Comment l’exercice régulier restructure le cerveau
L’activité physique peut faire des merveilles pour le corps. L’exercice permet de perdre du poids, de ciseler les muscles et de renforcer le bas du dos, entre autres avantages. Moins visible, mais non moins importante, l’activité physique peut également améliorer votre cerveau. La science révèle de plus en plus que le cerveau des personnes qui font régulièrement de l’exercice peut être très différent de celui des personnes qui n’en font pas.
Les changements peuvent commencer à se produire à l’adolescence. En examinant la littérature scientifique en 2018, des chercheurs de l’Université de Californie du Sud ont constaté que pour les adolescents âgés de 15 à 18 ans, les personnes faisant régulièrement de l’exercice avaient tendance à avoir des volumes hippocampiques plus importants ainsi que des volumes frontaux moyens rostraux plus importants par rapport aux adolescents témoins appariés en bonne santé. L’hippocampe est le plus souvent associé à la mémoire et à la navigation spatiale, tandis que le gyrus frontal moyen rostral a été associé à la régulation des émotions et à la mémoire de travail. Des études suggèrent que ces changements structurels se traduisent par une amélioration des performances cognitives et des résultats scolaires.
Les effets bénéfiques de l’exercice sur le cerveau se prolongent à l’âge adulte, même si le cerveau a tendance à être moins “plastique” (facilement modifiable) avec l’âge. Des scientifiques de l’université Rutgers l’ont magnifiquement démontré dans une étude publiée au début de l’année dernière :
Les chercheurs ont recruté des Afro-Américains âgés, tous auparavant sédentaires, pour suivre pendant vingt semaines des cours d’exercices de cardio-danse organisés deux fois par semaine dans des églises locales et des centres pour personnes âgées. Par rapport au groupe témoin composé de membres de la communauté d’âge et d’origine similaires qui ne faisaient pas d’exercice, les participants au programme ont montré des améliorations significatives de la connectivité cérébrale dynamique (ou “flexibilité neuronale”) dans leur hippocampe et le lobe temporal médian environnant, mesurées par IRM fonctionnelle au repos.
Dans une autre étude, publiée en août 2019, les scientifiques ont examiné 45 ensembles de vrais jumeaux adultes qui, au sein de leur paire, différaient tous fortement en termes de niveaux d’activité physique. “Les cojumeaux plus actifs présentaient des volumes de matière grise plus importants dans les régions striatale, préfrontale et hippocampique, et des volumes de matière grise plus petits dans la zone cingulaire antérieure que les cojumeaux moins actifs”, ont constaté les chercheurs.
Les scientifiques ont également examiné les capacités cognitives des jumeaux.
“Une activité physique accrue pourrait accélérer le traitement préconscient des stimuli visuels et, dans le domaine somatosensoriel, améliorer le traitement sélectif de l’attention en atténuant la force des signaux somatosensoriels déviants non pris en compte”, ont-ils ajouté.
Les modifications cérébrales semblent effectivement bénéfiques, mais les études actuelles sur les jumeaux sont trop petites et les participants trop jeunes pour déterminer si les changements induits par l’exercice physique peuvent réellement réduire le risque de troubles cognitifs ou améliorer des résultats tels que l’éducation ou le revenu.
Les chercheurs ont également essayé des interventions d’exercice sur des adultes beaucoup plus âgés, même ceux atteints de la maladie d’Alzheimer, pour voir si l’activité physique pouvait réparer leur cerveau sinistré. En 2016, une équipe de scientifiques a recruté 68 personnes âgées souffrant probablement de la maladie d’Alzheimer pour déterminer si le fait de bouger davantage pouvait les aider à soulager leurs symptômes. Certains sujets ont fait de l’aérobic pendant 150 minutes par semaine, tandis que d’autres ont suivi un régime de contrôle moins rigoureux d’étirements et de tonification pendant 26 semaines. À la fin de l’étude, les sujets du groupe d’exercices aérobiques ont obtenu de meilleurs résultats à l’évaluation de l’invalidité liée à la démence que ceux du groupe témoin. L’amélioration de la condition cardiorespiratoire était également liée à une amélioration de la mémoire et à une réduction de l’atrophie de l’hippocampe.
L’exercice physique améliore également le cerveau des personnes âgées en bonne santé. Selon une étude publiée en août de l’année dernière, pratiquer trente minutes d’activité physique par jour semble préserver les volumes cérébraux des adultes de plus de 70 ans par rapport aux personnes sédentaires. En outre, une meilleure aptitude cardiorespiratoire était liée à des niveaux plus faibles d’atrophie cérébrale dans cette recherche.
L’exercice peut notamment induire des changements dans le cerveau en augmentant les niveaux de la protéine facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF) dans le sang, qui est liée à la neurogenèse. Plus de BDNF peut signifier plus de nouveaux neurones dans le cerveau. L’exercice régulier augmente également la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins dans le cerveau et aide à maintenir les vaisseaux existants, ce qui stimule le flux sanguin dans l’organe qui a besoin d’oxygène. Enfin, l’activité physique semble maintenir la microglie en bon état de marche. La microglie “vérifie en permanence que le cerveau n’est pas menacé par des microbes ou des cellules mourantes ou endommagées et élimine tout dommage qu’elle trouve”, a écrit Áine Kelly, professeur de physiologie au Trinity College de Dublin, pour The Conversation.
Bouger régulièrement son corps est peut-être ce qui se rapproche le plus d’une panacée en matière de santé, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du crâne.
Sources : Zero Hedge, Ross Pomeroy via RealClear Science – Traduit par Anguille sous roche
