Le Parlement européen a demandé des caméras de vidéosurveillance à reconnaissance faciale, malgré son opposition publique à cette technologie


Les groupes de protection de la vie privée posent des questions.

Une enquête menée par le Conseil irlandais pour les libertés civiles (ICCL) a révélé que le Parlement européen (PE) – tout en s’opposant publiquement à la technologie de reconnaissance faciale – avait demandé l’acquisition de caméras de vidéosurveillance dotées d’une fonction de reconnaissance faciale.

Le Dr Kris Shrishak, membre de l’association, a soulevé la question dans une lettre adressée au président du Parlement européen.

Plus précisément, M. Shrishak souhaite que Roberta Metsola clarifie si et depuis combien de temps le PE utilise des CCTV à capacité de reconnaissance faciale, et si le PE utilise toujours cet équipement, lié à la société chinoise Hikvision – une société très controversée en Occident en raison de son rôle dans la surveillance de la population ouïgoure.

Les informations dont dispose le PE au sujet de cette technologie sont issues de 32 documents qu’ICCL a obtenus, montrant que cette institution de l’UE a lancé un appel d’offres pour l’achat de telles caméras dès 2015.

Ce que l’on sait pour l’instant, c’est que les caméras thermiques de Hikvision ont été installées dans les locaux du PE en 2020, puis retirées en 2021. Mais le groupe irlandais de défense des libertés civiles veut savoir si et quels autres appareils produits par le fabricant chinois pourraient encore être utilisés.

Le lien entre les caméras de vidéosurveillance du PE et Hikvision est la société néerlandaise Nedap, partenaire de Hikvision. Une exigence de l’appel d’offres pour les caméras acquises en 2015 était la compatibilité et l’intégration avec les systèmes de sécurité existants, développés par Nedap.

Dans sa lettre, M. Shrishak qualifie d’“inquiétant” le fait que le PE ait annoncé l’appel d’offres et note que le public ne sait toujours pas quand, à quelle fréquence et dans quel but la technologie de reconnaissance faciale a été utilisée.

Mais une chose est évidente, comme le souligne Shrishak :

“Compte tenu de l’opinion des députés européens sur la technologie de reconnaissance faciale dans les discussions sur la loi européenne sur l’IA, l’achat de ces caméras soulève un certain nombre de questions auxquelles il faut répondre.”

La lettre envoyée à Metsola prend note du fait que les documents obtenus par ICCL montrent que des caméras de surveillance ont été utilisées dans les trois locaux du PE à Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg.

Outre le fait de demander si les capacités de reconnaissance faciale, détaillées dans les termes techniques des documents d’appel d’offres, ont été activées et pendant combien de temps, la lettre demande également des informations sur la manière dont le PE a traité les données enregistrées par les caméras.

ICCL souhaite surtout savoir si le Parlement européen a retiré tous les équipements Hikvision (et Dahua), ou seulement les caméras thermiques.

Lire aussi : L’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale ne répond pas aux normes éthiques et légales

Source : Reclaim The Net – Traduit par Anguille sous roche


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