Des ex-employés de Google créent un nouveau moteur de recherche juste à proximité de Google


Il fournira une expérience d’Internet « sans distractions et sans regards indiscrets ».

Vous attendez vous encore à un nouveau moteur de recherche sur un marché déjà occupé par Google Chrome, le choix par défaut pour beaucoup d’internautes, DuckDuckGo avec des protections supplémentaires en matière de vie privée, et Mozilla Firefox, qui a des « cookies jars » intégrés pour empêcher les tiers de partager vos informations ?

Une nouvelle plateforme de recherche fondée par des ex-employés de Google, dont le siège est à proximité du géant de la technologie et qui vient d’obtenir un financement de 40 millions de dollars veut se démarquer des premiers : fonctionner sans publicité et amener les utilisateurs à payer un prix pour une meilleure vie privée.

Traditionnellement, les moteurs de recherche sont alimentés par la publicité ; c’est ainsi que ces plateformes restent gratuites. Vous vous demandez certainement comment Neeva (c’est le nom du nouveau moteur de recherche) est mis à disposition s’il a abandonné les publicités. Le nouveau concurrent sur le marché de la recherche fonctionnera sur la base d’un abonnement, en faisant payer aux utilisateurs un montant qui ne va pas dépasser 10 dollars par mois en échange de résultats sans publicité.

Ce mois-ci, Neeva a levé 40 millions de dollars pour accélérer le projet, ce qui porte le financement total du moteur à 77,5 millions de dollars reçus de la part d’investisseurs de premier plan de la Silicon Valley, Greylock et Sequoia, et est évalué à plus de 300 millions de dollars. Neeva met l’accent sur le fonctionnement de sa plateforme sans publicité :

« La recherche est la porte d’entrée vers les informations du monde entier, et avec Neeva, nous voulons vous aider à faire l’expérience d’Internet d’une nouvelle manière, sans distractions, sans regards indiscrets et sans frustration. »

Neeva se compose actuellement de pièces sous licence de Microsoft Bing, de Google et de services de données météorologiques et boursières. L’objectif est d’utiliser les prouesses techniques des employés de Neeva pour créer un moteur de recherche profondément personnel, capable de parcourir vos comptes G Suite, Slack, Dropbox, Office 365, et autres fichiers des smartphones et des ordinateurs portables pour fournir les informations les plus pertinentes à ses clients.

Deux anciens Googlers sont à l’origine de Neeva :

Sridhar Ramaswamy, PDG de Neeva, a travaillé chez Google pendant 15 ans, où il a participé à la création, au développement et à la gestion de la division publicité du géant technologique. « Je n’étais pas satisfait de la façon dont l’écosystème a tourné », explique Ramaswamy, qui a quitté Google en 2018. « Je sais qu’il y a une certaine ironie dans le fait que j’ai participé à la création de ce système… mais je suis à la recherche d’un ensemble de principes. »

Le second cofondateur est Vivek Raghunathan, ancien vice-président de la monétisation chez YouTube et a travaillé chez Google pendant un peu moins de douze ans. Avant de rejoindre YouTube, il a travaillé sur Google Assistant, où il s’est accoutumé aux expériences de services comme le fait d’avertir les gens de partir pour leur vol, ou qu’un colis arriverait dans 30 minutes, rendues possibles par la collecte d’informations de leur boîte Gmail.

Ils ont été rejoints par d’autres ex-Googlers : Udi Manber fait partie de l’équipe. Il a notamment travaillé chez Yahoo, Amazon et Google. Margo Georgiadis a occupé le poste de vice-présidente des opérations de vente mondiales de Google et a été présidente du géant technologique pour les Amériques. Darin Fisher était auparavant vice-président de l’ingénierie chez Google. Avec beaucoup d’expériences en la matière, l’équipe a proposé un nouveau moteur de recherche, qui est basé à Mountain View, à environ cinq kilomètres de route du siège de Google.

Les données que collecte Neeva et ce qu’il en fait

Si Neeva dit qu’il est basé sur la protection de la confidentialité des utilisateurs, il ne dit pas qu’il ne collecte aucune information ; il dit que vous pouvez lui faire confiance pour garder vos données en sécurité et ne pas les transmettre aux annonceurs ou à des tiers. Il y a beaucoup d’informations sur la façon dont les données sont collectées et utilisées par le moteur sur le site.

Les informations suivantes peuvent être recueillies par Neeva auprès des utilisateurs :

  • Adresse électronique
  • Numéro de téléphone
  • Adresse électronique
  • Numéro de téléphone
  • Informations sur la localisation
  • Nom
  • Paramètres de l’utilisateur
  • Adresse IP
  • Informations que vous enregistrez dans vos « Espaces »
  • Informations sur le paiement
  • Système d’exploitation ou appareil
  • Adresse postale
  • Identifiants de cookies
  • Les informations concernant vos contacts
  • Le type et la version du navigateur que vous utilisez
  • Les pages que vous visitez

En outre, si vous participez à une enquête, un forum, une page de médias sociaux ou un blog, Neeva peut également collecter les informations personnelles qui y sont partagées, en plus de la durée et de la fréquence de ces activités en ligne. La plateforme peut également utiliser le stockage local et les cookies pour collecter des données concernant vos préférences et vos paramètres. Enfin, si vous accédez à Neeva via Apple, Google ou Microsoft, la plateforme peut également collecter votre photo de profil, votre adresse e-mail et votre nom à partir de ceux-ci.

Mais vous ne devriez pas nous inquiéter, la plateforme adhère à la politique des données utilisateur de Google API Services et ne partage pas les informations entre les comptes ou les applications. Il convient également de noter que vos données peuvent être agrégées ou dépersonnalisées, ce qui signifie que les informations ne sont pas soumises à une autre politique que celle de Neeva.

Sridhar Ramaswamy, PDG de Neeva

Cela fait beaucoup de données collectées pour une plateforme dont toute l’identité tourne autour du droit à la vie privée des utilisateurs. Mais Neeva dit être extrêmement transparente quant aux informations qu’elle recueille, et aussi quant à la manière dont il utilise les données collectées :

Nous utilisons vos informations pour vous fournir les services et pour les améliorer en permanence. Cela signifie que nous utilisons vos informations, par exemple, pour :

  • Développer, exploiter, améliorer, renforcer, fournir, maintenir et soutenir nos Services.
  • Fournir l’accès à certaines zones, fonctionnalités et caractéristiques de nos Services.
  • Communiquer avec vous au sujet de votre compte, de nos services et des changements de politique.
  • Vous permettre de partager du contenu avec d’autres personnes.
  • Analyser votre utilisation de nos services afin de trouver des moyens d’améliorer votre expérience.
  • Se protéger contre les activités malveillantes, trompeuses, frauduleuses ou illégales.
  • Entreprendre des recherches pour le développement technologique.
  • Faire respecter nos conditions et nos politiques.
  • Se conformer à nos obligations légales, protéger votre intérêt vital ou ce qui peut être requis pour le bien public. Par exemple, pour contribuer à une enquête ou à des poursuites concernant une activité illégale présumée ou réelle.
  • Utiliser vos informations à d’autres fins auxquelles vous consentez ou qui vous sont communiquées lorsque vous fournissez les informations.

Bien que Neeva ne vende pas vos informations, elle les partage avec des prestataires de services tels que les services informatiques et services connexes, les processeurs de paiement, les fournisseurs de services d’analyse, les fournisseurs de services à la clientèle et les vendeurs qui soutiennent la fourniture des services.

En quoi est-ce que Neeva pourrait être différent des moteurs de recherche comme Google ?

Neeva est transparent sur les informations qu’il collecte, avec un niveau élevé de contrôle dont disposent les utilisateurs. Vous pouvez accéder à vos données personnelles, mettre à jour ou corriger ces informations, demander des restrictions ou des suppressions. En outre, votre historique de recherche est automatiquement supprimé 90 jours après sa collecte.

Cela ne s’applique pas aux données associées aux comptes connectés, mais vous pouvez les supprimer vous-même. Les données telles que les identifiants de paiement et de connexion sont conservées plus longtemps, mais Neeva précise bien qu’il ne conserve pas ces données. En comparaison, la suppression automatique de Google est fixée à 18 mois par défaut ; toutefois, les utilisateurs peuvent modifier cette durée à 3 mois.

Neeva affirme qu’il ne vend pas vos données. Google précise que les données partagées avec les annonceurs ne sont pas identifiables personnellement, sauf si les utilisateurs en ont donné l’autorisation. Le géant de la technologie utilise également des « techniques d’anonymisation de pointe » pour continuer à fournir son service tout en protégeant les données des utilisateurs. Google utilise également la confidentialité différentielle qui « ajoute du bruit » pour s’assurer que vos données ne peuvent pas être utilisées pour vous identifier.

Lorsque vous effectuez une recherche sur Google, vous ne cherchez pas sur l’ensemble de l’Internet, mais sur les milliers de milliards de pages de l’index de Google. La société ajoute chaque jour de nouvelles pages à cet index, par le biais d’un processus appelé « crawling and indexing », au cours duquel elle utilise un algorithme pour visiter les nouveaux sites et recueillir des données sur leur contenu, telles que des mots clés et le nombre de liens, puis les indexe afin qu’elles puissent apparaître lorsque vous tapez les bons termes de recherche.

Le nouveau concurrent menace-t-il la part de marché de Google ?

Un petit acteur bien financé comme Neeva qui vient d’arriver sur marché peut-il faire une brèche dans la part de marché de Google ? Google détient entre 89 et 93 % du marché de la recherche au Royaume-Uni et un peu plus de 92 % en France, d’après StatCounter, en se basant sur les statistiques ordinateur, tablette et smartphone. Aux USA, Google domine très largement aussi ses concurrents avec plus 88 %. Au niveau mondial, Google détient environ 90 %, malgré l’existence d’acteurs plus petits qui proposent des services axés sur la protection de la vie privée.

« Nous avons étudié le modèle de l’abonnement il y a quelques années », explique Christian Kroll, directeur général d’Ecosia, un moteur de recherche axé sur la protection de la vie privée qui reverse 80 % de ses bénéfices à des organisations à but non lucratif qui se concentrent sur la reforestation. « Nous avons constaté que les gens n’étaient pas vraiment prêts à payer, donc je suis un peu sceptique. » Kroll pense que l’idée que les utilisateurs paient pour voir des résultats différents lors de leurs recherches « sépare les gens en deux classes ».

Gabriel Weinberg, directeur général de DuckDuckGo, met en garde : « Proposer une recherche privée payante la rend accessible uniquement aux privilégiés. Nous pensons que tout le monde devrait avoir un accès gratuit à une protection simple de la vie privée en ligne, point final ». C’est le profilage des données et le ciblage ultérieur que Facebook et Google proposent que Weinberg conteste. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Lire aussi : La Russie est « prête » à se déconnecter de l’Internet mondial, selon l’ex-président Medvedev

Sources : Developpez – Neeva(1 & 2)


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