«Monstruosités grammaticales» : un chercheur s’alarme de l’écriture inclusive au CNRS


L’Académie française a adopté le 26 octobre 2017, à l’unanimité, une déclaration contre l’écriture dite «inclusive». Pour autant le CNRS fait fi de cet avis, ce qui inquiète l’un de ses chercheurs, Marcel Kuntz. Il dénonce une dérive idéologique.

Marcel Kurtz, chercheur en biotechnologie au CNRS, a exprimé, à la faveur d’une tribune publiée le 4 février dans Le Figaro, son opposition à la généralisation de l’écriture inclusive. Si l’Académie française s’est clairement opposée à son application le 26 octobre 2017, ce biotechnologiste végétal et directeur de recherche au Laboratoire de physiologie cellulaire végétale du CNRS à Grenoble, remarque, non sans regret, la féminisation des termes dans des documents édités par son centre de recherche. Un procédé qui engendre selon lui «des monstruosités grammaticales telles que ‘technicien.ne.s, ingénieur.e.s et chercheur.e.s’».

Selon lui, l’objectif affiché «d’imposer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes», cache en réalité «un champ de bataille idéologique, où resurgit la dialectique marxiste des rapports exploiteurs/exploités, oppresseurs/opprimés, revisitée par l’idéologie postmoderne – où la société est vue comme une juxtaposition de communautés, la plupart rangées en catégories victimaires (dont les femmes)». Un égalitarisme exacerbé qui aurait en outre pour «faire endosser aux mâles hétérosexuels le statut de Bourreau».

La théorie du genre décriée

Se félicitant de l’absence d’une inégalité de traitement entre les hommes et les femmes dans le domaine de la recherche, «ce milieu est culturellement tourné vers la prise en compte de la production scientifique et non pas vers d’autres critères [sexuels, ethniques, etc.]», assure-t-il, Marcel Kurtz désapprouve néanmoins l’existence d’une «Mission pour la place des femmes au CNRS». Selon lui, cette initiative est symptomatique d’une dérive causée par la théorie du genre.

«Cette Mission n’en reste pas moins influencée par l’idéologie du genre, impulsée par des sciences humaines et sociales, thuriféraires du postmodernisme. Parmi les déconstructions du postmodernisme (les Lumières, la science, la vérité, la nation, la transmission) figure aussi l’altérité des sexes. Et pour ces idéologues, s’il n’y a pas une parité absolue dans telles ou telles disciplines scientifiques, ou dans tels ou tels postes, cela ne peut être dû qu’à des «discriminations» ou à des «stéréotypes genrés» inculqués par la société».

Enfin, revenant à l’écriture inclusive, il accuse ses ardents défenseurs de faire la promotion du «mythe constructiviste» et notamment de balayer d’un revers de main «l’héritage civilisationnel» de l’homme. «Il s’agit en réalité d’un rêve despotique, peut-être doux, de bobos bien-pensants, mais une forme de despotisme quand même, portée par des inquisiteurs qui veulent nettoyer la grammaire et le langage et éliminer tout comportement non-politiquement correct», écrit-il.

Et de conclure sous la forme de questions rhétoriques : «Une vision politisée dénonçant comme “réactionnaire antigenre” toute critique à l’encontre de la “théorie du genre” (en fait il s’agit d’une idéologie du genre), doit-elle avoir sa place dans la communication institutionnelle du CNRS ? L’esprit critique faisant partie intégrante de la démarche scientifique, de telles réactions ne peuvent que confirmer que, en la matière, le pouvoir a été pris au CNRS par des tenants d’une approche non scientifique de problèmes par ailleurs bien réels. A l’heure où les choix politiques et budgétaires sont difficiles, la science a-t-elle intérêt à obéir aux injonctions des minorités agissantes, au risque de se couper d’une autre partie de la société ?»

Lire aussi : «Adelphité», «droits humains» : le Haut conseil à l’égalité veut-il imposer l’écriture inclusive ?

Source : RT


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