La Chine prévoit de construire le plus grand canal d’eau du monde entre le barrage des Trois-Gorges et Shanghai


Projet visant à convertir des terrains vagues, de la taille du Chili, en exploitations agricoles.

Barrage des Trois-Gorges – Wikimedia Commons

Dans le cadre de son projet de détournement de l’eau du Sud vers le Nord, la Chine a entamé les travaux de construction d’un canal ouvert de 1 400 km de long, le plus grand du monde, selon le South China Morning Post (SCMP).

Le ralentissement de l’activité économique dû à la pandémie de coronavirus a incité le gouvernement chinois à dépenser dans des projets à grande échelle pour stimuler la croissance. Le mois dernier, nous avons rapporté que le pays avait quadruplé ses projets de stockage d’énergie hydroélectrique, alors qu’il les avait exposés il y a seulement trois mois.

Toutefois, le projet de dérivation des eaux du Sud vers le Nord n’est pas une nouveauté, mais est en cours de réalisation depuis plus de cinq décennies. Les parties orientale et méridionale de la Chine ont un excédent d’eau, tandis que le nord et l’est sont confrontés à une grave pénurie. L’idée du détournement de l’eau est de rendre l’eau accessible aux zones arides. Il a permis d’envoyer 54 milliards de mètres cubes d’eau du fleuve Yangtsé vers le nord de la Chine depuis 2014, date à laquelle une partie du projet est devenue opérationnelle.

Le tunnel de Yinjiangbuhan

Dans le cadre de la nouvelle phase du projet, la Chine vise à drainer l’eau du barrage des Trois-Gorges vers la rivière Han, un affluent du fleuve Yangtsé. L’eau du barrage sera envoyée vers le réservoir de Danjiangkou, dans le cours inférieur de la rivière Han, par le tunnel de Yinjiangbuhan, un grand canal ouvert.

Comparé au Päijänne en Finlande, qui s’étend sur un peu plus de 120 km, le tunnel de Yinjiangbuhan devrait s’étendre sur 1 400 km, avec certaines de ses parties situées à près de 1 000 m sous terre, contre 130 m pour le tunnel finlandais.

La construction du tunnel, qui devrait coûter 60 milliards de yuans (8,9 milliards de dollars), pourrait prendre jusqu’à dix ans et, une fois achevé, il acheminera les eaux du barrage des Trois-Gorges jusqu’à Pékin. La construction du plus grand tunnel du monde fera également traverser aux ingénieurs certains des terrains les plus difficiles que l’humanité ait connus. Des pressions élevées dans des roches profondes, des lignes de faille actives et des risques d’inondation et de chaleur excessive sont quelques-uns des défis à relever pour mener à bien le projet.

En quoi cela aidera-t-il la Chine ?

En plus de contribuer à la relance de l’économie, le projet devrait transformer près de 570 000 km² de terres en friche, soit la taille du Chili, en terres arables qui seront utilisées pour la culture du blé, du riz, du maïs, des haricots et d’autres cultures similaires. La production alimentaire annuelle de la Chine pourrait ainsi augmenter de 595 millions de tonnes, soit autant que la production actuelle des États-Unis.

Avec 660 millions de tonnes, la production alimentaire annuelle de la Chine est actuellement la plus importante au monde. Toutefois, avec une population de 1,4 milliard d’habitants à nourrir, elle importe également 110 millions de tonnes de céréales chaque année, indique le SCMP dans son rapport. Avec l’augmentation de la production alimentaire, la Chine pourrait devenir un exportateur net de denrées alimentaires au cours des deux prochaines décennies.

Toutefois, ce qui reste inconnu, c’est l’impact environnemental de cette tâche monumentale. L’effet de l’un des plus importants efforts d’ingénierie de l’eau de l’histoire de l’humanité verra également des incertitudes ajoutées par le changement climatique.

Lire aussi : Les stocks d’uranium montent en flèche alors que le marché découvre les plans de la Chine pour 150 réacteurs nucléaires

Source : Interesting Engineering – Traduit par Anguille sous roche


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1 réponse

  1. Gajanand dit :

    C’est vraiment une très très mauvaise nouvelle… Catastrophe écologique en devenir.

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