Coronavirus : vers un confinement plus long


Avec 108 décès pour la seule journée de jeudi, l’épidémie accélère encore sa progression. Emmanuel Macron estime que «trop de Français prennent les consignes à la légère». Un Conseil de défense va avoir lieu ce vendredi.

L’épidémie continue à fortement progresser en France. Ce jeudi, la barre symbolique des plus de 100 morts en une seule journée a été franchie. Plus d’un millier de personnes sont en réanimation. En quelques phrases le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon a planté le décor, sombre : « L’épidémie est importante et s’étend, avec une circulation rapide et intense. »

Dans ce contexte, Emmanuel Macron n’a pas caché son agacement jeudi en constatant que « trop » de Français continuaient à « prendre à la légère » les consignes de confinement prises pour lutter contre le coronavirus, qui « ne sont pas parfaitement respectées ». « Quand je vois que des gens continuent à aller au parc, à se mettre ensemble, à aller à la plage ou à se ruer dans les marchés ouverts, c’est qu’ils n’ont pas compris les messages » passés par les autorités, a déclaré le chef de l’Etat à des journalistes en marge d’une visite à l’Institut Pasteur.

Cela augure-t-il d’un nouveau tour de vis sécuritaire ? Le tandem exécutif a semblé préparer ce jeudi les esprits à de nouvelles mesures visant à faire respecter plus strictement le confinement de la population. Les ministres engagés dans la bataille contre l’épidémie galopante de coronavirus sont conviés ce vendredi pour un sixième Conseil restreint de défense autour du chef de l’Etat et du Premier ministre. Fait notable, il ne se tiendra pas à l’Elysée, faute de place, mais dans la cellule de crise du ministère de l’Intérieur.

Depuis le début de la crise, ces réunions au sommet, se sont toujours soldées par de nouvelles annonces, l’exécutif ayant opté pour une stratégie de montée en charge progressive des mesures restreignant les libertés.

«Quinze jours, c’est pour faire avaler la pilule aux Français»

Et maintenant ? Selon des spécialistes en gestion de crise, Emmanuel Macron et Édouard Philippe ont plusieurs cartes sécuritaires sur la table pour mener à bien leur « guerre » contre le Covid-19, selon les mots du chef de l’État. La première : activer par décret « l’état d’urgence sanitaire » rendu possible par le projet de loi examiné mercredi en Conseil des ministres, qui doit être voté définitivement par le Parlement d’ici vendredi soir. La seconde : décréter un couvre-feu pour proscrire les sorties à certaines heures.

La question de la prolongation du confinement est en tout cas sur la table. Les médecins estiment que, si les premières annonces évoquaient une durée de quinze jours « a minima » la prolongation de la quarantaine des Français ne fait aucun doute.

« Evidemment ! balaie le professeur Gilles Pialoux, chef du service d’infectiologie à l’hôpital Tenon, à Paris. Quinze jours, c’est pour faire avaler la pilule aux Français inciviques et indisciplinés. C’est à peine ce qu’il faut pour commencer à voir les effets concrets du confinement », lâche ce médecin, expliquant doubler son nombre de malades toutes les quarante-huit heures.

« Nous sommes partis pour un confinement d’au moins encore un mois, voire un mois et demi », abonde Rémi Salomon, président la Commission médicale d’établissement des Hôpitaux de Paris. Un calcul partagé par Philippe Juvin, son confrère chef du service des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou, l’un des fleurons de la capitale.

«Se mettre en tête que notre confinement à un sens»

Avec de tels cris du cœur de soignants, pourquoi ne pas annoncer la couleur plus directement aux Français, en leur disant que la situation va perdurer ? « Attention, n’oublions pas que nous sommes dans une situation totalement inédite, sans modèle de référence. La météorite coronavirus n’était pas attendue. Nous avons besoin de rentrer dans ce stress de manière progressive et d’avoir des phases d’habituation », assure le professeur Michel Lejoyeux, psychiatre à Bichat, un des hôpitaux de pointe pour la prise en charge des personnes infectées.

En Italie, même si le nombre de morts continue à fortement progresser (avec 3 405 décès la péninsule dépasse maintenant la Chine, qui en compte 3 200), la progression du virus ralentit « Il est essentiel de s’appuyer sur les bonnes nouvelles », rappelle le professeur Lejoyeux. Dont acte ?

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Source : MSN


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