Quand les tensions entre vaccinés et non-vaccinés s’invitent dans la cour d’école – « La chasse aux non-vaccinés »


Des parents qui choisissent de ne pas faire vacciner leurs enfants s’inquiètent de les voir stigmatisés. Et une psychologue prévient que le climat social polarisé a bel et bien des conséquences sur les plus jeunes.

« Je n’en croyais pas mes yeux! » Anthony, un surveillant au service de garde d’une école primaire, a été choqué, c’est le moins qu’on puisse dire, lorsqu’il a été témoin, il y a quelques jours, d’un jeu des plus particuliers auquel s’adonnaient les enfants dans la cour d’école : la chasse aux non-vaccinés.

« Le jeu allait comme suit : il y avait un hôpital dans la cour d’école, où des infirmières administraient le vaccin “obligatoire” contre la COVID-19. Un premier groupe, les vaccinés, devait courir après le second groupe, les non-vaccinés, pour les attraper et les forcer à aller se faire donner l’injection. »

— Une citation de Anthony, surveillant en service de garde dans une école primaire de la région de Québec

Le tout était une mise en situation, évidemment. Les groupes n’étaient pas divisés selon le véritable statut vaccinal des enfants, selon lui. Mais il n’en demeure pas moins que ce jeu improvisé par les enfants l’a rendu mal à l’aise au point où il s’est précipité pour en parler à sa supérieure.

Elle m’a dit que c’était en effet inacceptable. Sa supérieure lui a assuré qu’un message serait transmis aux enseignants pour les mettre au courant du jeu malsain auquel se prêtaient les enfants. Anthony préfère d’ailleurs ne pas partager publiquement son nom de famille pour ne pas exposer son employeur, qui s’est montré sensible et qui a réagi face à la situation, selon lui.

Malgré cela, il était important pour lui de parler de cet événement. Ça prouve à quel point tout ce qui se passe au Québec en ce moment, avec la division quant aux restrictions sanitaires, ça se rend aux oreilles des enfants et ça les influence, dit-il.

La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier n’est pas surprise de cet incident et le trouve éloquent à sa manière.

« C’est magnifiquement parlant, cet exemple-là. Les enfants transforment en jeu une réalité sociale qu’ils subissent. C’est leur manière d’exprimer ce qu’ils perçoivent. »

— Une citation de Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue, conférencière et professeure associée à l’UQAM

La psychologue, qui a aussi corédigé le guide Parler de la COVID-19 aux enfants, ne croit pas que des incidents semblables se déroulent dans toutes les cours d’école ces jours-ci.

Elle est toutefois convaincue que les enfants sont très conscients du climat de polarisation et du déchirement social qui s’accentue entre vaccinés et non-vaccinés, et qu’ils en sont influencés. Les enfants entendent que de ne pas être vacciné, ce n’est pas bien. Donc, ils en font un jeu! Ce n’est pas bien surprenant, quand on y pense, affirme-t-elle.

« L’école, c’est comme une microsociété. Les enfants rejouent dans la cour d’école ce qui se passe à l’extérieur, dans l’espace social », explique la Dre Beaulieu-Pelletier.

Pressions et mises à l’écart d’enfants non vaccinés

Le surveillant Anthony assure aussi avoir vu, dans ses dernières semaines de surveillance, certains enfants faire la police et reprocher à d’autres jeunes ou à des adultes, parfois, de ne pas porter leur masque correctement, par exemple. Ils reproduisent clairement ce qu’ils entendent de leurs parents et à la télévision, dit-il.

Il ajoute avoir eu l’occasion de parler à une fillette de huit ans qui lui a confié que ses camarades de classe étaient au courant du fait qu’elle n’était pas vaccinée. La petite élève se serait plainte de se faire importuner par ses amis qui lui demandaient pourquoi elle ne l’était pas.

De son côté, Émilie a un petit garçon de sept ans qui vit une situation qu’elle dit similaire à celle de la fillette. La mère de famille préfère que son fils ne soit pas vacciné. Elle trouve que celui-ci paie le gros prix de sa décision de mère.

[…]

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