La dépendance à Facebook augmente la gravité de la dépression chez les personnes déjà déprimées


Selon une nouvelle étude qui analyse les effets nocifs du réseau social sur la santé mentale.

Une nouvelle étude suggère que les personnes trop dépendantes de Facebook pourraient souffrir de dépression plus sévère. Elle suggère également qu’une utilisation excessive du réseau social peut réduire l’estime de soi d’une personne. L’étude, publiée dans la revue scientifique “Computers in Human Behavior”, vient confirmer les résultats des précédentes études selon lesquels Facebook a un impact négatif sur la santé mentale, notamment celle des plus jeunes. Mais Facebook n’est pas le seul en cause. Des concurrents tels que TikTok et Snapchat sont également accusés d’être à l’origine de l’anxiété et de la dépression chez des millions de jeunes.

Il y a eu eu beaucoup de discussions dans la communauté scientifique et dans les médias sur la façon dont les sites de réseautage social comme Facebook affectent la santé mentale. À titre d’exemple, certaines données montrent que plus une personne passe de temps sur Facebook, plus elle est déprimée. De telles constatations ont inspiré le terme “Facebook depression” (qu’on peut traduire par “dépression liée à Facebook”), qui décrit la dépression résultant d’une utilisation prolongée de Facebook. Cependant, la nouvelle étude fait un autre constat : il semble que ce ne soit pas le temps passé sur Facebook en soi qui contribue à la dépression.

Mais c’est plutôt l’utilisation addictive de la plateforme qui semble être la plus nuisible au bien-être. L’auteur de l’étude, Soon Li Lee, et ses collègues ont proposé que la dépendance à Facebook puisse prédire la gravité de la dépression par le biais de deux expériences dépressives distinctes : la dépendance et l’autocritique. Ils ont mené une étude longitudinale pour examiner la dépendance et l’autocritique au fil du temps parmi un échantillon d’utilisateurs déprimés de Facebook. Les participants à l’étude étaient 250 utilisateurs malaisiens de Facebook qui avaient reçu un diagnostic de dépression. Les participants ont rempli deux enquêtes en ligne.

Une au début de l’étude et une autre lors d’un suivi six mois plus tard. Les mesures de l’enquête comprenaient l’échelle d’intensité de Facebook, une évaluation de la connexion émotionnelle à Facebook et de son intégration dans la vie quotidienne. Elles comprenaient également l’échelle de dépendance à Facebook de Bergen, une évaluation des tendances comportementales de dépendance, comme l’incapacité à réduire son utilisation de Facebook malgré les efforts déployés. Enfin, il y avait une mesure de la gravité de la dépression et des mesures des expériences dépressives distinctes que sont l’autocritique et la dépendance.

L’étude explique pourquoi la dépendance à Facebook pourrait contribuer à la dépression. Les personnes addictes à Facebook sont obligées de répondre régulièrement aux mises à jour de leurs contacts sociaux afin de susciter l’acceptation des autres. Ce faisant, elles renforcent leur dépendance (leur hypersensibilité au rejet) ou leur autocritique (leur tendance à amplifier leurs propres insuffisances). Ces processus sapent leur estime de soi et dégénèrent en dépression. Les résultats globaux suggèrent que l’utilisation excessive de Facebook est nuisible aux utilisateurs déprimés, aggravant la gravité de leur dépression actuelle et future.

Les résultats ont révélé que, lors des deux vagues de l’étude, les participants ayant une utilisation addictive plus importante de Facebook ont rapporté des expériences dépressives plus saillantes et une dépression plus sévère. Toujours dans les deux phases, la relation entre la dépendance à Facebook et la dépression était médiée par la dépendance et l’autocritique. « Il sera utile de surveiller l’utilisation de Facebook par les personnes souffrant de dépression clinique, car les résultats suggèrent que cette utilisation augmente la gravité de la dépression », a déclaré Lee, maître de conférences en psychologie à l’université Monash de Malaisie.

« Cette étude doit être menée avec discrétion. Les résultats et leurs interprétations ultérieures dépendent de la qualité de l’utilisation de Facebook. Par conséquent, en fonction de la portée de l’enquête, l’utilisation de Facebook peut être bénéfique pour les utilisateurs », a-t-il ajouté. Un autre fait intéressant révélé par l’étude, lorsque les chercheurs ont pris en compte le décalage temporel, l’utilisation addictive de Facebook au début de l’étude était un prédicteur direct de la gravité de la dépression six mois plus tard, mais les effets indirects de la dépendance et de l’autocritique n’étaient plus significatifs.

Selon les auteurs de l’étude, cela suggère que ces processus se produisent simultanément au lieu de se développer au fil du temps. « Les résultats incohérents m’ont surpris. Au début, j’ai trouvé que l’autocritique et la dépendance médiatisaient (servaient de médiateurs) la relation entre la dépendance à Facebook et la dépression. Cela signifie que l’addiction à Facebook augmentait les tendances à l’autocritique et à la dépendance, qui se manifestaient finalement par la dépression. Ces résultats ont été obtenus sans tenir compte du décalage temporel », a déclaré Lee à propos de ces résultats.

Cependant, le problème ne concerne pas que Facebook, en août dernier, des analystes de Bernstein Research, considéré comme l’une des principales entreprises de recherche et de courtage de Wall Street, ont comparé l’utilisation de l’application chinoise de médias sociaux TikTok à la nature “incroyablement addictive” du crack, une drogue plus addictive que la cocaïne. De même, plus récemment, les législateurs américains présentent un projet de loi bipartisane visant à interdire TikTok aux États-Unis. Le projet de loi compare TikTok à du “fentanyl numérique”, en référence à une drogue très puissante.

Les résultats de l’étude de Lee sont conformes aux études antérieures qui suggèrent que l’utilisation excessive de Facebook peut avoir un effet néfaste sur l’évolution du traitement des patients souffrant de troubles mentaux. Notamment, l’addiction à Facebook, la dépression et les expériences dépressives semblent être relativement stables dans le temps. Cependant, l’utilisation de seulement deux vagues de données limite les chercheurs à tirer des conclusions sur la stabilité des variables. « La conception elle-même ne nous permet pas de tirer une conclusion concrète. C’est une mise en garde majeure pour cette étude », a déclaré Lee.

« Nous espérons pouvoir trouver un moyen de résoudre le problème de la ‘poule et de l’œuf’ (par exemple, l’utilisation de la technologie influence-t-elle directement la gravité de la dépression ou la gravité de la dépression influence-t-elle l’utilisation de la technologie). Une comparaison avec de jeunes adultes en bonne santé pourrait constituer une extension utile de la portée de l’étude. C’est ce que j’ai l’intention de faire dans le cadre de mes prochaines recherches », a-t-il conclu.

Lire aussi : Il est prouvé que Facebook a un impact négatif sur la santé mentale

Sources : DeveloppezRapport de l’étude


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