La technologie 5G risque de mettre en péril les prévisions météorologiques


Et la vie de nombreuses personnes, d’après le scientifique Dan Maloney.

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Grâce à des superordinateurs exécutant un logiciel de modélisation météorologique sophistiqué la précision des prévisions scientifiques a été améliorée progressivement au fil des décennies, au point qu’il est maintenant possible de prévoir les changements météorologiques jusqu’à une semaine à l’avance avec une marge d’erreur acceptable. L’un des exemples les plus concrets nous a été donné en octobre 2012, alors que l’ouragan Sandy s’abattait sur la côte Est des États-Unis. Les prévisions montraient que la tempête prendrait un virage tardif vers le nord-ouest et toucherait le territoire du New Jersey. Leur analyse a révélé que la tempête se poursuivait dans un grand arc et se dirigeait vers la côte dans le golfe du Maine. La disponibilité des données cinq jours avant l’arrivée de la tempête a donné aux autorités civiles le temps nécessaire pour se préparer et a probablement réduit le nombre de victimes causées par la « Tempête du siècle », qui est toujours la tempête la plus meurtrière de la saison 2012.

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Dan Maloney

Mais d’après le scientifique Dan Maloney, ces modèles sont tributaires des données brutes qui alimentent les logiciels de modélisation en amont. Ces données brutes proviennent pour la plupart des nombreux satellites qui surveillent la planète et détectent presque en temps réel les changements qui affectent les vents et la vapeur d’eau. Si l’on en croit les personnes chargées d’exploiter ces systèmes, la qualité de ces données est menacée par le déploiement de réseaux sans fil 5G : les scientifiques ne réagiraient-ils pas de manière excessive ? Afin de mieux cerner l’impact que pourrait avoir la nouvelle génération de technologie sans fil sur les prévisions météorologiques, il peut être utile de s’attarder sur certaines composantes à la base du fonctionnement des systèmes de modélisation météorologiques.

Notre climat est en grande partie le résultat de différences entre les masses d’air. La température, la pression et l’humidité, chacune déterminée en fonction des apports énergétiques de notre soleil, s’associent de manière complexe pour déterminer où et quand les nuages ​​se formeront et dans quelle direction se déplaceront les masses d’air. La détection à distance de ces différences est la clé pour prévoir avec exactitude la météo.

Les satellites qui surveillent notre météo sont des sortes de capteurs passifs qui mesurent l’énergie réfléchie ou émise par les objets situés en dessous d’eux. Ils recueillent des données sur l’humidité et la température — la pression étant toujours principalement mesurée par des capteurs de surface et des radiosondes — en observant la planète suivant différentes longueurs d’onde. Il est relativement aisé de déterminer les valeurs de la température, contrairement à la vapeur d’eau : c’est là que les micro-ondes entrent en jeu et que les prévisions météo risquent d’être entravées par le déploiement de la 5G.

Les plantes, le sol, les eaux de surface ou les gaz de l’atmosphère absorbent et, dans une moindre mesure, émettent des radiations micro-ondes. La mesure de ces signaux depuis l’espace est l’affaire des satellites équipés de radiomètres à hyperfréquences. En examinant les signaux reçus à différentes longueurs d’onde et en ajoutant des informations sur la polarisation du signal, la radiométrie hyperfréquence peut nous renseigner sur ce qui se passe dans une colonne verticale de l’atmosphère.

Malheureusement, les signaux émis par vapeur d’eau (23,8 GHz) et la largeur de bande requise pour la 5G (24 GHz) sont très proches, ce qui fait craindre bon nombre d’interférences. Les radiomètres à hyperfréquences étant des récepteurs passifs, ils verront à peu près tout ce qui émet des signaux à hyperfréquences dans cette plage, comme les milliers de sites qui seront nécessaires pour prendre en charge le déploiement complet de la 5G. Perdre des signaux faibles, mais fiables, de la vapeur d’eau dans une mer de bruits 5G est le problème essentiel auquel devront faire face les météorologiques et c’est un problème qu’ils ont déjà rencontré auparavant. La perte d’une donnée dans un puzzle aussi complexe que la prévision météorologique peut-elle réellement avoir un impact dramatique sur la modélisation ?

Lors de la réunion annuelle de l’American Meteorological Society en 2019, Sidharth Misra, ingénieur de recherche au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, a présenté des données qui montrent que les activités des entreprises commerciales peuvent avoir des conséquences imprévues. Entre 2004 et 2007, les radiomètres à hyperfréquences des satellites ont détecté une augmentation du bruit dans un arc curieux qui parcourait le sommet des États-Unis d’est en ouest. Un autre satellite a détecté un signal similaire, auquel ont été ajoutés d’énormes signaux renvoyés par les eaux situées au large des côtes Atlantique et Pacifique des USA et par les eaux des Grands Lacs. Les signaux correspondaient à des réflexions émanant des satellites géostationnaires de télédiffusion qui rebondissaient à la surface et submergeaient les signaux de vapeur d’eau que les satellites météo tentaient de mesurer.

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Et la 5G dans tout ça, où en sommes-nous ?

La vente aux enchères des licences pour le Upper Microwave Flexible Use Service (UMFUS) conduite aux États-Unis par la FCC offre près de 3000 licences dans la bande des 24 GHz. Cette vente a débuté le 14 mars 2019, malgré une lettre de l’administrateur de la NASA Jim Bridenstine et du secrétaire au Commerce Wilbur Ross qui demandaient son report. Le président de FCC, Ajit Pai, celui-là même qui a soutenu le démantèlement de la loi sur la neutralité du réseau instituée sous l’ère Obama, a rejeté leur demande, affirmant qu’il n’y avait « aucune base technique à l’objection ».

Le déploiement de la 5G aura-t-il un impact négatif sur les prévisions météorologiques ? Ce n’est pas clair. Les titulaires de licence sont tenus de limiter les émissions hors bande, mais compte tenu du grand nombre de sites 5G nécessaires pour couvrir les zones de service prévues et de la fréquence critique de la vapeur d’eau (23,8 GHz) qui est si proche de la bande UMFUS, la marge d’erreur est très faible. Une fois que la 5G aura pointé le bout de son nez, il sera probablement difficile de protéger cette tranche cruciale du spectre des micro-ondes.

L’enchère UMFUS se poursuit à un rythme soutenu et a déjà permis de réunir près de 2 milliards de dollars. Les entreprises technologiques qui sont prêtes à dépenser autant feront certainement tout ce qu’il faut pour amortir leur investissement et, en fin de compte, des vies pourraient être mises en danger au nom de la 5G.

Lire aussi : Bruxelles devient la première grande ville à arrêter la 5G en raison de ses effets sur la santé, pour l’instant

Sources : Developpez.com par Christian OlivierHackaday


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