La BCE fait appel à Amazon et à quatre autres sociétés pour développer des interfaces utilisateur potentielles pour l’euro numérique


Chaque société se penchera sur un cas d’utilisation spécifique.

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé vendredi qu’elle avait choisi la société technologique Amazon, la fintech Nexi, la banque numérique espagnole CaixaBank, la plateforme de paiement française Worldline et l’Initiative européenne pour les paiements, ou EPI, pour se concentrer chacune sur le développement d’un prototype d’interface utilisateur basé sur des cas d’utilisation spécifiques de l’euro numérique. La BCE a néanmoins précisé que ces prototypes d’interfaces utilisateur ne seront pas réutilisés dans les phases ultérieures du projet de monnaie numérique.

Comme l’explique la BCE elle-même, l’euro numérique serait comme les billets de banque en euros, mais numérique. Il s’agirait d’une forme de monnaie électronique, émise par l’Eurosystème (la BCE et les banques centrales nationales de la zone euro), et qui serait accessible à tous les citoyens et entreprises. L’euro numérique ne remplacerait pas les espèces, mais les compléterait. L’euro numérique donnerait aux gens un choix supplémentaire sur la manière de payer et faciliterait cette tâche, contribuant ainsi à l’accessibilité et à l’inclusion. L’UE prévoit d’achever la phase d’investigation de son projet d’euro numérique à l’automne 2023.

Le vendredi 16 septembre 2022, la BCE a annoncé qu’elle va commencer le prototypage et pour l’occasion, elle travaillera avec cinq entreprises technologiques qui développeront chacune une interface utilisateur potentielle pour l’euro numérique. L’espagnole CaixaBank, française Worldline SA, italienne Nexi S.p.A., EPI, un consortium de banques et d’acquéreurs tiers, et le géant américain du commerce électronique Amazon sont les entreprises ciblées par la BCE. Elle a indiqué dans son communiqué que ces cinq sociétés ont été choisies parmi 54 fournisseurs de services frontaux qui ont soumis leur candidature en avril.

« L’objectif de cet exercice de prototypage est de tester le degré d’intégration de la technologie sous-jacente à l’euro numérique avec les prototypes développés par les entreprises », a précisé l’institution basée à Francfort. Chaque entreprise se concentrant sur une utilisation numérique spécifique de la monnaie de la zone euro. Le partage des tâches par la BCE se présente comme suit :

  • CaixaBank : paiements en ligne de pair à pair ;
  • Worldline : paiements hors ligne de pair à pair ;
  • EPI : paiements au point de vente initiés par le payeur ;
  • Nexi : paiements au point de vente initiés par le bénéficiaire ;
  • Amazon : paiements pour le commerce électronique.

La BCE sera probablement l’une des premières banques centrales des économies avancées à émettre une forme numérique de sa monnaie, les responsables prévoyant un lancement officiel possible au milieu de cette décennie. La BCE se trouve actuellement dans la “phase d’investigation” de deux ans du projet d’euro numérique et n’a pris aucune décision formelle quant au lancement d’un euro numérique. Bien que ces sociétés privées travaillent sur différents cas d’utilisation et intégrations pour l’euro numérique, la Banque centrale européenne est la seule responsable du développement du code et de l’infrastructure de l’euro numérique.

En outre, la BCE a précisé que les prototypes créés par ces cinq entreprises privées serviront uniquement à tester la fonctionnalité de l’euro numérique et ne seront pas réutilisés dans les phases ultérieures du projet. Roberto Catanzaro, directeur de la stratégie et de la transformation de Nexi Group et membre du groupe consultatif sur le marché de l’euro numérique, a déclaré dans un communiqué de l’entreprise que Nexi Group est fier que sa plateforme de paiement contribue au développement de l’euro numérique. L’espagnole CaixaBank s’est également félicitée sur Twitter de participer au développement de l’euro économique.

La BCE évalue également les risques liés au lancement de l’euro numérique. Selon certaines sources, la BCE craint que le lancement de l’euro numérique ne provoque une “fuite des dépôts dans les banques commerciales”, raison pour laquelle elle travaille avec plusieurs fournisseurs de paiement de premier plan pour analyser les risques et les opportunités associés au lancement de la CBDC pour les particuliers et les entreprises. Il convient également de mentionner que les préoccupations de la BCE s’accompagnent du profond krach économique qu’a connu la Banco Popular espagnole en 2017.

Lors de cet événement, plusieurs entreprises et entités publiques ont retiré leurs fonds en moins de deux mois, faisant perdre tout leur argent à plus de 300 000 actionnaires mineurs. En outre, les responsables de la BCE ont récemment déclaré, lors d’un événement organisé par le Comité économique et social européen, que l’euro numérique sera destiné au commerce de détail, de sorte que son utilisation sera limitée à des types spécifiques de personnes, empêchant les entreprises de l’utiliser pour régler des factures ou pour effectuer des transactions sur des plateformes décentralisées.

Enfin, la BCE a déclaré que l’euro numérique serait sans risque et respecterait la vie privée et la protection des données. Mais tout le monde n’est pas convaincu. Selon des critiques, les monnaies numériques de banques centrales sont une initiative effrayante, car chaque instance de la monnaie a un identifiant, de sorte que le gouvernement pourrait suivre et contrôler la façon dont elles sont dépensées. Certains voient une valeur intrinsèque dans la vie privée ; d’autres craignent que la monnaie numérique ne soit détournée à des fins de discrimination des prix ou d’abus de surveillance.

Selon eux, l’exploitation des données de transaction sensibles associées à la monnaie numérique aurait un effet paralysant sur la liberté individuelle et la vie publique. Ainsi, lorsqu’elle décidera d’introduire un euro numérique, la BCE devra examiner des considérations juridiques, telles que la base juridique de l’émission d’un euro numérique, la question de savoir si un euro numérique peut avoir cours légal, les questions de droit privé, le risque cybernétique, l’application des règles de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, ainsi que les aspects liés à la protection de la vie privée et des données.

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Sources : DeveloppezLa Banque centrale européenne, Nexi Group (PDF), CaixaBank


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