Les produits à base de cannabis pourraient réellement avoir un effet antidépresseur, selon une petite étude

Pour les troubles de la santé mentale comme l’anxiété et la dépression, il est extrêmement important de disposer de nombreuses options de traitement.

Si les antidépresseurs et les anxiolytiques ont littéralement sauvé la vie de nombreuses personnes au cours des XXe et XXIe siècles, pour un plus petit nombre, les traitements ne sont pas toujours efficaces ou peuvent entraîner des effets secondaires importants.

C’est pourquoi “un nombre croissant de personnes souffrant d’anxiété et/ou de dépression essaient des produits à base de cannabis pour gérer leurs symptômes”, explique une nouvelle étude dirigée par Erin Martin, neuroscientifique à l’Université médicale de Caroline du Sud.

Les résultats des études passées sur le cannabis et la dépression ont été mitigés. Par exemple, en 2019, nous avons fait état d’une étude qui établissait un lien entre la consommation de marijuana chez les adolescents et la dépression chez les adultes. Cependant, certains composants isolés ou synthétiques du cannabis ont montré une réduction à court terme de l’anxiété. Et bien que des études cliniques n’aient pas encore été réalisées sur les effets de ces produits chimiques sur la dépression, les études sur les souris ont été prometteuses.

Cette dernière étude a porté sur 368 consommateurs de cannabis et 170 témoins qui n’en consommaient pas, et leur a demandé de répondre à une enquête en ligne contenant des détails sur leur anxiété et leur dépression, leur sommeil, leur qualité de vie, leurs problèmes de douleur chronique et leur consommation de cannabis.

Les chercheurs ont utilisé l’échelle d’anxiété et de dépression de l’hôpital (HADS) pour analyser les expériences des participants. Sur l’échelle HADS, un score supérieur à huit indique une préoccupation clinique, mais le score peut aller jusqu’à 21.

Les personnes qui prenaient des produits à base de cannabis présentaient des niveaux plus faibles de dépression, mais pas d’anxiété. Une plus grande proportion de ceux qui ont pris du cannabis ont également obtenu un score inférieur à 8 sur l’échelle HADS par rapport aux témoins. Les consommateurs de cannabis ont également déclaré avoir mieux dormi au cours du mois précédent que les témoins, et ont évalué leur qualité de vie à un niveau plus élevé.

De plus, lorsqu’un petit nombre de non-consommateurs ont pris du cannabis lors d’un suivi, l’anxiété a également diminué chez ces participants.

“Bien que nous n’ayons observé aucun effet de la consommation de cannabis médicinal sur l’anxiété au départ”, écrit l’équipe dans son nouvel article, “les participants qui ont commencé à consommer du cannabis pendant la période de suivi ont signalé une réduction significative de l’anxiété qui ne s’est pas reflétée chez les non-initiateurs.”

Les chercheurs ont également constaté que l’effet était le plus fort parmi ceux qui utilisaient des produits contenant de grandes quantités de cannabidiol (CBD), par opposition au tétrahydrocannabinol (THC), et qu’il n’était pas affecté par ceux qui prenaient également des antidépresseurs “traditionnels”.

(Martin et al., Frontiers of Psychiatry, 2021)
Le score HADS pour les consommateurs de cannabis et les témoins, et la différence en pourcentage des scores HADS groupés.

Cependant, ces données ne constituent en aucun cas une recommandation d’abandonner les médicaments et de se tourner vers le cannabis pour améliorer instantanément la qualité de vie, ou pour combattre l’anxiété et la dépression.

Comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessus, les résultats sont encore assez faibles. De plus, l’étude comporte quelques limites. Pour commencer, corrélation n’est pas synonyme de causalité. Il s’agissait d’une étude d’observation, nous ne pouvons donc pas dire si l’utilisation de produits à base de cannabis a réellement réduit les scores de dépression.

Comme il s’agissait d’un questionnaire auto-rapporté, il est plus difficile de démêler les effets exacts qui peuvent être en jeu.

“Il est possible qu’une partie de l’amélioration des symptômes signalée par les utilisateurs de cannabis médicinal puisse être attribuée à un effet d’attente, surtout si l’on considère les faibles doses quotidiennes de CBD signalées par les participants par rapport à celles utilisées dans les études cliniques précédentes”, écrit l’équipe.

“De même, les témoins étaient des personnes qui envisageaient d’utiliser du cannabis médicinal pour traiter leur maladie. Par conséquent, il n’est pas non plus surprenant que les personnes qui pensaient que le cannabis médicinal pouvait aider leur maladie suffisamment pour commencer à l’utiliser percevraient un avantage substantiel.”

Mais malgré tout, des résultats positifs comme celui-ci méritent d’être étudiés plus avant, en particulier s’ils peuvent aider ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas prendre d’antidépresseurs.

Au fur et à mesure que l’utilisation médicinale et récréative des produits à base de CBD se développe dans de nombreux pays, des recherches de ce type sont susceptibles de s’accélérer également.

La recherche a été publiée dans Frontiers in Psychiatry.

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Source : ScienceAlert – Traduit par Anguille sous roche