La Russie devient le premier pays à interdire la scientologie en tant que « menace pour la sécurité nationale »
Le ministère russe de la Justice mène une guerre contre la Scientologie, interdisant cette semaine à l’organisation d’opérer sur le sol russe. Ce n’est pas la première fois que Moscou prend des mesures juridiques contre le groupe.
Dans une liste mise à jour publiée vendredi, deux entités clés de l’Église de Scientologie figurent désormais sur la liste noire des “indésirables” – la désignation la plus sévère jamais prise par le gouvernement russe.
Qualifiant le groupe de “menace pour la sécurité de la Fédération de Russie”, un communiqué de presse décrit que “Le 1er octobre, l’Institut mondial de Scientologie Enterprises International, la bibliothèque L. Ron Hubbard ainsi que l’ENEMO ont été ajoutés à la liste des organisations dont l’activité est jugée indésirable en Russie par le bureau du procureur général.”
Les deux entités citées sont des holdings basées en Californie et seraient vitales pour les opérations de la Scientologie dans les pays étrangers. Le fait d’être ajouté à la liste des “indésirables” signifie que tous les bureaux locaux sont fermés par l’État et que les actifs sont gelés.
Moscou affirme depuis longtemps qu’il s’agit d’une “entreprise se faisant passer pour une religion” – des arguments similaires à ceux avancés par les détracteurs de la Scientologie en Occident, qui font également pression depuis longtemps sur Washington pour que le statut d’exonération fiscale de la Scientologie soit révoqué.
Dans la plupart des pays du monde, le groupe est officiellement considéré comme une religion et bénéficie donc d’une exonération fiscale, à l’exception majeure de la Russie. Aux États-Unis, où la Scientologie est née il y a plus d’un demi-siècle, lorsque le romancier américain de science-fiction L. Ron Hubbard a rédigé ses textes fondateurs (qui comptent des milliers et des milliers de pages), elle a suscité une énorme controverse.
Cette controverse et les projecteurs des médias se sont particulièrement développés au cours de la dernière décennie aux États-Unis. Après qu’un certain nombre de scientologues très en vue, dont des célébrités comme Tom Cruise et John Travolta (bien qu’il y ait des rumeurs selon lesquelles ce dernier s’est éloigné de la Scientologie), soient devenus de fervents défenseurs de l’opinion publique – y compris en défendant certaines pratiques bizarres comme le fait de forcer les femmes à “rester silencieuses” pendant l’accouchement -, le nombre croissant de documentaires consacrés à cet étrange système de croyances a provoqué un retour de bâton.
Selon la chaîne russe RT News, le Kremlin lorgne depuis longtemps sur la Scientologie, depuis sa présence juste après l’effondrement de l’Union soviétique dans les années 1990 :
La décision fait suite à une campagne de plusieurs décennies visant à interdire à la Scientologie de profiter illégalement du territoire russe, le premier effort majeur pour restreindre le groupe remontant à 1996, à l’époque de Boris Eltsine et quelque douze ans après que l’organisation ait pris pied dans ce qui était alors l’Union soviétique.
Toutefois, ce n’est qu’à partir des années 2010 que les autorités ont réellement sévi contre les groupes de Scientologie, enquêtant sur les principales branches de Moscou et de Saint-Pétersbourg, ainsi que sur leurs dirigeants, pour activités commerciales illégales et extrémisme.
La Scientologie est connue pour employer une armée d’avocats, rendant souvent extrêmement difficile pour les gouvernements locaux, étatiques ou centraux de s’en prendre au groupe – qui gagne souvent des procès en se présentant comme une religion valide.
D’autres pays européens comme la Belgique et la France ont récemment vu des affaires très médiatisées propulser la Scientologie sous les feux de la rampe, certains responsables européens la qualifiant de “secte”. Cependant, la Russie s’impose désormais comme le pays dont les lois contre l’organisation sont de loin les plus restrictives.
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Source : Zero Hedge – Traduit par Anguille sous roche
