L’utilisation de l’Intelligence artificielle révèle un second et mystérieux auteur pour l’un des manuscrits de la mer Morte


Les manuscrits de la mer Morte contiennent les plus anciens manuscrits de la Bible hébraïque, également connue sous le nom d’Ancien Testament, ainsi que d’anciens textes juifs inconnus jusqu’alors.

Reproduction du Grand Rouleau d’Isaïe l’un des manuscrits de la mer Morte. (Ardon Bar Hama/ Wikimedia)

Ces documents inestimables, dont certains remontent au 4e siècle avant notre ère, offrent un point de vue unique sur l’ancienne culture des scribes de la Bible « en action ». Mais qui était derrière ces artefacts religieux majeurs ?

À l’exception d’une poignée de scribes nommés dans quelques textes de documentation, la grande majorité sont anonymes. C’est particulièrement vrai pour les plus d’un millier de parchemins retrouvés dans les grottes de Qumrân, dans le désert de Judée, près de la mer Morte, qui représentent le plus grand trésor de parchemins de la mer Morte.

Aujourd’hui, des chercheurs de l’université de Groningue (Pays-Bas) ont utilisé des réseaux neuronaux sophistiqués et leur expertise en sciences humaines pour révéler de nouvelles informations sur ces scribes anonymes. Selon leur nouvelle étude publiée cette semaine (lien plus bas), bien que l’écriture puisse sembler identique pour un œil non averti, au moins l’un des manuscrits de la mer Morte a été rédigé par plusieurs scribes dont le style d’écriture se ressemblait. Auparavant, des chercheurs avaient suggéré que certains manuscrits devaient être attribués à un seul scribe sur la base d’une écriture similaire.

L’équipe dirigée par Mladen Popović, professeur de Bible hébraïque et de judaïsme ancien à la faculté de théologie et d’études religieuses de l’Université de Groningue, s’est concentrée sur le célèbre Grand Rouleau d’Isaïe de la grotte 1 de Qumran. Il s’agit d’un long texte, qui contient la lettre aleph, ou “a”, au moins cinq mille fois.

Image en noir et blanc de la colonne 15 du Grand Rouleau d’Isaïe, l’image binarisée correspondante et l’image épurée-corrigée. Dans les cases rouges des deux dernières images, on peut voir comment la rotation et la transformation géométrique sont corrigées afin d’obtenir une meilleure image pour un traitement ultérieur. (The Dead Sea Scrolls Electronic Library/ Brill Publishers)

Selon Popović :

L’œil humain est étonnant et il prend vraisemblablement aussi en compte ces niveaux. Cela permet aux experts de « voir » les mains de différents auteurs, mais cette décision n’est souvent pas prise selon un processus transparent. En outre, il est pratiquement impossible pour ces experts de traiter les grandes quantités de données que les parchemins fournissent.

C’est pourquoi Popović et ses collègues se sont tournés vers des algorithmes informatiques qui sont bien adaptés à l’analyse de grands ensembles de données, y compris la comparaison de différences subtiles dans les caractères, comme leur courbure.

Les chercheurs, qui comprenaient des experts en intelligence artificielle, ont mis au point un réseau neuronal artificiel qui peut être entraîné à l’aide de l’apprentissage profond. Ce réseau neuronal a pu séparer les 54 colonnes de texte du grand rouleau d’Isaïe en deux groupes distincts qui n’étaient pas distribués au hasard dans le texte, mais regroupés.

Deux cartes de Kohonen 12×12 (cartes autoadaptatives) des caractères complets aleph et bet provenant de la collection des manuscrits de la mer Morte. Chacun des caractères des cartes de Kohonen est formé de plusieurs instances de caractères similaires (indiqués par un encadré agrandi). Ces cartes sont utiles pour l’analyse du développement chronologique des caractères. (Maruf A. Dhali/ Université de Groningue)

Après un examen plus approfondi, qui a impliqué l’utilisation de diverses méthodes de contrôle pour exclure le « bruit » dans les données, les chercheurs ont conclu que le texte a été écrit par un deuxième scribe qui a montré plus de variations dans son écriture que le premier, « bien que leur écriture soit très similaire », ont écrit les chercheurs.

Cette analyse est un parfait exemple d’une interprétation moderne des systèmes d’écriture et des manuscrits historiques, un domaine de recherche connu sous le nom de paléographie. À l’avenir, la même méthode pourrait être utilisée pour analyser d’autres textes de Qumran, révélant ainsi des détails microscopiques sur les différents scribes et leur façon de travailler sur leurs précieux manuscrits.

Les chercheurs ne seront jamais en mesure de connaître l’identité de ces scribes, mais il est étonnant que 70 ans après leur découverte, les manuscrits de la mer Morte continuent de livrer leurs secrets.

Toujours selon Popović :

C’est très excitant, car cela ouvre une nouvelle fenêtre sur le monde antique qui peut révéler des liens beaucoup plus complexes entre les scribes qui ont produit les parchemins. Dans cette étude, nous avons trouvé des preuves d’un style d’écriture très similaire partagé par les deux scribes du grand rouleau d’Isaïe, ce qui suggère une formation ou une origine commune. Notre prochaine étape consistera à étudier d’autres parchemins, où nous pourrions trouver des origines ou des formations différentes pour les scribes.

L’étude publiée dans PLOS ONE : Artificial intelligence based writer identification generates new evidence for the unknown scribes of the Dead Sea Scrolls exemplified by the Great Isaiah Scroll (1QIsaa) et présentée sur le site de Université de Groningen : Cracking the code of the Dead Sea Scrolls.

Lire aussi : Des fragments de manuscrits de la mer Morte découverts dans une grotte du désert de Judée

Source : GuruMeditation


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