Une ancienne base nucléaire américaine bientôt dévoilée par la fonte des glaces


Durant plusieurs décennies, une base nucléaire américaine sommeillait dans les glaces du Groenland. La fonte de ces glaces pourrait bientôt la mettre au jour, et ce n’est pas une bonne nouvelle.

Camp Century est une base américaine établie à la fin des années 1950 dans le nord-ouest du Groenland. Celle-ci a fonctionné sous l’égide du projet Iceworm en pleine Guerre Froide entre 1959 à 1967, et avait pour mission de faire transiter, via des tunnels situés sous la calotte glaciaire, environ 600 missiles nucléaires à proximité de l’URSS.

« La base abritait 200 soldats, appelés les Vers des glaces » indique William Colgan, spécialiste du climat polaire pour l’université York de Toronto (Canada).

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L’armée américaine pensait surement que Camp Century allait rester enseveli sous les glaces, puisque cette dernière « s’attendait à ce qu’il continue à neiger perpétuellement ». En effet, le site fut complètement abandonné à la fin des années 1960 à cause du mouvement des glaciers risquant de faire s’effondrer les tunnels, ce qui s’est d’ailleurs produit par la suite. Cependant, le réchauffement climatique en a décidé autrement.

L’Arctique, on le sait, se réchauffe plus rapidement que les autres parties du globe, ainsi « aucun tombeau n’est éternel » selon William Colgan, qui indique que « dans un siècle, la glace qui recouvrait tous ces sites dangereux aura [peut-être] complètement disparu ».

L’expert a mené des simulations climatiques suggérant que la glace présente sur le site de Camp Century pourrait totalement fondre d’ici 75 ans. Le problème réside dans le fait que la glace cache un cadeau empoisonné : 200 000 litres de diesel, 240 000 litres d’eaux usées mélangées avec des biphényles polychlorés (BPC) toxiques et une quantité inconnue de caloporteurs radioactifs, entre autres. Ce joli cocktail pourrait donc se disperser dans l’environnement après la fonte totale des glaces du site.

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Selon William Colgan, ce genre de site ne pose habituellement pas de problèmes particuliers, mais parfois les choses peuvent devenir compliquées lorsqu’il s’agit de décider de la responsabilité d’effectuer un tel nettoyage :

« Le Danemark et les États-Unis ont certes passé un traité militaire en 1951, mais depuis, le Groenland a gagné une certaine autonomie politique, et la frontière canadienne est à 400 km de là. Le changement climatique pose un défi multigénérationnel et multinational extrêmement complexe » indique l’expert.

La situation est donc problématique, surtout que la zone est parsemée de bases de ce genre, toutes héritées de la Guerre Froide :

« Il y aura de plus en plus de bases militaires en Arctique. Le climat y sera de moins en moins rude, profitant au développement humain. Les États-Unis et les alliés de l’OTAN doivent absolument montrer qu’ils sont responsables et de bonne volonté, et aider à nettoyer ces cimetières militaires » explique William Colgan.

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Source : SciencePost – Images : Project Iceworm sur WikipédiaUniversité Laval (Québec)


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