Finistère. Le rocher gravé de Plougastel-Daoulas a enfin révélé son secret


Ce rocher de Plougastel-Daoulas, près de Brest (Finistère), portait sur ses flancs de bien étranges inscriptions. Et trop peu d’indices pour en trouver une signification. Pourtant trois spécialistes en sont venus à bout : il s’agit d’une histoire de marin.

rocher

C’est un événement qui aura fait couler beaucoup d’encre. Celui de ce rocher gravé du Caro, à Plougastel-Daoulas (Finistère) : a priori, une lourde pierre tombée de la falaise sur la grève non loin de ce petit port de la rade de Brest. Les habitants du secteur connaissaient son existence, mais toutes les tentatives pour trouver une signification à l’étrange message gravé étaient restées vaines.

Deux dossiers gagnants

On pouvait y voir des dates (1771, 1786 ), des représentations de bateaux, le symbole d’un cœur vendéen et aussi des mots qui semblaient tout droit sortis de l’imagination du graveur.

Cependant, pour les élus de la Ville, cela devait avoir un sens. Quelqu’un détenait certainement les clés pour éclaircir ce mystère vite appelé « le mystère Champollion ». Et un appel à concours fut lancé. Le découvreur se verrait remettre 2 000 €. Deux dossiers étaient gagnants.

chercheurs

Le récit des chercheurs Roger Faligot, René Toudic et Alain Robet, qui ont tous les trois travaillé sur la traduction du rocher du Caro, à Plougastel-Daoulas. | OUEST-FRANCE

Un texte en breton du XVIIIe siècle

René Toudic, agrégé d’anglais, diplômé d’études celtiques est l’auteur du premier dossier. Roger Faligot, journaliste écrivain, s’est associé à Alain Robet auteur de BD, spécialiste de la reconstitution historique pour présenter le second.

Tous trois s’accordent sur certains faits : le texte est effectivement en breton et les dates inscrites correspondent aux moments des faits et au moment de la gravure. Il s’agit d’un événement local marquant et important à titre personnel pour le graveur. Les deux dossiers exposent aussi la mort d’une personne et ils relèvent des pistes qui évoquent un lien avec la Marine royale.

Première hypothèse : un soldat parti en mer jamais revenu

L’homme pourrait donc être un marin. Mais les vues divergent sur de nombreux points. Pour René Toudic il s’agit d’un soldat qui, pour une raison ou une autre, a été forcé de ramer par un jour de tempête et n’est jamais revenu. Un autre soldat se serait chargé de graver le texte en l’honneur du disparu, un certain Le Bris. « Serge est mort quand mal exercé à ramer / l’an dernier son bateau fut retourné par le vent […] Mon nom est ici sur la stèle érigée derrière/ aujourd’hui 8 mai 1786 », a traduit l’universitaire.

« Je me suis basé sur un point de vue linguistique et non historique. J’ai fragmenté le texte en unités cohérentes. Il ne faisait aucun doute pour moi que c’était du breton et j’ai alors utilisé mes connaissances de traducteur », a-t-il expliqué.

Seconde hypothèse : une fustigation des responsables de la mort de l’ami du graveur

Autre façon de voir les choses pour Roger Faligot et Alain Robet, qui évoquent une personne qui veut exprimer la détestation de ceux qui sont responsables de la mort de son ami. Leur travail s’est appuyé sur des associations de mots venus du gallois et du cornique. Ils ont traduit : « C’est en ce lieu qu’a agi le vent mauvais que souffle le Malin / Plus haut sur cette grève, j’ai voulu faire pourtant de cet endroit caché des gens, toi qui passes je dis ma honte. »

Deux extraits de leur traduction. Mais il reste encore 20 % de part de mystère, ce qui laisse du travail pour d’autres chercheurs. Le reste des traductions est à découvrir sur le site de la mairie de Plougastel-Daoulas.

2 000 demandes de participation

Dominique Cap, le maire de cette commune de 13 000 habitants n’en revient toujours pas. « Lancé au printemps 2019, ce concours a immédiatement suscité l’engouement de la presse nationale et internationale ainsi que du public », témoignait-il lundi 24 février 2020, lors de la conférence de presse.

Et de citer quelques chiffres : 200 articles de presse en français, anglais, espagnol ; 7 journaux télévisés. 2 000 demandes de participation sont arrivées, de Belgique aux États-Unis, en passant par l’Ukraine, les Émirats Arabes Unis, la Thaïlande… Au final, 61 dossiers ont été retenus. 1 500 pages à lire pour les sept membres du jury – des élus, des universitaires. Finalement, en janvier 2020, deux dossiers sortaient du lot. Mais impossible de les départager : il y a donc eu deux gagnants.

Lire aussi : Finistère: 2000 euros offerts à celui ou celle qui déchiffrera une mystérieuse inscription sur un rocher

Source : Ouest-France


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