Au Canada, le saumon OGM s’invite incognito chez les poissonniers


Un saumon génétiquement modifié pour atteindre une belle taille rapidement a été mis en vente sans étiquetage dans les supermarchés canadiens. L’entreprise AquaBounty technologies prévoit d’ouvrir un site de production dans l’est du pays. Les associations de consommateurs se battent pour une obligation de l’étiquetage.

C’est en regardant, le 4 août dernier, les chiffres de vente d’Aquabounty technologies, société productrice de saumons OGM, que l’association québécoise « Vigilance OGM » en a eu le cœur net : du saumon transgénique est vendu sur les étals canadiens, sans étiquetage particulier. Plus de 4,5 tonnes de poissons modifiés pour grandir deux fois plus vite sont vendus au prix du marché : 11,7$ le kilo (environ 10 €).

Pour le consommateur canadien, impossible de savoir d’où vient son saumon : a-t-il remonté en frétillant le Bas Saint-Laurent, ou a-t-il été élevé dans une cuve spéciale poissons OGM du Panama, pour intéresser plus rapidement les poissonniers ? « C’est une première mondiale. Le premier animal génétiquement modifié arrive sur le marché et les consommateurs du Québec et du Canada deviennent, à leur insu, les premiers cobayes », regrette Thibault Rehn, coordinateur de Vigilance OGM.

Impossible de retrouver ces saumons OGM

« AquaBounty n’a pas révélé où ces filets de saumon OGM ont été vendus, et nous sommes choqués de découvrir qu’ils sont arrivés sur le marché », s’alarme Lucy Sharrat, du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies.

AquaBounty maîtrise la technologie du saumon OGM depuis 25 ans. Sa commercialisation n’a été autorisée par l’Agence américaine de la nourriture et des médicaments (FDA) qu’en 2015 aux États-Unis, avant qu’elle ne soit bloquée deux mois plus tard par une initiative de la sénatrice de l‘Alaska Lisa Murkowski. Celle-ci, qui considère le saumon OGM comme du « faux poisson » (fake fish), veut rendre l’étiquetage OGM obligatoire.

Le « Frankenfish » bientôt élevé au Canada ?

L’autorisation canadienne est arrivée en mai 2016. Pour le ministère de la Santé et l’Agence canadienne des aliments (ACIA), ce saumon est « aussi sain et nutritif pour les humains et le bétail que le saumon classique ».

Les Canadiens sont donc les premiers à goûter ce « Frankenfish ». Deux enseignes, IGA Québec et Costco, ont déjà annoncé qu’elles ne le vendraient pas. Les saumons OGM sont, pour le moment, élevés en bassins au Panama, mais AquaBounty technologies souhaite ouvrir une ferme aquacole sur l’Île du Prince Edouard, à l’est du pays. Le gouvernement provincial a déjà donné son feu vert.

Les associations écologistes américaines et canadiennes craignent que les poissons OGM arrivent à s’échapper de leurs bassins et se retrouvent inévitablement à introduire la mutation génétique dans la nature.

Source : Ouest-France


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