Virés en 3 minutes


Bienvenue dans « le monde d’après »

« Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire », écrivait Michel Houellebecq, la semaine dernière. Le romancier endossait à nouveau son costume du visionnaire (après la sortie de Soumission le jour de l’attentat contre Charlie Hebdo), puisque l’on peut désormais se faire congédier en visioconférence… Ça, c’est fait !

3.500 employés d’Uber viennent d’en faire les frais en apprenant, devant leur écran, aussi froidement que peut l’être une communication Zoom de trois minutes : « Aujourd’hui sera votre dernier jour de travail pour Uber. » Clair, net et précis. Cette réalité implacable du monde d’après laisserait même les plus optimistes assez perplexes.

Pour Houellebecq, la crise pandémique « devrait avoir pour principal résultat d’accélérer certaines mutations en cours » dont, notamment, « la diminution des contacts humains ». C’est désormais une fatalité avec cette « ubérisation » de la suppression de postes. Pour sa défense, Ruffin Cheveleau, directrice du service clientèle, prétexte, la larme à l’œil, la réactivité : « Personne ne veut être associé à un appel vidéo comme celui-ci. Mais avec tout le monde à distance et pour un changement de cette ampleur, nous nous devions de vous prévenir le plus vite possible, afin que vous ne l’appreniez pas par des sources extérieures. » L’enfer est pavé de bonnes intentions et en voici une nouvelle illustration.

Une salariée réagit dans le Daily Mail : « C’était un appel Zoom en direct avec 3.500 personnes. […] Ils ne nous ont donné aucun préavis. Si j’avais raté cet appel, j’aurais manqué l’information. Nous savions qu’ils ne soutenaient pas leurs conducteurs, nous savons maintenant qu’ils ne soutiennent personne. »

L’épidémie de coronavirus comme prétexte à la déshumanisation des rapports ? Houellebecq avait vu juste, et la vague de crise annoncée par les économistes n’augure rien de bon dans notre société ubérisée. Mais parce qu’il faut toujours garder des raisons d’espérer, la pandémie a aussi permis de faire naître de belles initiatives d’entraides de proximité. Preuve que, face à la vulnérabilité, certains savent encore faire preuve d’humanité. Reste à les imiter.

Lire aussi : Le monde d’après : en pire ?

Source : Boulevard Voltaire


Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *