Le gouvernement français bloque TikTok pour limiter les troubles civils en Nouvelle-Calédonie


La France a imposé l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie en réponse aux manifestations et aux émeutes, ce qui a entraîné l’interdiction de TikTok, les autorités cherchant à stabiliser la région.

Le gouvernement français a pris ces mesures pour faire face aux troubles qui ont éclaté après un vote controversé étendant les droits de vote aux élections provinciales du territoire. Il s’agit du dernier exemple en date d’un gouvernement restreignant l’accès à l’internet pour contrôler les citoyens.

Le représentant du gouvernement local de Nouvelle-Calédonie, sous la directive de l’état d’urgence nouvellement déclaré, a pris la décision importante d’interdire TikTok, citant des préoccupations de sécurité publique. Cette mesure s’inscrivait dans le cadre de mesures plus larges qui prévoyaient des pouvoirs accrus pour les forces de sécurité, notamment des assignations à résidence, des saisies d’armes et des restrictions de mouvement pour prévenir d’autres désordres.

Le Premier ministre Gabriel Attal a insisté sur la nécessité de ces mesures en déclarant : “Aucune violence ne sera tolérée” et a souligné le déploiement de troupes pour sécuriser les infrastructures critiques telles que les ports et l’aéroport international, qui est déjà fermé aux vols internationaux. Cette annonce a été faite peu après le décès d’un gendarme français blessé lors des émeutes, ce qui porte le bilan à quatre morts, comme l’a confirmé le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin.

Selon France 24, les violences ont commencé à la suite de l’approbation d’un projet de loi par l’Assemblée nationale française, qui visait à élargir l’électorat aux élections provinciales de Nouvelle-Calédonie en incluant les résidents de la France métropolitaine, une mesure qui, selon les critiques, pourrait miner l’influence autochtone en faveur des politiciens pro-français. La réforme a été adoptée au milieu de débats intenses par 351 voix contre 153.

Ces mesures interviennent alors que le président Emmanuel Macron cherche à renforcer les intérêts stratégiques de la France dans le Pacifique, face à la concurrence de puissances mondiales comme la Chine et les États-Unis. Les récentes émeutes reflètent des tensions profondément ancrées en Nouvelle-Calédonie, en particulier au sein de la population autochtone kanak, qui s’est toujours méfiée des tentatives françaises d’affirmer son contrôle.

Ces dernières années, les gouvernements du monde entier ont eu de plus en plus recours à la fermeture d’Internet pour gérer les troubles civils et mettre fin aux émeutes, ce qui a suscité de vives inquiétudes quant à la violation des libertés civiles. Cette tactique consiste à restreindre l’accès à l’internet ou à certaines plateformes de médias sociaux afin de perturber les communications et l’organisation des manifestants.

Par exemple, lors des manifestations de 2019-2020 en Inde contre la loi d’amendement sur la citoyenneté, le gouvernement a imposé de multiples fermetures d’Internet. Celles-ci ont été particulièrement prononcées dans des régions comme le Cachemire, où la plus longue coupure d’internet dans une démocratie a sévèrement limité la capacité des citoyens à communiquer et à accéder à l’information. Les organisations de défense des droits de l’homme ont critiqué ces actions pour violation de la liberté d’expression et du droit à l’information, soulignant que ces fermetures peuvent isoler des communautés entières et empêcher la diffusion d’informations publiques vitales.

L’Iran a démontré à plusieurs reprises qu’il utilisait les fermetures d’Internet comme stratégie pour réprimer la dissidence et gérer les troubles civils. En 2022, au milieu des protestations qui ont suivi la mort de Mahsa Amini alors qu’elle était détenue par la police des mœurs, le gouvernement iranien a de nouveau eu recours aux restrictions d’accès à l’internet. Il a notamment limité la vitesse des données et bloqué l’accès aux plateformes de médias sociaux populaires telles qu’Instagram et WhatsApp, qui sont couramment utilisées par les Iraniens pour se mobiliser et rendre compte des événements en temps réel. La position officielle du gouvernement est que ces mesures sont nécessaires pour maintenir la sécurité nationale et l’ordre public.

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Source : Reclaim The Net – Traduit par Anguille sous roche


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