Le moment de la journée où vous mangez pourrait faire une différence dans votre santé mentale
Travailler pendant que tout le monde dort peut mettre votre santé mentale en danger.
Selon de nouvelles recherches, le fait de confiner vos repas aux heures de la journée pourrait contribuer à réduire les risques de dépression ou d’anxiété.
Lorsque l’horloge biologique interne normale est perturbée, par exemple en restant éveillé pendant les heures de sommeil habituelles, cela peut avoir un impact négatif sur l’humeur et le bien-être émotionnel d’une personne.
Des études suggèrent que même après des années passées à travailler de nuit, notre corps ne s’adapte pas complètement à cet horaire modifié. En fait, les effets négatifs semblent s’aggraver à mesure que l’horloge biologique est perturbée.
Alors comment protéger les travailleurs postés comme les infirmières, les agents de sécurité et les pompiers – qui représentent 30 % de la main-d’œuvre mondiale – d’une mauvaise santé mentale tout en maintenant des services essentiels 24 heures sur 24 ?
La mélatonine et les thérapies par la lumière sont déjà étudiées comme solutions. Aujourd’hui, les chercheurs proposent une autre panacée potentielle : la modification de l’heure des repas.
“Nos résultats ouvrent la voie à une nouvelle stratégie comportementale en matière de sommeil et de rythme circadien qui pourrait également profiter aux personnes souffrant de troubles mentaux”, explique la neuroscientifique Sarah Chellappa, qui a participé à la réalisation de l’essai randomisé alors qu’elle travaillait au Brigham and Women’s Hospital de Boston.
“Notre étude vient s’ajouter à un nombre croissant de données probantes indiquant que les stratégies qui optimisent le sommeil et les rythmes circadiens peuvent contribuer à promouvoir la santé mentale.”
L’équilibre hormonal d’un être humain typique fluctue tout au long de la journée en fonction de son horloge circadienne, et des données probantes suggèrent que les repas de nuit peuvent perturber le métabolisme.
Cela pourrait expliquer en partie pourquoi les travailleurs en équipes ont tendance à avoir un indice de masse corporelle et un rapport taille/hanche plus élevés que les travailleurs de jour.
Un mauvais contrôle de la glycémie est également un facteur de risque courant de perturbation de l’humeur. En outre, la dépression et l’obésité vont souvent de pair dans un cercle vicieux qui augmente le risque et la gravité de l’une ou l’autre de ces affections.
Compte tenu de ces résultats, les chercheurs cherchent à savoir si le fait d’éviter les repas le soir pourrait améliorer le bien-être des travailleurs en équipes.
Il s’agit encore d’un domaine de recherche émergent, mais cet essai récent suggère que le fait de confiner les repas à la journée pourrait contribuer à prévenir les vulnérabilités de l’humeur associées au travail de nuit.
Pendant deux semaines, 19 participants ont été soumis à une simulation de travail de nuit dans le cadre d’un essai randomisé et contrôlé.
Les repas d’une moitié du groupe étaient pris à la fois de jour et de nuit, tandis que l’autre moitié ne mangeait que de jour.
Toutes les autres parties de l’essai étaient identiques, y compris les calories consommées, la durée du sommeil, l’activité physique et les conditions d’éclairage.
Lorsque des travailleurs de nuit simulés se sont vu servir des repas le jour et la nuit (comme c’est le cas pour de nombreux travailleurs en équipes), les auteurs ont constaté une augmentation de 26 % des niveaux d’humeur de type dépression et de 16 % des niveaux d’humeur de type anxiété par rapport à une mesure de référence. Le groupe qui ne mangeait que pendant la journée n’a pas signalé de tels changements d’humeur.
Ce qui est encore plus convaincant, c’est que les personnes dont les rythmes circadiens présentaient le plus grand désalignement étaient également plus susceptibles de présenter des symptômes de type dépression et anxiété.
“Nous avons trouvé des preuves que l’heure des repas avait des effets modérés à importants sur les niveaux d’humeur de type dépression et anxiété pendant le travail de nuit simulé, et que ces effets étaient associés au degré de désalignement circadien interne”, écrivent les auteurs.
“Ces résultats offrent une preuve de concept d’une intervention fondée sur l’horaire des repas qui peut prévenir la vulnérabilité de l’humeur dans le cadre du travail posté”, ajoutent-ils.
L’essai randomisé a été conçu de manière rigoureuse, bien que de petite envergure, mais en raison de la conception de l’expérience, les résultats ne peuvent pas nous dire comment ou pourquoi l’heure d’un repas semble avoir un effet aussi radical sur l’humeur d’un travailleur en équipes.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si l’intolérance au glucose pendant la nuit pourrait jouer un rôle. Les résultats d’un autre essai randomisé récent suggèrent que le fait de ne manger que pendant la journée peut prévenir les déséquilibres de glucose que les travailleurs en équipes pourraient développer.
D’autres études pourraient également examiner si un rythme circadien mal aligné peut modifier le microbiote intestinal d’une manière qui aggrave la santé mentale.
À l’instar du système hormonal humain, le microbiome intestinal est également étroitement lié au rythme circadien humain. Lorsque l’horloge biologique est mal réglée, des études suggèrent que le microbiome intestinal peut être perturbé et favoriser l’inflammation.
Qui plus est, une altération du microbiome intestinal a été associée à des symptômes d’anxiété et de dépression.
“Le moment des repas apparaît comme un aspect important de la nutrition susceptible d’influencer la santé physique”, explique M. Chellappa.
“Mais le rôle causal du moment de la prise alimentaire sur la santé mentale reste à tester.”
L’étude a été publiée dans la revue PNAS.
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Source : ScienceAlert – Traduit par Anguille sous roche
