Découverte d’une gigantesque cavité sous l’un des plus importants glaciers de l’Antarctique


Les glaciers sont en quelque sorte une espèce en voie de disparition dans notre monde qui se réchauffe et, malheureusement, les scientifiques continuent de trouver de nouvelles menaces qui pèsent sur eux. Dans le cadre de l’opération IceBridge de la NASA, une gigantesque cavité a été découverte sous le glacier Thwaites, dans l’Antarctique occidental, ce qui montre que la région a subi des pertes de glace encore plus importantes ces dernières années qu’on ne l’avait estimé et cela s’accélère.

Le glacier Thwaites a, à peu près, la taille de la Grande-Bretagne et, à lui seul, contiendrait suffisamment de glace pour faire monter le niveau de la mer de 65 cm. Pire encore, il se trouve entre les eaux qui se réchauffent et les glaciers avoisinants, si bien qu’on s’attend à ce que d’autres le suivent bientôt. Cela fait de Thwaites une importante cible d’étude.

Dans le cadre de l’opération IceBridge, des avions spécialisés survolent le continent gelé quelques fois par an et prennent des mesures radar de la glace en dessous. Le radar peut sonder la glace et voir la quantité perdue en dessous.

Bien que l’on s’attendait à ce qu’il y ait une certaine perte de glace, l’équipe fut surprise de constater ce qui manquait exactement. Le radar a révélé une cavité de près de 300 m de haut sous le glacier Thwaites, assez grande pour avoir déjà contenu 14 milliards de tonnes de glace. La majorité avait fondu en seulement 3 ans.

Selon Eric Rignot, coauteur de l’étude :

“Nous soupçonnons depuis des années que Thwaites n’était pas étroitement attaché au substratum rocheux sous-jacent. Grâce à une nouvelle génération de satellites, nous pouvons enfin voir les détails.”

Située du côté ouest du glacier Thwaites, la cavité a été créée par les eaux plus chaudes qui se sont écoulées au fond du glacier au fil des années, et malheureusement, c’est un cercle vicieux. Plus le trou grandit, plus la glace est exposée à l’eau, ce qui accélère la fonte. Cela pousse la ligne de contact avec la terre ferme, là où la glace rencontre le substrat rocheux en dessous, de plus en plus loin à l’intérieur des terres, déstabilisant ainsi le glacier.

Les données montrent qu’entre 1992 et 2017, la ligne de contact du côté ouest du glacier Thwaites s’est retirée à un rythme constant de 0,6 à 0,8 km par an. La situation est pire du côté est, où le taux de recul a doublé, passant de 0,6 km par an entre 1992 et 2011 à 1,2 km par an entre 2011 et 2017.

Curieusement, même si le taux de recul est pire sur le front est, le taux de fonte est plus élevé sur le côté ouest du glacier. Les chercheurs ne savent pas pourquoi, mais cela montre que les interactions entre la glace et l’océan sont beaucoup plus complexes qu’on ne le pensait auparavant.

L’International Thwaites Glacier Collaboration se prépare à entreprendre une étude sur le terrain au cours de l’été prochain dans l’hémisphère Sud, à la fin de 2019 et au début de 2020. Les chercheurs de la présente étude espèrent que ces nouveaux résultats aideront à éclairer le travail de cette équipe.

Selon Pietro Milillo, auteur principal de l’étude :

“De telles données sont essentielles pour que les équipes sur le terrain se concentrent sur les zones où l’action se déroule, car la ligne de mise à la terre recule rapidement avec des configurations spatiales complexes.”

L’étude publiée dans Science Advances : Heterogeneous retreat and ice melt of Thwaites Glacier, West Antarctica et présentée sur le site du JPL de la NASA : Huge Cavity in Antarctic Glacier Signals Rapid Decay.

Lire aussi : Le retrait glaciaire dans l’Arctique canadien révèle des paysages sans glace invisibles depuis plus de 40 000 ans

Source : GuruMeditation


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