Mind Emulation, une fondation qui s’emploie à immortaliser l’esprit humain à travers un processus numérique dans les décennies à venir


Si la préoccupation de certains est l’interfaçage du cerveau humain avec une IA pour compenser le retard que l’être humain pourrait avoir sur cette dernière dans les prochaines décennies, certains travaillent plutôt à immortaliser l’esprit humain à travers un processus numérique.

Enfin, c’est ce que la fondation Mind Emulation s’emploie à réaliser dans les décennies à venir. Mind Emulation s’est donnée pour mission de financer et de mener des recherches qui permettront d’émuler numériquement un connectome biologique ou l’esprit, la propriété émergente de votre corps.

L’idée de Mind Emulation semble floue et folle ou tout droit sortie d’un film de science-fiction, mais la fondation promet de se donner les moyens pour y arriver. Selon elle, la plupart des philosophes et des scientifiques s’accordent à dire que l’esprit est une propriété émergente de votre corps, plus précisément, du connectome. Le connectome est le réseau complet de connexions neuronales dans votre cerveau et votre système nerveux. Aujourd’hui, votre connectome est biologique. Cependant, la fondation estime qu’il est possible de l’émuler numériquement.

Selon la fondation, comme l’esprit est une propriété émergente du connectome, si l’on émule un connectome biologique à par un processus numérique, alors il aurait la même propriété émergente du connectome biologique. En effet, l’argument principal de la fondation pour se lancer dans une telle étude est que votre corps biologique vous laissera tomber. Mais ce qui fait que vous êtes vous, ce n’est pas votre corps. C’est votre esprit. Par conséquent, l’émulation de l’esprit aura pour avantage de permettre à votre esprit de continuer à vivre après la mort de votre corps.

Si cet argument paraît convaincant, certaines critiques pensent que la fondation minimise la complexité de l’esprit humain. Selon elles, cela ne se résume pas seulement un réseau de neurones, mais va bien au-delà. Ces dernières affirment aussi qu’il existe une importante quantité de fonctionnalités et de processus physiques à l’œuvre, et ce même dans les cellules les plus simples, mais cette orchestration est malheureusement régulièrement ignorée par ces comparaisons entre le cerveau humain et un ordinateur numérique, et parfois avec l’IA.

En gros, selon elles, l’esprit n’est pas quelque chose qui est recréable dans un système numérique, tout en ajoutant que tout le reste n’est qu’une imitation partielle, probablement parce qu’elle permet cette spéculation de science-fiction et les rêves d’immortalité des personnes vivant dans le nuage. De son côté, Mind Emulation à un plan bien détaillé de la manière dont elle compte s’y prendre. La fondation a déclaré qu’une façon d’émuler un esprit est de cartographier l’ensemble du connectome. L’on estime qu’il y a environ 100 billions de connexions dans un cerveau humain.

Toutes ces connexions s’inscrivent dans un volume d’environ 1 000 cm³. Pour scanner toutes ces connexions, il faudrait une résolution proche du nanomètre. La fondation a rappelé qu’en 2015, cela a été fait pour la première fois pour une petite partie du cerveau, mais la mise à l’échelle pour un cerveau humain entier présente de nombreux défis. De plus, une fois que vous disposez d’un connectome humain complet, il reste à l’imiter numériquement. Deux approches sont alors proposées pour l’émulation de l’esprit : l’une dite destructrice et l’autre non destructrice.

Le scan destructif du connectome comporte de nombreuses étapes : la préservation, le stockage, le scan et enfin l’émulation. En cas de mort biologique, le corps est soumis à une cryopréservation stabilisée par des aldéhydes. Selon la fondation, ce processus utilise le glutaraldéhyde pour stabiliser la structure du cerveau et la vitrification pour préserver le corps afin qu’il puisse être stocké à -135 °C indéfiniment. Par ailleurs, le corps pourrait être stocké jusqu’à ce que le coût lié à la numérisation et de l’émulation ait considérablement diminué.

À ce moment-là, le corps sera divisé de manière à pouvoir être scanné avec un microscope électronique. Ensuite, ces scans pourront être utilisés afin de créer une reconstruction 3D du connectome et par la suite être émulés numériquement. À la fin du processus, l’émulation numérique pourrait alors interagir avec le reste du monde en se servant d’une simple interface texte ou encore d’un avatar robotique plus sophistiqué avec des représentations numériques du goût, de la vue, du toucher, de l’odorat et du son. Cela à tout l’air d’un mannequin 3D, mais qui est cette fois-ci doté d’un cerveau humain.

De l’autre côté, le scan non destructif du connectome est similaire au scan destructif, par contre le scan est effectué à partir d’un être vivant.

L’approche la plus connue de ce problème est l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Les appareils d’IRM à haute résolution disponibles dans le commerce ne sont que submillimétriques, ce qui est des dizaines de milliers de fois pire que la résolution nécessaire en nanomètre. Cela dit, la fondation a déclaré être contente du fait que technologie de l’IRM évolue rapidement, atteignant en 2017 le niveau du nanomètre.

Quant à la disponibilité de l’émulation de l’esprit, Mind Emulation a affirmé qu’il est difficile de faire une prévision. Tout de même, elle estime qu’il y a trois raisons d’être optimiste. Premièrement, plusieurs problèmes fondamentaux ont été résolus à très petite échelle. Ainsi, il est beaucoup plus facile de mettre à l’échelle un concept qui a fait ses preuves à petite échelle que de faire une découverte révolutionnaire. Et deuxièmement, à l’heure actuelle, il existe déjà une technologie permettant de préserver et de stocker indéfiniment votre connectome.

Même s’il faut des centaines d’années pour que le reste du processus soit disponible, la fondation pense que toute personne vivant aujourd’hui pourrait encore en bénéficier si elle était préservée à sa mort biologique. Enfin, elle a ajouté que les choses s’améliorent de manière exponentielle. De ce fait, elle estime que si vous tracez les plus grands connectomes à résolution synaptique cartographiés au fil du temps à l’aide d’une échelle logarithmique, une prévision raisonnable pour le premier cerveau humain cartographié serait pour l’année 2084.

Neuralink, MIT, Facebook et la majorité des startups qui travaillent actuellement sur le cerveau de l’être humain s’intéressent à une interface cerveau-machine, mais la vision de Mind Emulation va plus loin. Même si la technologie évolue rapidement, avec des apports considérables dans le domaine de la biologie (les exosquelettes qui peuvent être pilotés par la pensée, Neuralink qui promet l’arrivée très prochaine d’une puce cérébrale pour guérir la dépression et la dépendance, etc.), l’émulation numérique de l’esprit humain est-elle réellement possible ?

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Sources : DeveloppezMind Emulation


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