Un Européen sur quatre pense que l’IA pourrait prendre de meilleures décisions que les politiciens
Une nouvelle enquête sur l’attitude des Européens à l’égard de la technologie a révélé qu’un quart des habitants préféreraient que les décisions politiques soient prises par intelligence artificielle plutôt que par des hommes politiques.
En janvier, le Centre pour la gouvernance du changement de l’Université IE d’Espagne avait interrogé 2 500 adultes au Royaume-Uni, en Espagne, en Allemagne, en France, en Irlande, en Italie et aux Pays-Bas.
Cette enquête a donc exploré l’opinion des citoyens de huit pays européens (France, Allemagne, Irlande, Italie, Espagne, Pays-Bas et Royaume-Uni) sur les transformations technologiques en cours dans leurs villes et leurs lieux de travail et comment, à leur avis, leurs gouvernements devraient y faire face. Ses conclusions ont confirmé une intuition partagée par les chercheurs : la quatrième révolution industrielle engendre un sentiment croissant d’insécurité et d’incertitude chez nos concitoyens. Plus des deux tiers des Européens de tous les âges estiment que, si elles ne sont pas contrôlées de manière appropriée, les nouvelles technologies causeront plus de tort que de bien à la société au cours de la prochaine décennie.
Cette conviction entraîne à son tour une résistance croissante à l’innovation et une demande générale de plus de réglementation. La vaste majorité des Européens interrogés attendent de leurs gouvernements qu’ils définissent de nouvelles lois et taxes afin de limiter l’automatisation et en aidant les personnes touchées par des pertes d’emploi.
Cela « met en évidence le paradoxe dans lequel nous vivons », ont écrit les auteurs. « Les gens sont déçus par les gouvernements, mais leur demandent en même temps de s’attaquer aux effets négatifs sociétaux et économiques que les technologies émergentes pourraient avoir ».
Citation par rapport
La Silicon Valley célèbre les progrès constants de la robotique et de l’automatisation en tant que phénomène qui stimulera la croissance économique et améliorera la vie des gens. Mais cette histoire n’arrive pas jusqu’en Europe, où 56% des citoyens expriment leur lassitude devant un monde où les machines effectuent la plupart des tâches actuellement accomplies par des humains. Ce niveau d’inquiétude, qui augmente considérablement avec l’âge, atteint près du double des 30% de citoyens enthousiastes à propos de cette perspective. Cela peut avoir de vastes conséquences pour les entreprises qui travaillent à automatiser leurs processus de production.
En conséquence, la majorité des citoyens de l’UE sont favorables à ce que les gouvernements proposent des mesures politiques visant à limiter l’automatisation que les entreprises sont en mesure d’introduire dans leurs activités. Alors que les mesures les moins interventionnistes telles que proposer des taxes supplémentaires aux entreprises qui suppriment des emplois grâce à l’automatisation (67%) ou fournir un soutien supplémentaire aux personnes touchées par les pertes d’emplois (71%) reçoivent beaucoup d’aide, les interventions gouvernementales plus robustes ont des niveaux encore plus élevés de soutien: 72% des personnes interrogées pensent que les gouvernements devraient fixer des limites au nombre d’emplois que les entreprises peuvent remplacer par des machines. 74% pensent que les entreprises ne devraient être autorisées à substituer que des emplois dangereux ou malsains.

pourcentage d’Européens qui soutiendraient fortement ou auraient tendance à soutenir les politiques visant à limiter l’automatisation.
De manière peut-être inattendue, les Européens ne s’inquiètent pas seulement des défis auxquels ils feront face sur le marché du travail, mais également de ce que cela signifiera pour leur vie sociale : plus des deux tiers des Européens s’inquiètent du fait que les gens passeront plus de temps à socialiser en ligne qu’en personne à l’avenir.
Les données suggèrent également que non seulement les citoyens s’inquiètent de la transition technologique à venir, mais qu’ils estiment également que les institutions chargées de rendre ce processus gérable sont en train d’échouer. La plupart des personnes interrogées estiment que le système éducatif ne les forme pas à relever les défis posés par les nouvelles technologies.
Pour les auteurs, cela est particulièrement vrai pour les diplômés universitaires plus âgés qui se retrouvent sans gouvernails sur un marché du travail en rapide mutation. En outre, ils ont également le sentiment que les entreprises pour lesquelles ils travaillent ne s’adaptent pas correctement au nouveau scénario et risquent de disparaître au cours des dix prochaines années.
Un Européen sur quatre préfère qu’une IA prenne des décisions à la place d’un politicien
La désillusion croissante vis-à-vis de la classe politique se reflète à son tour dans le nombre d’individus qui préféreraient que l’IA prenne des décisions politiques que les hommes politiques. La perte de confiance dans les élites politiques ainsi révélée est cohérente avec une multitude d’enquêtes et de sondages d’opinion conduits ces dernières années et met en lumière le paradoxe dans lequel nous vivons: les gens sont déçus des gouvernements, mais en même temps, leur demande de s’attaquer aux effets négatifs sociétaux et économiques que les technologies émergentes pourraient avoir.
La recherche met en lumière un paradoxe selon lequel, alors que le public craint les avancées technologiques, notamment l’automatisation accrue, un Européen sur quatre préférerait que l’intelligence artificielle prenne une part importante aux décisions concernant la gestion de son pays. Dans des pays comme les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni, le pourcentage est encore plus élevé – un sur trois. Au milieu des caprices du Brexit et des questions actuelles relatives au modèle européen de démocratie représentative, les résultats reflètent de manière révélatrice les désillusions considérables que subissent les hommes politiques.

pourcentage d’Européens qui sont un peu ou totalement en faveur de laisser une intelligence artificielle prendre des décisions importantes concernant la gestion de leur pays.
« Cet état d’esprit, qui est probablement lié à la méfiance croissante des citoyens envers les gouvernements et les hommes politiques, constitue une remise en cause significative du modèle européen de démocratie représentative puisqu’il remet en cause la notion même de souveraineté populaire », a déclaré dans un communiqué Diego Rubio, directeur exécutif du Centre IE. pour la gouvernance du changement.
Dans le monde entier, les citoyens ont exprimé une désillusion croissante vis-à-vis de la démocratie et un scepticisme accru quant à l’impact de leur voix sur les décisions politiques. Mais les décisions algorithmiques ne sont pas une solution sans problème: elles peuvent intégrer les préjugés de leurs programmeurs ou être manipulées pour obtenir des résultats spécifiques, rendant les résultats aussi problématiques que ceux réalisés par les humains.
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Sources : Developpez.com par Stéphane le calme – Résultats de l’enquête