L’UE veut analyser tous les messages de chat, sous prétexte de lutter contre la maltraitance des enfants


Les plateformes seraient obligées d’analyser les conversations, même celles qui sont censées être chiffrées de bout en bout.

La Commission européenne, le bras exécutif de l’Union européenne, a proposé une obligation de détection pour les fournisseurs de messagerie afin de lutter contre la diffusion de matériel pédopornographique (CSAM).

La proposition stipule que, à la demande d’une agence gouvernementale, “les fournisseurs de services d’hébergement et les fournisseurs de services de communication interpersonnelle qui ont reçu un ordre de détection l’exécutent en installant et en exploitant des technologies permettant de détecter” le CSAM.

Nous avons obtenu une copie de la proposition pour vous ici.

Le document précise en outre que les entreprises doivent utiliser une technologie de détection de CSAM qui soit fiable, efficace et à la pointe de la technologie. La technologie doit également être “la moins intrusive” car elle n’est pas censée “pouvoir extraire des communications pertinentes d’autres informations que celles strictement nécessaires à la détection”.

La proposition soulève des inquiétudes quant à l’avenir du cryptage de bout en bout. Elle n’encourage ni ne décourage aucune technologie, y compris le cryptage de bout en bout, à condition que les exigences de la loi soient respectées.

La proposition reconnaît l’importance du cryptage de bout en bout pour garantir “la sécurité et la confidentialité des communications des utilisateurs, y compris celles des enfants”. Elle continue d’insister sur le fait que “les fournisseurs devraient prendre toutes les mesures de sauvegarde disponibles pour s’assurer que les technologies qu’ils emploient ne peuvent pas être utilisées par eux ou par leurs employés à des fins autres que” le signalement des CSAM.

La proposition exige également que les entreprises technologiques procèdent à des évaluations des risques et prennent des “mesures raisonnables d’atténuation” de ces risques de manière ciblée et proportionnée.

La proposition fait de la sécurité des enfants la priorité absolue sur tous les autres droits.

“La proposition tient compte du fait que dans toutes les actions relatives aux enfants, qu’elles soient prises par les autorités publiques ou les institutions privées, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale”, peut-on lire dans la proposition.

Elle ajoute que, “bien que d’une grande importance, aucun [des droits fondamentaux au respect de la vie privée, à la protection des données à caractère personnel et à la liberté d’expression et d’information] n’est absolu, et ils doivent être considérés en fonction de leur fonction dans la société”.

La proposition a été critiquée par les défenseurs de la vie privée.

“Ce document est la chose la plus terrifiante que j’ai jamais vue”, a déclaré Matthew Green, professeur de cryptographie. “Il décrit les machines de surveillance de masse les plus sophistiquées jamais déployées en dehors de la Chine et de l’URSS. Ce n’est pas une exagération.”

Lire aussi : Le projet d’Apple de scanner les photos et messages privés des utilisateurs est qualifié de « surveillance de masse pour le monde entier »

Source : Reclaim The Net – Traduit par Anguille sous roche


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