Quand certains progressistes veulent faire table rase de la culture russe


Le 24 février 2022, Vladimir Poutine annonçait que la Russie entrait en guerre contre l’Ukraine. Rapidement, les premières troupes russes pénétraient en territoire ukrainien.

Nous n’épiloguerons pas sur l’enchainement des événements, leurs causes et leurs conséquences dramatiques pour les populations. Le débat à ce sujet est marqué par une lecture en noir et blanc, où toute recherche d’informations dans la zone de « gris » semble suspecte. La paix succédera tôt ou tard à la guerre, et le plus tôt sera le mieux. Le conflit qui oppose les deux États n’est pas circonscrit au champ de bataille. Il prend d’autres formes, parfois empruntées à la « cancel culture ». Plusieurs médias de grand chemin s’en font l’écho. Nous vous en livrons un recensement non exhaustif.

La cancel culture

Parler de cancel culture dans le contexte de la guerre en cours en Ukraine peut paraître déplacé. Nous sommes en France loin des campus américains et des comités de censure qui sévissent aux USA. Pourtant, la définition de la cancel culture donnée par Judith Lussier, qui a consacré un essai à ce mouvement, paraît adaptée aux pratiques qui sévissent actuellement en France et plus largement en Europe de l’ouest « le fait d’éjecter des gens, des œuvres, des idées ou des monuments historiques de l’espace public parce qu’ils ne correspondent pas à certaines valeurs ». Nous vous proposons d’en juger.

RT France et Sputnik bâillonnés

Depuis quelques années, RT France et Sputnik sont des médias très actifs en France. En s’écartant du conformisme de nombreux médias français de grand chemin, ils ont acquis une audience non négligeable. Rapidement après le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, la Commission européenne a annoncé son intention de censurer ces deux médias.

Le journal Libération a tenté de façon plus que laborieuse de démontrer la conformité de cette décision au droit communautaire. Les réseaux sociaux ont tiré les premières salves. Les comptes Facebook et Twitter des deux antennes françaises de ces médias ont été rapidement désactivés.

Didier Maisto souligne le 1er mars à ce sujet :

Plus incisif, François Asselineau réagit à la suppression par YouTube d’une interview donnée au média Sputnik :

Mais censurer les comptes sur les réseaux sociaux des deux médias financés par le gouvernement russe ne semblait pas suffisant. Le syndicat SNJ de RT France nous donne le 28 février une information pour le moins étonnante :

Jonathan Moadab en témoigne :

La Directrice de RT France réagit le 27 février sur Twitter à l’annonce de la présidente de la Commission européenne de la fermeture prochaine de la chaine :

Sur les réseaux sociaux, les commentaires vont bon train. Certains soulignent que la chaine américaine CNN n’a aucunement été censurée alors que sa présentation de l’opération « Desert storm » (tempête du désert) en Irak en 1991 a été pour le moins « partiale » et a reposé sur une intox (les armes chimiques) éventée par la suite. D’autres évoquent les liens au-dessus de tout soupçon et de toutes menaces entre la chaine AJ+ et les Frères musulmans.

Elies rappelle sur Twitter avec malice la réaction du ministère français des affaires étrangères quand l’Algérie a retiré son accréditation à la chaine de service public France 24 en juin 2021. Cela l’amène à commenter :

Quand j’entends le mot « culture russe »

Mais la volonté de punir le monde de la culture russe dans son ensemble, et non les seuls dirigeants de ce pays, n’allait pas s’arrêter en si bon chemin.

Le 28 février, le journal Le Monde, à la pointe du mouvement « woke » ou de l’atlantisme (faites votre choix), interpelle les responsables de programmation d’œuvres culturelles :

Chacun aura compris que les « artistes » qui remettent en question leurs engagements auprès de la Russie sont des directeurs de programmation de structures très largement subventionnées par l’État français.

C’est en creux un nouveau conformisme antirusse qui se profile.

Le 28 février, le site internet de Radio France nous informe que « Partout dans le monde, des institutions et artistes russes (sont) mis au ban ». On apprend à la lecture de l’article que « les salles de concert prennent des mesures de boycott contre des artistes et formations musicales russes, en réponse à la guerre déclarée à l’Ukraine par Vladimir Poutine ».

Le même jour, Konbini Arts souligne dans un article écrit à l’aide d’informations de l’AFP que « des mesures contre la présence culturelle russe ont été prises également dans plusieurs pays d’Europe de l’Est ».

Et les exemples commencent à tomber :

France Info nous apprend le 2 mars que « La Scala de Milan et le Théâtre des Champs-Elysées évincent à leur tour le chef d’orchestre pro-Poutine Valery Gergiev ».

Éric Anceau souligne le 3 mars que :

On pourrait multiplier les exemples.

Dans ce ciel si sombre, une éclaircie plus que fugace se dessine :

Thierry Tex Souccar nous informe le 2 mars, en joignant le lien vers un article du quotidien italien La Stampa :

« Après avoir annulé un cours sur Dostoïevski, l’université de Milan a fait marche arrière. La censure montante de la culture russe nous rend moins humains et plus pauvres. Dostoïevski a passé 4 ans en Sibérie pour sa critique de la censure tsariste ».

Nous laisserons la conclusion de cet article à Jo Zefca :

Lire aussi : L’Union européenne a-t-elle peur de la pluralité des médias ?

Source : OJIM


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