L’IA va accroître les inégalités et soulever des questions difficiles sur l’humanité, avertissent des économistes


Yingying Lu, chercheur associé au Centre for Applied Macroeconomic Analysis, à la Crawford School of Public Policy, et un modélisateur économique au CSIRO a co-écrit un article sur l’intelligence artificielle (IA) et ses impacts potentiels sur la société et l’économie.

Son analyse se base sur une revue de la littérature économique sur le sujet, ainsi que sur des exemples récents d’innovations et de controverses liées à l’IA. Il présente les opportunités et les risques que représente l’IA pour la productivité, la croissance, l’emploi, les inégalités, l’éthique et le rôle des humains.

Il commence par rappeler le contexte historique et actuel de l’évolution technologique et souligne que depuis un demi-siècle environ, les travailleurs du monde entier ont vu leur part du revenu total de leur pays diminuer, tandis que la croissance de la productivité a ralenti. Cette période a également connu d’énormes progrès dans la création et la mise en œuvre des technologies de l’information et de l’automatisation.

Yingying Lu explique que la technologie est censée augmenter la productivité, mais que l’échec apparent de la révolution informatique à produire ces gains est une énigme que les économistes appellent le paradoxe de Solow. Il se demande si l’IA va sortir la productivité mondiale de sa longue stagnation, et si oui, qui va en profiter.

Le chercheur associé au Centre for Applied Macroeconomic Analysis, à la Crawford School of Public Policy cite ensuite le cas de ChatGTP, le chatbot d’IA développé par OpenAI et lancé en novembre 2022, qui a rendu la dernière génération de technologies IA largement accessible. Il décrit les réactions contrastées qu’a suscitées cette innovation, entre enthousiasme et inquiétude.

Alors que l’Italie a déjà interdit ChatGPT, après avoir lancé une enquête sur le respect du règlement général sur la protection des données (RGPD) par OpenAI, l’Allemagne envisage d’interdire l’utilisation de ChatGPT, en raison d’une violation présumée des règles de confidentialité.

Les autorités de régulation allemandes ont communiqué avec leurs homologues italiens à la suite de l’interdiction prononcée dans ce pays. Les organismes de surveillance de la confidentialité des données d’autres pays de l’UE, tels que la France et l’Irlande, auraient également contacté l’autorité italienne de régulation des données pour discuter de ses conclusions.

Yingying Lu, qui est par ailleurs modélisateur économique au CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation) rappelle que ChatGPT a suscité des réactions contrastées depuis son lancement en novembre 2022, entre enthousiasme et inquiétude. Il cite les exemples de l’Italie qui a banni ChatGPT pour des raisons de protection de la vie privée, des personnalités du monde technologique qui ont appelé à une pause dans le développement des systèmes IA, et des chercheurs renommés qui ont dit qu’il fallait se préparer à lancer des frappes aériennes sur les centres de données associés à une IA malveillante.

Yingying Lu souligne que le déploiement rapide de l’IA et ses impacts potentiels sur la société et l’économie sont désormais clairement sous les projecteurs. Il pose les questions suivantes : que signifiera l’IA pour la productivité et la croissance économique ? Va-t-elle inaugurer une ère de luxe automatisé pour tous, ou simplement intensifier les inégalités existantes ? Et que signifie-t-elle pour le rôle des humains ?

Il affirme que les économistes étudient ces questions depuis de nombreuses années. Il dit avoir passé en revue leurs résultats avec son collègue Yixiao Zhou en 2021, et avoir constaté qu’on était encore loin de réponses définitives. Les principaux arguments et hypothèses des économistes sur les effets de l’IA, exposés par Yingying Lu, sont les suivants :

  • l’IA peut augmenter la productivité et la croissance économique, mais aussi accroître les inégalités et supprimer des millions d’emplois ;
  • l’IA peut sortir la productivité mondiale de sa longue stagnation, mais il existe une énigme économique appelée le paradoxe de Solow, qui désigne l’échec apparent de la révolution informatique à produire des gains de productivité ;
  • l’IA soulève des questions éthiques et sociales difficiles sur le rôle des humains, la responsabilité des machines, la protection des données personnelles, la régulation des algorithmes.

Pour Yingying Lu, la plus grande source de prudence est l’incertitude énorme qui entoure l’évolution future de la technologie IA. Il dit qu’il existe différents scénarios possibles, allant d’une stagnation continue à une explosion exponentielle.

« Les effets de l’IA se feront sentir de manière inégale selon les secteurs, les tâches et les compétences. Certains emplois seront automatisés, d’autres seront rendus plus productifs ou plus créatifs, et de nouveaux emplois seront créés. Les travailleurs moins qualifiés et moins éduqués seront les plus vulnérables face à l’IA », déclare Lu.

Le chercheur conclut en disant que le déploiement rapide de l’IA et ses impacts potentiels sur la société et l’économie sont désormais clairement sous les projecteurs, et qu’il faut être prudent face à l’incertitude sur l’évolution future de la technologie.

Lire aussi : La plupart des gens ne veulent pas que l’IA d’une entreprise se charge de l’embauche, du licenciement ou de la promotion

Sources : Developpez – Yingying Lu, chercheur associé, Centre for Applied Macroeconomic Analysis

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