Chine : les personnes qui changent d’emploi trop souvent pourraient être sanctionnées


Par le système de crédit social

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Depuis 2014, la Chine peaufine son système de crédit social afin d’amener ses citoyens et même les entreprises à un niveau élevé d’honnêteté pour maintenir la confiance au sein de la société. Maintenant que ce système de crédit social est entré dans sa phase de tests, l’on assiste à de nombreuses réactions à mesure qu’il est déployé dans le pays. Comme mode de fonctionnement, ce système de crédit social chinois est basé sur un ensemble de données collectées par le gouvernement chinois sur ses citoyens en vue de les noter et récompenser ceux qui manifestent un bon comportement et à contrario punir les mauvais exemples de la société.

Même si le gouvernement chinois met en avant une longue liste de faveurs que peuvent jouir les personnes affichant un bon comportement comme la possibilité de bénéficier de réductions sur les factures d’énergie, la possibilité d’obtenir de meilleurs taux d’intérêt dans les banques, la possibilité de louer des objets sans dépôts ou encore d’obtenir des hôtels, etc., il faut également savoir que de nombreuses sanctions sont également prévues pour rappeler aux Chinois qu’ils doivent améliorer leur comportement.

Ainsi, un citoyen qui par exemple effectue une mauvaise conduite, ne rembourse pas ses dettes, fume dans des zones non-fumeurs, plagie des articles académiques, crée un empire technologique chargé de dettes et s’enfuit dans un autre pays, achète trop de jeux vidéo, publie de fausses informations en ligne, pour ne citer que ces méfaits, reçoit automatiquement une mauvaise note pour chaque mauvaise action posée. Lorsque vos points baissent le crédit moral que la société vous accorde baisse également. Il ne sera donc plus possible pour une personne qui a sa côte en baisse d’effectuer certaines opérations dans le pays. Par exemple, neuf-millions de personnes ayant des scores bas ont été empêchées d’acheter des billets d’avion pour des vols domestiques. Dans le même registre, trois-millions de personnes ont été interdites d’acheter de billets de train en classe affaires, car leur score est au plus bas niveau. Mais les sanctions ne se limitent qu’à cela. Il est possible, en fonction de l’infraction commise, que l’on vous refuse même l’inscription dans une école afin de vous empêcher de poursuivre vos études. En outre, il est même rapporté qu’une place a été refusée à un étudiant dans une université à cause de son père qui avait un mauvais score de crédit social. D’autres par contre pourront se voir refuser du travail à cause de leur note qui n’inspire pas confiance aux employeurs. Et pour couronner le tout, une liste noire de personnes et entreprises a été mise à la disposition du public par le gouvernement pour servir de référentiel aux entreprises lorsque celles-ci souhaitent avoir des relations avec des personnes physiques ou morales.

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Bien que ce système de crédit pose déjà un certain nombre de problèmes, une province de Chine, notamment Zhejiang envisage d’ajouter à la liste des mauvais comportements pouvant faire baisser la note du crédit social des individus, un comportement supplémentaire qui ne manquera pas de faire grincer les dents des Chinois : c’est celui de passer d’un emploi à l’autre trop fréquemment. S’il est vrai que l’adage qui dit « pierre qui roule n’amasse pas mousse » se confirme souvent chez certaines personnes, pour autant les Chinois ne devraient-ils pas être libres d’aller voir ailleurs si des conditions meilleures leur sont proposées et cela aussi longtemps que cela leur plait ? Mais manifestement, dans la province de Zhejiang, cette action pourrait être considérée comme un mauvais comportement et donc pourrait faire baisser le crédit social des citoyens qui en définitive seraient sanctionnés. L’annonce de vouloir sanctionner les changements trop fréquents d’emploi a été faite par Ge Pingan, un responsable du Zhejiang, qui a déclaré que « si quelqu’un continue de démissionner et de décrocher de nouveaux emplois, son crédit social sera définitivement un problème ». La décision aurait été prise à la suite d’une plainte du service des ressources humaines d’une entreprise selon laquelle elle était incapable de faire quoi que ce soit quand un employé veut partir. Par ailleurs, même si la fréquence de démissions considérée comme exagérée n’a pas été définie, Ge avance que le système à venir imposera des restrictions à la fois aux entreprises et aux travailleurs.

Si la décision de sanctionner les changements trop fréquents d’emploi n’est motivée que par une tentative désespérée des entreprises de maintenir bon gré mal gré leurs employés, l’on pourrait se demander si ce crédit social ne serait pas en train de virer à un abus, si abus il n’y en avait pas déjà. En réaction à cette décision, de nombreux résidents du Zhejiang ont émis des critiques acerbes sur la toile. Un internaute intervenant sur le réseau social chinois Weibo a écrit sur un ton sarcastique « Je suggère qu’ils fassent en sorte que les personnes qui ne sont pas mariées et ont des bébés soient discréditées ». Un autre utilisateur a déclaré « Avons-nous accepté cela ? ». Toutefois, pour certaines entreprises, cette décision est salutaire, car elle viendrait freiner le désir perpétuel de certains travailleurs qui est de sillonner les entreprises sans jamais y perdurer.

Il faut souligner que depuis que le gouvernement chinois a mis ce système en place, certaines administrations locales ont poussé le bouchon encore plus loin. Shijiazhuang, la capitale de la province du Hebei, a conçu une carte sur WeChat qui avertit les personnes qu’elles se trouvent à moins de 500 mètres d’un « bon à rien » (mot utilisé par les autorités pour décrire ceux qui ne remboursent pas leurs dettes). Un comté a également ajouté une sonnerie pour avertir les appelants qu’ils sont sur le point de parler avec un bon à rien.

Pour ce qui concerne la province du Zhejiang, les internautes ont également relevé des choses très alarmantes sur ce système de crédit social. Par exemple, la ville de Ningbo a construit un « centre intelligent » — une grande base de données de plus de 10 millions de personnes possédant des cartes de sécurité sociale — qui répertorie exactement les compétences de chaque individu, le nombre de fois qu’ils ont changé d’emploi et même quels hôpitaux et pharmacies ils aiment visiter.

Alors que de nombreux citoyens chinois et même les organisations des droits de l’homme crient au scandale avec ce système de crédit social, certaines personnes, notamment celles qui disposent d’un bon score, louent les bienfaits de ce système de crédit social et soulignent qu’avec ce système les gens ont amélioré leur comportement. « Par exemple, lorsque nous conduisons, nous nous arrêtons toujours devant les passages pour piétons. Si vous ne vous arrêtez pas, vous perdrez vos points », rapporte un entrepreneur qui ajoute « qu’au début, nous craignions de perdre des points, mais maintenant nous nous sommes habitués ». Mais pour d’autres personnes, se trouver réprimandé par le système de crédit social est pire que la prison.

Lire aussi : La Chine interdit à 23 millions de personnes d’acheter des billets de voyage

Sources : Developpez.com par Olivier FamienAbacus News


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