Instagram pour les enfants ? Mark Zuckerberg cible maintenant vos enfants


Et si le milliardaire les attrape tôt, il les aura pour la vie.

Le mois dernier, il a été fait état des projets de Facebook de développer un produit destiné aux personnes trop jeunes pour s’inscrire officiellement sur Instagram, la plateforme exigeant que les utilisateurs aient au moins 13 ans.

Facebook affirme que cela permettra à l’entreprise de se concentrer sur la confidentialité et la sécurité des enfants. La semaine dernière, une coalition internationale de défenseurs de la santé des enfants, réunie par Campaign for a Commercial-Free Childhood, une organisation à but non lucratif basée à Boston, a écrit une lettre ouverte à Zuckerberg, le directeur général de Facebook, propriétaire d’Instagram pour lui demander de renoncer à ses projets.

« Bien que la collecte de précieuses données familiales et la culture d’une nouvelle génération d’utilisateurs d’Instagram puissent être bonnes pour les résultats de Facebook, cela augmentera probablement l’utilisation d’Instagram par les jeunes enfants qui sont particulièrement vulnérables aux fonctions de manipulation et d’exploitation de la plateforme », peut-on y lire.

Des projets d’Instagram pour les moins de 13 ans évoqués ces dernières semaines

En mars, un post interne de Facebook a montré que les dirigeants discutaient des plans pour construire une version de l’application de partage de photos qui pourrait être utilisée par les enfants qui n’ont pas l’âge légal pour rejoindre Instagram. Stephanie Otway, une porte-parole de Facebook, a déclaré qu’Instagram en est aux premières étapes du développement d’un service pour les enfants dans le cadre d’un effort visant à garder les moins de 13 ans hors de sa plateforme principale. Bien qu’Instagram exige que les utilisateurs aient au moins 13 ans, de nombreux enfants plus jeunes ont menti sur leur âge pour créer des comptes : « Les enfants sont déjà en ligne et veulent se connecter avec leur famille et leurs amis, s’amuser et apprendre. Nous voulons les aider à le faire d’une manière sûre et adaptée à leur âge, et trouver des solutions pratiques au problème permanent de l’industrie des enfants qui mentent sur leur âge pour accéder aux applications. »

« Nous travaillons sur de nouvelles méthodes de vérification de l’âge pour empêcher les moins de 13 ans d’accéder à Instagram, et nous venons de commencer à explorer une expérience Instagram pour les enfants, adaptée à leur âge et gérée par les parents. Nous convenons que toute expérience que nous développons doit donner la priorité à leur sécurité et à leur vie privée, et nous consulterons des experts en développement de l’enfant, en sécurité des enfants et en santé mentale, ainsi que des défenseurs de la vie privée. Nous ne montrerons pas non plus de publicités dans toute expérience Instagram que nous développons pour les personnes de moins de 13 ans », a-t-elle ajouté.

Les craintes de la coalition

Facebook (ainsi que d’autres plateformes de médias sociaux) subit une pression croissante pour trouver des moyens d’empêcher les moins de 13 ans de s’inscrire. Mais les enfants peuvent le faire en mentant sur leur âge. Dans la lettre, les signataires soulignent que les moins de 13 ans déjà présents sur Instagram ne risquent pas de « l’abandonner pour un nouveau site qui semble bébé… La véritable cible d’Instagram pour enfants sera des enfants beaucoup plus jeunes », peut-on lire.

Josh Golin, directeur exécutif de Campaign for a Commercial-Free Childhood, a déclaré : « Le modèle économique d’Instagram repose sur une collecte de données étendue, la maximisation du temps passé sur les appareils, la promotion d’une culture du partage à outrance et de l’idolâtrie des influenceurs, ainsi qu’une focalisation incessante sur une apparence physique souvent altérée. Ce n’est certainement pas approprié pour des enfants de sept ans. »

Kathryn Montgomery, stratège principale du groupe américain de défense des droits numériques Center for Digital Democracy, a déclaré : « Facebook prétend que la création d’un Instagram pour les enfants aidera à assurer leur sécurité sur la plateforme. Mais le véritable objectif de l’entreprise est d’étendre sa franchise Instagram, lucrative et très rentable, à une population encore plus jeune, en introduisant les enfants dans un environnement de médias sociaux puissamment commercialisé qui présente de graves menaces pour leur vie privée, leur santé et leur bien-être. »

La lettre cite une étude de la Royal Society for Public Health, qui a classé Instagram comme la pire plateforme de médias sociaux pour la santé mentale des jeunes. L’étude affirme qu’Instagram est lié à un risque accru de troubles alimentaires, de cyberintimidation et de manipulation sexuelle. Cette semaine, Instagram a été contraint de s’excuser après qu’une “erreur” ait entraîné la promotion de contenus diététiques auprès d’utilisateurs souffrant de troubles alimentaires.

« L’accent mis par Instagram sur le partage de photos et l’apparence rend la plateforme particulièrement inadaptée aux enfants qui sont au milieu d’étapes cruciales du développement de leur sens de soi. Les enfants et les adolescents (en particulier les jeunes filles) ont appris à associer des photos d’eux-mêmes excessivement sexualisées et fortement retouchées à une plus grande attention sur la plateforme, et à une plus grande popularité auprès de leurs pairs », peut-on lire dans la lettre.

Une pression commerciale inutile s’exerce également sur les enfants, indique la lettre, citant une analyse de l’agence de surveillance numérique Sprout Social qui suggère qu’un post Instagram sur trois est une publicité. YouTube for Kids, qui ne montre pas de publicités, a récemment été critiqué pour avoir “introduit en fraude” du marketing et de la publicité avec des placements de produits. Instagram a également fait l’objet de critiques pour ne pas indiquer clairement quand les posts sont des publicités payantes. La lettre ajoute que Facebook a « une longue expérience de l’exploitation des jeunes », citant un défaut de conception de Messenger Kids qui permettait aux jeunes enfants de contourner les contrôles parentaux.

La lettre, adressée au chef de Facebook Mark Zuckerberg, est signée par 35 organisations (composé entre autres de l’Africa Digital Rights’ Hub au Ghana, l’Australian Council on Children and the Media, le Center for Digital Democracy à Washington, Common Sense Media à San Francisco, la Consumer Federation of America et la 5Rights Foundation en Grande-Bretagne) et 64 experts individuels, dont l’Electronic Privacy Information Center, Global Action Plan et Kidscape.

Actuellement, Facebook n’est pas la seule plateforme sous le feu des critiques pour la façon dont elle traite les jeunes. Le groupe néerlandais de protection de la vie privée Foundation for Market Information Research a affirmé que TikTok viole la vie privée des enfants conformément aux règles du GDPR. Elle prévoit de déposer une plainte officielle.

Lire aussi : Les listes choquantes de discours « non criminels » de la police secrète du Royaume-Uni mettent en danger la future carrière des enfants

Sources : DeveloppezLettre ouverte, billet de blog


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