Des moustiques génétiquement modifiés pour être infertiles ont disparu pour mieux réapparaître…


Les moustiques sont plus que de simple ravageur, ils peuvent être de dangereux vecteurs de maladies.

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L’une des idées les plus novatrices pour contrôler les populations de moustiques fut de libérer des moustiques mâles génétiquement modifiés qui produisent une progéniture non viable. Mais malheureusement, un test de ce type au Brésil semble avoir échoué, les gènes des moustiques mutants se mélangeant maintenant à ceux de la population indigène.

L’idée semblait solide. Les moustiques mâles Aedes aegypti ont été génétiquement modifiés pour avoir un gène dominant létal. Lorsqu’ils s’accouplaient avec des femelles sauvages, ce gène réduisait considérablement le nombre de descendants qu’ils produisaient, et les quelques femelles qui étaient nées devraient être trop faibles pour survivre très longtemps.

Au final, ce programme devrait réduire la population de moustiques dans une région, jusqu’à 85 %, selon certains tests préliminaires. Cela signifie bien sûr moins de maladies transmises par les insectes, comme la dengue, la fièvre jaune, le zika et le paludisme, chez l’humain. Et comme la progéniture ne vit pas assez longtemps pour se reproduire, les gènes des insectes modifiés devaient rester soigneusement en dehors du patrimoine génétique de la population sauvage. Le seul effet visible devait être la réduction des populations de moustiques.

Malheureusement, cela ne fut pas le cas. Des chercheurs de l’université Yale (États-Unis) ont récemment examiné les moustiques autour de la ville de Jacobina, au Brésil, où le plus grand test de cette technique a eu lieu au cours des dernières années. Non seulement les chiffres ont rebondi dans les mois qui ont suivi le test, mais ils ont découvert que certains insectes indigènes avaient conservé les gènes des moustiques modifiés.

Selon Jeffrey Powell, auteur principal d’une étude décrivant la découverte :

L’allégation était que les gènes de la souche disséminée n’entreraient pas dans la population générale parce que la progéniture en mourait. Ce n’est évidemment pas ce qui s’est passé.

La souche de moustique GM (génétiquement modifié) a été développée par une société appelée Oxitec, et elle avait déjà reçu l’approbation de la Food and Drug Administration américaine pour ce genre de tests. Dans le cas du Brésil, environ 450 000 mâles modifiés ont été relâchés à Jacobina chaque semaine pendant 27 mois, pour un total de dizaines de millions d’insectes. Pour les surveiller, l’équipe de Yale a étudié les génomes de la souche GM et des espèces sauvages avant la dissémination, puis à nouveau 6, 12 et 27 à 30 mois après le début de la dissémination.

Bien sûr, à la fin du test, il était évident que les gènes des insectes transgéniques avaient été incorporés dans la population sauvage. Bien que les moustiques GM ne produisent une descendance que dans 3 à 4% des cas, il semble que ceux qui naissent ne sont pas aussi faibles que prévu. Certains semblent atteindre l’âge adulte et se reproduire.

Bien que les populations aient d’abord diminué, les chiffres ont rebondi après environ 18 mois. Les chercheurs suggèrent que les moustiques femelles pourraient avoir appris et commencé à éviter de s’accoupler avec les mâles modifiés.

Pire encore, l’expérience génétique a peut-être eu l’effet contraire et rendu les moustiques encore plus résistants. Les insectes de la région sont maintenant composés de trois souches mélangées : des brésiliens d’origine, plus des souches de Cuba et du Mexique : les deux souches se sont croisées pour faire les insectes GM. Ce patrimoine génétique plus large pourrait rendre les moustiques plus robustes dans leur ensemble.

Les scientifiques assurent au public que les moustiques mixtes ne posent aucun risque supplémentaire pour la santé, mais il y a toujours lieu de s’inquiéter. On ne sait pas exactement quel effet cela aura sur la transmission de la maladie ou d’autres méthodes de contrôle.

Toujours selon M. Powell :

C’est le résultat imprévu qui est préoccupant. En se basant en grande partie sur des études de laboratoire, on peut prédire quel sera le résultat probable de la dissémination de moustiques transgéniques, mais des études génétiques du genre de celles que nous avons faites devraient être effectuées pendant et après ces disséminations pour déterminer si quelque chose de différent de ce qui était prévu s’est produit.

L’étude publiée dans Scientific Reports : Transgenic Aedes aegypti Mosquitoes Transfer Genes into a Natural Population et annoncée sur le site de l’université Yale : Transgenic mosquitoes pass on genes to native species.

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Source : GuruMeditation


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