de la vie privée des utilisateurs.

Pas de lien avec la Chine, vraiment ?

Un des moments forts de l’audition a été la défense de TikTok par Éric Garandeau sur l’absence de lien de l’entreprise avec le gouvernement chinois. Il a rappelé que TikTok est interdit en Chine continentale, et que la liberté d’expression, y compris politique, est totale sur le réseau social.

Le comité sénatorial a répondu en indiquant que TikTok n’est pas le seul réseau social interdit en Chine, tous les GAFAM le sont. Il a été souligné que Douyin, un clone de TikTok autorisé en Chine et appartenant à la même maison-mère, embarquerait le même algorithme et les mêmes pratiques. TikTok a réfuté ces accusations, insistant sur le fait que TikTok n’est pas Douyin.

TikTok sait à peu près tout ce qu’il y a dans votre smartphone

Le nombre conséquent d’autorisations demandées par TikTok pour fonctionner sur un smartphone a également été souligné comme un sujet de préoccupation. Les enquêteurs ont dénombré pas moins de 44 autorisations facultatives, incluant la géolocalisation, l’accès à l’agenda, ainsi que l’accès au presse-papier.

Ces demandes outrepassent largement celles d’un simple réseau social selon le comité sénatorial. Visiblement déstabilisée, Marlène Masure a demandé à formuler une réponse ultérieure par écrit, déclarant : « la notion de données perso est un sujet complexe ».

En attendant, l’organisation Exodus Privacy a relevé que TikTok nécessite 5 pisteurs obligatoires et 44 autorisations facultatives, dont certaines sont considérées comme potentiellement dangereuses. Seules 16 de ces autorisations figurent sur les conditions générales de la plateforme.

Malgré l’insistance de l’entreprise sur le fait que les utilisateurs peuvent télécharger leurs données à tout moment, cette pratique a été remise en question, notamment en raison de l’inaccessibilité des fichiers au format .JSON pour le grand public.

TikTok et l’art de l’esquive

L’attitude de TikTok lors de l’audition a été critiquée, les deux représentant de l’entreprise ayant esquivé les questions les plus embarrassantes, soit en promettant de « formuler leur réponse à l’écrit ultérieurement » soit en invoquant le secret des affaires. Sur des questions sensibles comme sa domiciliation fiscale en Irlande et aux îles Caïman, TikTok n’a fait aucun commentaire.

Les deux représentant auditionnés ont en revanche répété l’engagement de l’entreprise en matière de lutte contre la pédopornographie, et ont indiqué que TikTok poursuivrait sa collaboration avec les autorités sur les questions de protection des mineurs, et de régulation des métiers de l’influence, conformément au vote de la nouvelle loi votée récemment.

Depuis plusieurs mois, TikTok fait l’objet de plusieurs enquêtes en Europe mais aussi aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, l’entreprise, accusée de servir d’outil d’espionnage à la Chine, est même sérieusement menacée de bannissement au nom de la sécurité nationale.

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Source : Presse-citron