Incroyable découverte d’une momie de 3 300 ans couverte de tatouages


Depuis son bureau du Caire à l’Ifao (Institut français d’archéologie orientale), l’égyptologue Cédric Gobeil nous fait part de son vif enthousiasme. Il a de quoi : avec son équipe, il a trouvé une momie de femme unique. La seule à être tatouée de vaches, de serpents, de babouin. Oui, la seule et unique parmi les milliers d’autres momies égyptiennes. « Nous connaissions déjà une quinzaine de momies – toutes des femmes – dotées de tatouages géométriques, mais avec des représentations animales, c’est la toute première fois ! »

Une centaine de momies entassées

La momie est celle d’une femme ayant vécu voilà 3 300 ans, soit quelques années après le règne de Toutankhamon. Sa découverte a été effectuée dans le village de Deir el-Médineh, celui des artisans de la Vallée des rois. Appartenant à l’élite des artisans égyptiens, ceux-ci se faisaient, comme leurs maîtres, momifier après leur mort et enterrer dans des tombes familiales. C’est justement une de ces tombes – la TT290 – que Cédric Gobeil, directeur de la Mission archéologique française de Deir el-Médineh, a choisi d’explorer en 2015. Celle-ci avait déjà été fouillée rapidement par l’égyptologue Bernard Bruyère vers 1930. Son équipe y découvre rapidement une centaine de momies entassées, plus ou moins complètes, arrachées à leurs sarcophages par des pillards voilà de nombreux siècles. Pour en savoir plus, il invite la jeune anthropologue américaine, Jane Austin, à venir les examiner. C’est elle la première qui remarque une momie sans tête ni jambes qui semble être couverte de tatouages. « Quand nous avons examiné ses photos après un traitement informatique, nous avons découvert à notre grande surprise que ces tatouages représentaient des motifs de l’Égypte pharaonique. Ce qui n’avait jamais été trouvé auparavant », explique Gobeil.

momie-tatouage

Bien entendu, le premier réflexe des archéologues fut de vérifier qu’il s’agissait bien de tatouages et pas de simples décorations à la peinture post-mortem. « Il n’y avait pas de doute. Ces tatouages étaient réalisés à peu près comme on pratique aujourd’hui, confirme le chef de la mission, les tatoueurs égyptiens recouvraient la peau d’un pigment bleu-noir obtenu en faisant brûler des végétaux, puis ils tatouaient avec un assemblage de plusieurs aiguilles. » Cette femme momifiée entre 24 et 35 ans possède un grand tatouage sur la gorge et plusieurs autres sur les deux bras, jusqu’aux coudes. Pas plus bas. « Nous avons relevé plusieurs yeux Oudjat incarnant le signe Nefer qui signife bon, beau ou parfait. On a également, sur le cou, deux babouins assis, figurations du dieu Thot, ayant une fonction prophylactique. Il existe encore plusieurs cobras ondulant avec la particularité d’être orientés vers l’avant de la personne comme s’ils l’accompagnaient dans sa vie quotidienne. On a encore des fleurs et deux vaches se faisant face, représentant la déesse Athor, laquelle faisait l’objet d’un culte à Deir el-Médineh », note Gobeil.

Une prêtresse ou une musicienne d’Athor

Seule cette momie, parmi la centaine de la tombe, était tatouée. Mais qui était-elle ? L’égyptologue et l’anthropologue américaine en ont beaucoup discuté. Ils ont fini par émettre l’hypothèse qu’il pouvait s’agir d’une prêtresse ou d’une musicienne d’Athor, chargée d’effectuer certains rituels. « Les serpents sur sa peau peuvent faire également penser à une magicienne qui pouvait venir en aide aux gens en tant que charmeuse de serpents ou de scorpions, ou même communiquer avec les morts », explique Gobeil. « En tout cas, elle évoluait probablement dans le milieu de la magie. Les tatouages au niveau du cou peuvent faire supposer qu’elle récitait des formules magiques. »

Source : Le Point – Image : © Jean Austin/ Jean Austin


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