Des traces sur la paroi d’une grotte en France pourraient constituer le plus ancien exemple d’art néandertalien
C‘est en France qu’ont été découvertes les plus anciennes gravures rupestres que l’on peut définitivement attribuer au travail des Néandertaliens. Les gravures ont plus de 57 000 ans.
Image d’entête : les gravures néandertaliennes découvertes dans la grotte de La Roche-Cotard, en France : le « panneau circulaire » (à gauche) et le « panneau ondulé » (à droite). (Jean-Claude Marquet)
La grotte de la Roche-Cotard est située dans le centre de la France où une série de gravures non figuratives (symboliques, ne représentant pas d’objets naturels) a été découverte. On pense que ces marques sont des empreintes digitales, des lignes laissées par des doigts humains sur une surface molle qui a durci avec le temps.
La grotte était complètement scellée par des sédiments de l’ère glaciaire jusqu’à ce qu’elle soit découverte au 19e siècle. Elle a été fouillée pour la première fois au début du 20e siècle.
Une équipe internationale de chercheurs a étudié les marques récemment découvertes en utilisant la photogrammétrie pour créer des modèles tridimensionnels des gravures. Sur la base de leur forme, de leur espacement et de leur disposition, l’équipe a conclu qu’il s’agissait de formes délibérées et organisées créées par d’anciennes mains humaines.
Trine Freiesleben et Jean-Claude Marquet discutent des empreintes et de l’endroit où prélever les échantillons. (Kristina Thomsen)
Pour dater les sédiments de la grotte, l’équipe a utilisé la luminescence optiquement stimulée, une technique qui consiste à exposer des grains de minéral à des longueurs d’onde spécifiques de la lumière afin de déterminer le temps écoulé depuis la dernière exposition de ces grains à la lumière du soleil.
Les résultats de la procédure ont montré que les gravures de la grotte datent d’au moins 57 000 ans, mais qu’elles pourraient avoir jusqu’à 75 000 ans. Cela les place dans l’ordre de grandeur d’autres exemples des plus anciennes peintures rupestres, comme le pochoir à main rouge de la grotte de Maltravieso, en Espagne, qui date de plus de 64 000 ans.
L’art rupestre de la Roche-Cotard est antérieur d’au moins 15 000 ans à l’arrivée de l’humain moderne dans cette région d’Europe. Même en tenant compte des études récentes qui suggèrent que l’Homo sapiens a migré en Europe occidentale il y a 54 000 ans, l’occupation humaine moderne ne coïncide pas avec l’âge de ces marques.
En outre, les outils en pierre de la grotte sont des outils du moustérien, une technologie associée aux Néandertaliens. Tout porte donc à croire que les gravures de la grotte ont été réalisées par l’Homo neanderthalensis.
Au cours des dernières décennies, des recherches ont révélé la complexité culturelle des Néandertaliens, mais on sait très peu de choses sur leur expression symbolique et artistique. Ces anciennes peintures rupestres apportent des précisions supplémentaires au nombre croissant de preuves qui suggèrent que le comportement et les activités des Néandertaliens étaient similaires, en termes de complexité et de diversité, à ceux des premiers humains modernes.
Selon les chercheurs :
Bien que les tracés des doigts à La Roche-Cotard soient clairement intentionnels, il ne nous est pas possible d’établir s’ils représentent une réflexion symbolique. Néanmoins, notre compréhension de la relation entre les Néandertaliens et les domaines symbolique et même esthétique a subi une transformation significative au cours des deux dernières décennies et les traces conservées dans la grotte de La Roche-Cotard apportent une nouvelle et très importante contribution à notre connaissance du comportement des Néandertaliens.
L’étude publiée dans PLOS ONE : The earliest unambiguous Neanderthal engravings on cave walls: La Roche-Cotard, Loire Valley, France et annoncée sur le site de l’Université de Tours : À la Roche-Cotard, les plus anciennes gravures de France identifiées sur les parois d’une grotte.
Source : GuruMeditation
