Climat : Une géo-ingénierie solaire mal exploitée pourrait être catastrophique


Afin d’avoir plus de temps pour pouvoir réguler les niveaux de carbone dans l’atmosphère, il est vrai que la géo-ingénierie solaire peut s’avérer utile. Mais une étude révèle que cela pourrait aussi avoir de graves conséquences sur les climats régionaux et la biodiversité de la planète.

Cette méthode a en effet longtemps été considérée comme une des plus efficaces pour conserver l’environnement habitable de la Terre. Celle-ci s’appuie sur l’utilisation d’aérosols pour réfléchir la lumière du soleil dans l’espace, et ainsi « refroidir » le climat de manière artificielle. Or la géo-ingénierie solaire n’ayant pas d’impact direct sur le carbone dans l’atmosphère, ce n’est donc pas une solution définitive au changement climatique. Cependant, ses partisans estiment qu’elle peut aider à réduire les températures, nous donnant ainsi plus de temps pour nous occuper en parallèle du carbone présent dans l’atmosphère. Mais s’engager dans une telle voie pourrait avoir de graves conséquences si le processus devait être brusquement inversé, révèle une étude.

De récents travaux menés par Christopher Trisos, de l’Université d’Oxford en Angleterre, évaluent en effet les risques d’une telle action pour une période de temps bien définie. Les résultats suggèrent ici que la fin soudaine d’un programme de géo-ingénierie solaire pourrait causer plus de dommages que le changement climatique lui-même. L’article qui relate cette étude a été publiée dans Nature Ecology & Evolution, sous-tend ici qu’un seul pays, ou un petit groupe de pays, voire même un individu fortuné, pourraient potentiellement influencer le résultat. Il leur suffirait notamment de s’engager dans le déploiement de la géo-ingénierie solaire. De cette manière, ce ou ces protagonistes pourraient aussi bien brusquement stopper la mécanique en marche.

Selon l’étude, ce type de géo-ingénierie aurait un impact considérable sur les écosystèmes régionaux. Les chercheurs ont comparé les changements de températures et de précipitations dans un scénario où un projet de géo-ingénierie solaire était mené de 2020 à 2070. Ils ont également développé un second scénario sans un tel plan. Les premiers ont enregistré des changements dans les climats locaux entre deux et quatre fois plus dramatiques. Par exemple, les espèces seraient forcées de voyager pour retrouver un environnement qui leur est plus favorable, par exemple pour se maintenir aux mêmes températures de leur habitat naturel. Les zones riches en biodiversité, comme les océans tropicaux et le bassin amazonien seraient parmi les plus menacées, soulignent les chercheurs.

« Certains arbres poussent dans certaines zones de températures, certains animaux vivent dans certaines zones de températures, et ainsi de suite – c’est l’équilibre normal des choses », note Christopher Trisos. « Si vous changez la température, certains animaux peuvent évoluer avec la température. Nous avons vu des poissons se déplacer vers le nord lorsque les eaux se réchauffent. Certaines plantes peuvent aussi bouger, mais bien sûr beaucoup plus lentement ». Si les espèces animales et végétales semblent pouvoir évoluer et s’adapter, elles ne pourraient le faire pleinement que dans le cas de changements durables. Or mettre un terme à un tel projet de géo-ingénierie pourrait alors tout bouleverser. Si la gestion des radiations est interrompue pour une raison quelconque, un réchauffement rapide en résulterait, avec les conséquences catastrophiques que l’on peut imaginer.

L’un des plus grands défis dans la mise en œuvre de la géo-ingénierie solaire est le fait que tout projet devrait faire l’objet de procédures politiques couvertes sur des décennies. Cela permettrait surtout la mise en place d’un cadre officiel d’application d’un tel projet, ainsi qu’une exploration plus approfondie des risques et des avantages du déploiement d’une telle technique de régulation climatique.

Source : SciencePost


Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *