Il est encore l’heure de jouer à « où retombera la fusée chinoise »


Le dernier module de la nouvelle station spatiale chinoise a été lancé dans l’espace ce lundi après-midi depuis le centre de lancement de satellites de Wenchang, dans la province insulaire d’Hainan.

Crédits : Hua Jiajun / VCG

Les yeux sont désormais rivés sur le retour de l’étage central de la fusée.

Pour lancer les trois modules de sa nouvelle station spatiale, dont le vol de lundi, la Chine a utilisé une version modifiée de sa puissante fusée Longue Marche 5B. Toutefois, selon l’avis de nombreux spécialistes (la plupart occidentaux), sa conception pose problème.

En règle générale, lors d’un lancement, le grand premier étage d’une fusée fournit la poussée pendant les premières minutes avant que le vaisseau atteigne une vitesse orbitale. Il retombe ensuite sur Terre dans une zone prédéfinie (dans l’océan, loin des côtes). Certains étages plus grands vont un peu plus haut, mais opèrent des manœuvres de désorbitation contrôlée. Dans tous les cas, le deuxième étage prend alors le relais pour livrer la charge utile sur l’orbite prévue.

Ici, la version modifiée du Longue Marche 5B n’a pas de second étage. Cette fusée se compose en effet de seulement un étage central équipé de quatre boosters. Les propulseurs soulèvent la fusée hors du pad, puis les boosters sont libérés pour brûler dans l’atmosphère. Dès lors, c’est l’étage central, équipé de ses deux moteurs principaux YF-77, qui pousse lui-même les modules de la station spatiale en orbite terrestre basse. Cependant, à ce stade, la structure n’a plus la capacité de redémarrer ses moteurs principaux pour assurer une rentrée contrôlée dans l’atmosphère.

La fusée Longue Marche 5B avant son lancement le 25 octobre 2022. Crédits : OurSpace

Retour incontrôlé

Cet étage central ayant une masse estimée de plus de vingt tonnes, toute la structure ne brûlera pas dans l’atmosphère. Ainsi, de gros débris retomberont inévitablement en surface de manière incontrôlée. Par chance, la surface de notre planète est recouverte à plus de 70% d’eau, mais le risque zéro n’existe pas.

Lors des trois lancements précédents de cette fusée (en 2020, 2021 et 2022), des débris ont respectivement endommagé des villages de la République de Côte d’Ivoire, sont tombés dans l’océan Indien et ont atterri près de villages de Bornéo. Fort heureusement, personne n’a été blessé, mais plusieurs maisons ont été touchées.

Malgré les critiques à ce sujet, la Chine a toujours refusé de reconnaître le problème de désorbitation de cette fusée.

Sur la base des lancements passés de la Longue Marche 5B, nous pouvons probablement nous attendre à ce que la rentrée dans l’atmosphère terrestre se produise au cours du week-end prochain. Entre-temps, certains spécialistes utiliseront les données radars disponibles pour tenter d’estimer le point de chute. Cependant, il reste difficile d’anticiper la trajectoire d’un tel objet. L’atmosphère terrestre peut en effet se dilater ou se contracter avec l’activité solaire, ce qui complique le calcul de l’effet de la traînée atmosphérique sur la structure. La taille et de la densité de l’objet sont également un facteur.

Lire aussi : La Chine a perdu le contrôle de sa fusée et elle va s’écraser sur Terre

Source : Sciencepost


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