Doggerland, ce territoire englouti qui reliait autrefois l’Angleterre au continent


En 2015, une plongeuse britannique a fait une découverte incroyable : une forêt sous-marine préhistorique vieille de 10 000 ans. Avant qu’elle ne soit immergée sous les eaux il y a environ 6 000 ans, cette forêt reliait la Grande-Bretagne au reste du continent européen.

Doggerland

C’est en plongeant à seulement 300 mètres des côtes du comté de Norfolk, à 200 km au nord-est de Londres, que Dawn Watson, une océanographe britannique de 45 ans, a fait la découverte de la « lost forest » (forêt perdue). Il s’agit d’une forêt vieille d’environ 10 000 ans et qui s’étend sur des milliers d’hectares.

« Je ne pouvais pas croire ce que je voyais, déclarait-elle en 2015. La mer était assez forte sur le rivage alors j’ai décidé de plonger un peu plus loin et après avoir nagé plus de 300 mètres, j’ai trouvé une longue crête noircie. Quand j’ai regardé de plus près, j’ai réalisé que c’était du bois et quand j’ai nagé plus loin, j’ai commencé à trouver des troncs d’arbres entiers avec des branches dessus, qui avaient l’air d’avoir été abattus ».

Doggerland

Carte du Doggerland au début de l’Holocène (Max Naylor / Wikimedia Commons)

Vous retrouverez cette forêt sur une ancienne terre appelée Doggerland par les géologues. C’est une bande anciennement émergée qui reliait autrefois la Grande-Bretagne au reste du continent européen. Les débuts de l’Holocène, la dernière époque de l’ère quaternaire, ont ensuite vu la géographie se transformer avec l’élévation du niveau des mers. « En 5 000 avant notre ère, le niveau de la mer est monté rapidement et a noyé la terre », explique le docteur Clive Waddington, d’Archaeology Research Services, qui a fouillé le site. « Les dunes de sable ont été repoussées plus à l’intérieur des terres, enterrant la forêt, puis la mer s’est un peu retirée ».

S’il ne reste aujourd’hui qu’un banc de sable – Dogger Bank -, ces terres immergées entre 15 et 36 mètres de fond abritaient jadis des forêts, des marais, des plaines, des animaux, et même des Hommes.

Un crâne de mammouth laineux vieux de 40 000 ans a en effet été récupéré par des pêcheurs au large des côtes néerlandaises en 1999. Plusieurs années plus tard, une autre équipe est tombée sur un os de bison sculpté vieux de 13 500 ans, coincé dans les filets. De nombreux objets et ossements ont ainsi été rendus par les eaux de la mer du Nord. Dans cette ancienne forêt engloutie, les archéologues ont en effet découvert des empreintes d’humains adultes et enfants. « Nous pouvons dire par la forme des empreintes qu’ils portaient des chaussures de cuir », ajoute le docteur Waddington.

Au large de la côte sud de la Suède, des archéologues de l’Université de Lund ont également découvert un campement saisonnier de pêcheurs, aujourd’hui plongé à une vingtaine de mètres sous l’eau. Les chercheurs ont notamment remonté des outils et des pièges à poissons utilisés il y a 9 000 ans.

Aujourd’hui les recherches se poursuivent. Le projet « Europe’s lost frontiers », financé par le Conseil européen de la recherche, propose en effet aux chercheurs des expéditions maritimes dans le but de découvrir des traces de ces anciens habitants. En modélisant les fonds marins correspondant aux terres préhistoriques englouties, les chercheurs espèrent trouver des indices sur la manière dont vivaient ces communautés et sur comment elles ont réagi au changement climatique ou face à l’arrivée progressive de l’agriculture.

Lire aussi : Des chercheurs reconstituent les “plaines perdues” habitées qui reliaient l’Angleterre à l’Europe

Source : SciencePost


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1 réponse

  1. Franck dit :

    En -12800 le niveau des mers était très inférieur (d’environ 180 m) et la mer du Nord épargnée par les glaciers était habitée. La comète est tombée sur l’Amérique du Nord et l’Europe entraînant une catastrophe planétaire (fonte des glaciers , déluge, montée des eaux). Le climat et le niveau des eaux se sont stabilisés en -11600.

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