Cambridge Analytica : Facebook est confronté à de nouvelles questions sur le moment où il a eu connaissance de la collecte de données


La semaine qui vient de passer s’est soldée pour Facebook avec le départ de deux de ses plus importants cadres. Chris Cox, le responsable des produits chez Facebook et Chris Daniel ont quitté la direction de l’entreprise.

Selon le New York Times, leur départ est étroitement lié à la très controversée idée de Mark Zuckerberg de vouloir unifier les trois principales plateformes du groupe notamment Facebook Messenger, Whatsapp et Instagram. Depuis un peu plus d’un an maintenant, les démissions se succèdent au sein de l’entreprise. On pourrait les illustrer en partant par exemple de la démission de Brian Acton et de Jan Koum, les deux cofondateurs de Whatsapp, respectivement en 2017 et 2018. Toujours en 2018, les deux cofondateurs d’Instagram ont également quitté la société. D’autres responsables, notamment le responsable des communications et des politiques de Facebook et le responsable de la sécurité, ont également quitté leurs fonctions.

Pourquoi une telle vague de démission au sein de l’entreprise ?

Beaucoup d’explications à propos de ses vagues de démission laissent entendre que ces cadres sont partis à la suite de malversations entre ces derniers et Mark Zuckerberg concernant la façon dont le PDG de Facebook dirige l’entreprise. Des spéculations lient certains de ces départs au scandale qui a tant faire parler de lui, celui du Cambridge Analytica. Est-ce vrai ? On ne saurait y répondre avec certitude puisqu’à ce jour, aucun commentaire de la part de Facebook n’existe à ce propos. Si depuis l’explosion du scandale de Cambridge Analytica, Facebook a toujours nié être au courant de l’utilisation finale des données collectées et traitées par l’entreprise britannique, les récentes accusations à l’encontre de la société en disent totalement le contraire. D’après des révélations faites par l’hebdomadaire britannique The Observer la semaine passée, Facebook aurait dissimulé depuis le début de cette histoire des preuves qui prouvent son implication directe dans l’affaire dite de Cambridge Analytica.

En effet, pour l’affaire qu’on cite et d’après les propos de The Observer relayés par The Guardian, au moins un membre du conseil d’administration de Facebook était au courant du but réel et permanent de la collecte de données litigieuse plusieurs années avant l’explosion du scandale. Facebook aurait-il menti jusque là en soutenant qu’il a appris de la presse ce à quoi les données collectées par Cambridge Analytica devraient servir ? C’est que ressortent les récentes affirmations de l’hebdomadaire britannique. « Des personnes de la Silicon Valley ont témoigné que Marc Andreessen, membre du conseil d’administration de Facebook, le fondateur de la société de capital-risque Andreessen Horowitz et l’une des personnes les plus influentes de la Silicon Valley, ont assisté à une réunion avec Christopher Wylie qui s’est tenue dans le bureau d’Andreessen Horowitz deux ans avant que Wylie ne se présente comme dénonciateur », a indiqué la semaine dernière The Observer.

Que s’est-il passé au cours de la réunion entre les membres de Facebook et Wylie ?

Ce dernier, rappelons-le, a également occupé le poste de directeur de recherche au sein de la société britannique, Cambridge Analytica, disait en mars 2018 que « Sans Cambridge Analytica, il n’y aurait pas eu de Brexit. Ils ont joué un rôle crucial, j’en suis sûr ». Ainsi, selon les réactions qui fusent de partout, si Christopher Wylie est passé par Facebook, alors le géant des réseaux sociaux était au courant de ce qui se faisait en coulisse au sein de la société britannique. Il y aurait-il eu un malentendu entre Wylie et Facebook qui, par peur de mettre à mal son image n’a pas voulu révéler au grand public les agissements de Cambridge Analytica ? Autant de questions soulignées de toute part par la communauté. « En tout cas, aujourd’hui on ne peut pas dire que l’image de l’entreprise est aussi bien protégée que ses dirigeants le voulaient jadis », ont commenté certains internautes. Cela dit, cette révélation pourrait se révéler extrêmement embarrassante pour Facebook.

« Il y avait des gens qui étaient très préoccupés par les rapports sur ce que Cambridge Analytica faisait avec les données, et la réunion a été organisée pour essayer d’en savoir le plus possible sur l’exploit afin de trouver des solutions possibles. C’est pour ça que Wylie a été invitée. On lui a posé beaucoup de questions, y compris sur les contacts de l’entreprise avec des entités russes », a déclaré un technologue de la Silicon Valley dont The Observer n’a pas cité le nom. Pourquoi Facebook s’attelle-t-il à soutenir qu’il ignorait les réels agissements de Cambridge Analytica ?, se demandent plus d’un. Selon d’autres témoignages au journal, après cette réunion, Facebook aurait mis en place une équipe comprenant Wylie et d’autres personnes de Facebook pour tenter de limiter le comportement de la société de traitement de données. Seulement cette initiative aurait été abandonnée très vite. « Ce qui est bizarre, c’est qu’il n’y a pas eu de suivi. L’idée était d’inverser l’ingénierie du problème pour trouver des solutions. Mais nous n’avons jamais entendu parler d’un suivi avec l’équipe de sécurité de Facebook ou d’une tentative de mettre l’information en action », a déclaré un participant à cette réunion.

La semaine qui est passée va peut-être se classer parmi l’une des plus dures pour le réseau social depuis un moment. En plus du départ de ses dirigeants, de nouvelles enquêtes criminelles contre l’entreprise ont été lancées pour savoir si elle a couvert l’étendue de son implication avec Cambridge Analytica. Tout ceci a été couronné par la diffusion choquante, vendredi dernier, d’une vidéo en direct montrant un homme armé qui a tué 49 personnes en prière en Nouvelle-Zélande. La vidéo serait devenue tellement virale que même les efforts conjoints de Google et Facebook n’ont pas réussi à l’empêcher d’atteindre des millions de personnes.

Que dit Facebook à propos de tout ça ?

Qu’il s’agisse du PDG de Facebook ou d’autres membres de la société, tous ont refusé de commenter les accusations promulguées contre l’entreprise, explique The Observer. Andreessen Horowitz par contre a indiqué ce qui suit : « La suggestion selon laquelle j’ai eu ou que j’ai organisé une réunion avec Christopher Wylie est tout à fait fausse. Je n’ai jamais rencontré Wylie de ma vie. Après l’élection de 2016, un collègue commun m’a suggéré par courriel de rencontrer Wylie, mais cette rencontre n’a jamais eu lieu. Plus tard, début 2018, Wylie m’a contacté sur Twitter et m’a demandé une rencontre, ce que j’ai refusé ». Christopher Wylie va-t-il démentir très prochainement cette affirmation de Andreessen Horowitz ? Cela représente un commentaire très attendu par les uns et les autres.

Tout ceci ne représente qu’une partie de ce que la société vit actuellement. Aleksandr Kogan, l’universitaire à l’origine de l’application de collecte de données qu’aurait utilisée Cambridge Analytica et que Facebook a toujours tenu pour responsable du scandale, a décidé vendredi de poursuivre l’entreprise en justice pour diffamation et feinte d’ignorance. Pour lui, Facebook l’a utilisé comme bouc émissaire alors que la société était au courant des agissements de Cambridge Analytica. Ses affirmations et plaintes sont, peut-on le dire, renforcées par les allégations que rapportent The Observer. Facebook continue quand même de voir la chose autrement. « Facebook n’était pas au courant du transfert des données de Kogan/GSR (Kogan’s business Global Science Research) à Cambridge Analytica avant décembre 2015. Quand Facebook a appris la violation par Kogan des politiques d’utilisation des données de Facebook, nous avons agi », a déclaré un porte-parole de l’entreprise.

Pour l’heure, il est difficile de savoir ou de donner une chronologie exacte à comment les faits se sont déroulés. Certains estiment que Facebook reste obscurcissant sur le sujet et pourrait bien le rester pendant encore longtemps. D’après eux, si la responsabilité pénale de Facebook venait à être prouvée, cela pourrait coûter très cher à l’entreprise. Néanmoins, les enquêteurs estiment vouloir continuer de creuser. « La bulle pourrait bien se briser un de ces jours », ont-ils avancé comme argument à leur détermination à éclaircir cette affaire. Croyez-vous qu’ils y arriveront ?

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Source : Developpez.comThe Guardian, Forbes


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