Hitomi: Voici la dernière image prise par un satellite «chasseur de trous noirs» avant de disparaitre


Le satellite japonais Hitomi avait commencé à observer l’amas de Persée, une association de galaxies à 250 millions d’années-lumière de la Terre…

Le 26 mars dernier, Astro H/Hitomi disparaissait des écrans radars de l’Agence d’exploration spatiale japonaise (Jaxa). Ce satellite à rayons X, qui devait permettre d’apporter des informations inédites sur les mystères de l’Univers, n’est resté en activité que cinq semaines avant de perdre le contact, à cause d’une chaîne d’erreurs humaines et logicielles.

Mais pendant sa courte existence, Hitomi (le nom signifie « pupille » de l’œil en japonais) ne s’est pas tourné les pouces. Les scientifiques, qui ont commencé à exploiter les données envoyées par le satellite, viennent de publier un premier article dans la revue Nature, qui montre la dernière observation de la « pupille ». Elle remet en cause ce que l’on sait sur le rôle des trous noirs dans la formation des galaxies.

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Les trous noirs « agissent comme des thermostats qui régulent les galaxies »

Avant de s’évanouir dans l’espace, l’engin de 14 mètres de long sur 9 mètres de large, qui pesait 2,7 tonnes, avait commencé à observer l’amas de Persée, une association de plus d’une centaine de galaxies situées à 250 millions d’années-lumière de la Terre. C’est l’une des structures les plus imposantes connues dans l’univers.

L’amas de Persée n’est pas composé uniquement de galaxies, explique au site Motherboard Brian McNamara, un chercheur en cosmologie à l’université de Waterloo, au Canada. Il dispose également d’une « atmosphère » de plasma dont la température atteint des dizaines de millions de degrés. Cette matière invisible à l’œil nu peut être observée grâce aux rayons X. Elle contient « les ingrédients qui forment les étoiles, les galaxies, les planètes, et chacun d’entre nous », décrit-il.

Des études ont déjà montré que chaque galaxie de cet amas contient sans doute en son centre un trou noir géant, d’une taille supérieure de 100 millions à 10 milliards de fois à celle de notre soleil. « Nous pensons qu’ils agissent comme des thermostats qui régulent la croissance des galaxies », explique Brian McNamara.

« Cela nous montre l’étendue de ce dont le télescope aurait été capable »

Grâce aux rayons X, Hitomi a mesuré que le gaz en mouvement au centre de l’amas de Persée se déplace beaucoup moins vite que ne le pensaient les scientifiques : 164 km/s, soit dix fois moins vite que les galaxies et les étoiles. Cette mesure pourrait aider les chercheurs à comprendre comment les trous noirs interagissent avec ce qui les entoure.

« Nous ne savons pas comment ça marche en détails, avoue Mark Bautz, l’un des co-auteurs de l’étude. Cela pourrait signifier que le gaz est relativement “visqueux”. Nous n’en avions aucune idée ou presque avant Hitomi. »

Même si le satellite a rompu le contact à jamais, les données qu’il a collectées pourraient permettre aux scientifiques de faire de nouvelles découvertes. « Cela nous montre l’étendue de ce dont le télescope aurait été capable », remarque Roger Blandford, un chercheur de l’équipe Hitomi. Selon Brian McNamara, ces données pourraient fournir matière à la publication de 10 ou 15 articles.

Source : 20 Minutes – Image : Hitomi Collaboration/JAXA, NASA, ESA, SRON, CSA


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