Construit par une culture inconnue, c’est le plus ancien observatoire solaire des Amériques


Bien avant que les Incas n’accèdent au pouvoir au Pérou et ne commencent à célébrer leur dieu du soleil, une civilisation peu connue construisait le premier observatoire astronomique connu des Amériques.

Le temple fortifié de Chankillo. (Janine Costa/AFP)

Bien qu’elles ne soient pas aussi anciennes que des sites comme Stonehenge, ces ruines anciennes, connues sous le nom de Chankillo, sont considérées comme un “chef-d’œuvre du génie créatif humain”, présentant des caractéristiques uniques que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.

Situé dans le désert côtier du Pérou, le site archéologique est célèbre pour sa rangée de 13 tours de pierre qui, ensemble, tracent l’horizon d’une colline, du nord au sud, comme un sourire en coin.

Les treize tours de Chankillo. (David Edgar/Wikipedia/CC BY-SA 3.0)

Outre cette structure remarquable, connue sous le nom des Treize Tours, les ruines de l’observatoire comprennent également un complexe à trois murs au sommet d’une colline, appelé le Temple fortifié, et deux complexes de bâtiments appelés l’Observatoire et le Centre administratif.

Achevé il y a plus de 2 300 ans et abandonné au premier siècle de l’ère commune, le site est resté un mystère pour les voyageurs pendant des siècles.

Ce n’est que lorsque les fouilles officielles ont commencé au début du XXIe siècle que les archéologues ont réalisé ce qu’ils avaient sous les yeux.

Vue aérienne des tours. (Janine Costa/AFP)

Dans un paysage désertique et en plein jour, les structures de pierre au sommet de la colline, qui s’étendent sur environ 300 mètres, n’ont pas l’air de grand-chose. Mais c’est une autre histoire à l’aube et au crépuscule.

Lorsque le soleil se lève à l’est, un orbe de lumière émerge quelque part le long de la crête des tours. Au fur et à mesure que l’année avance, la position du lever du soleil change aussi, comme si la lumière passait à travers l’horizon denté.

Au solstice d’été, par exemple, le soleil se lève à droite de la tour la plus à droite. Alors que lors du solstice d’hiver, le soleil se lève à gauche de la tour la plus à gauche.

Les tours de Chankillo ont été placées avec tant de soin que lorsqu’un observateur se tient à un point d’observation spécifique en dessous de la crête, il peut prédire la période de l’année à deux ou trois jours près en se basant uniquement sur le lever ou le coucher du soleil. Le point d’observation qui regarde vers l’ouest en direction de la crête – c’est la structure de l’Observatoire – utilise le coucher du soleil. À ce que l’on pense être le point d’observation est, il ne reste que le contour incomplet en pierre d’une pièce, mais il est situé à un endroit symétrique et aurait utilisé le lever du soleil.

L’équinoxe de septembre, par exemple, est défini lorsque le soleil se couche entre la sixième et la septième tour, comme le montre l’image ci-dessous.

Le coucher de soleil de l’équinoxe de septembre. (World Monuments Fund/Youtube Screenshot)

L’ancienne civilisation qui a conçu l’observatoire solaire est à peine connue, mais elle aurait été l’une des plus anciennes cultures des Amériques. En fait, cette culture précède de plus de 1 000 ans la culture inca, qui excellait également en astronomie.

Comme les ruines de Chankillo attribuées à cette civilisation se trouvent dans le désert côtier entre les rivières Casma et Sechin au Pérou, les bâtisseurs originaux sont maintenant connus sous le nom de culture Casma-Sechin.

Comme les Incas, cette civilisation aurait probablement considéré le Soleil comme une sorte de divinité. Les escaliers menant à chaque tour suggèrent fortement que le site était autrefois utilisé pour des rituels.

D’après les fouilles archéologiques, l’observatoire a probablement été construit entre 500 et 200 avant notre ère. Puis, pour une raison quelconque, le site a été abandonné et les tours sont tombées en ruine. À leur apogée, les archéologues disent que les structures auraient été enduites de jaune, d’ocre ou de blanc et peintes de graffitis ou d’empreintes digitales.

Même lorsqu’ils sont dépouillés de leur décoration et tombent en ruine, les vestiges de ces tours de pierre enregistrent toujours fidèlement les jours de l’année. Des efforts de conservation sont actuellement en cours pour maintenir l’exactitude de l’ancien calendrier.

En 2021, le complexe archéoastronomique de Chankillo a officiellement rejoint la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour son savoir-faire exceptionnel et son aperçu de la vision du monde des sociétés anciennes.

“Contrairement aux alignements architecturaux sur une seule cible astronomique que l’on trouve sur de nombreux sites anciens dans le monde, la ligne de tours s’étend sur l’ensemble des arcs annuels de lever et de coucher du soleil, vus, respectivement, depuis deux points d’observation distincts, dont l’un est encore clairement visible en surface”, peut-on lire dans la description de l’UNESCO.

“L’observatoire solaire de Chankillo témoigne ainsi de l’aboutissement d’une longue évolution historique des pratiques astronomiques dans la vallée de Casma.”

Vous pouvez lire encore plus de détails sur cet observatoire sur le portail du patrimoine de l’astronomie.

Lire aussi : Des astronomes observent un phénomène quantique théorisé il y a 90 ans

Source : ScienceAlert – Traduit par Anguille sous roche


Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *