Le fabricant de robots militaires Ghost Robotics a attaché un fusil à lunette de haute précision sur le dos d’un chien-robot


Cela suscite la consternation des internautes.

Beaucoup d’innovations d’ordre militaires ont été présentées lors de l’édition 2021 de la convention annuelle de l’Association de l’armée américaine qui se tient cette semaine à Washington. Mais ce qui a sans doute attiré le plus l’attention est le chien-robot équipé d’un fusil de sniper de haute précision sur le dos.

Baptisé SPUR, il a été décrit comme une technologie pouvant être utilisée dans de nombreux scénarios réalistes, allant d’une situation de tir actif à la traque d’un individu recherché. De nombreuses personnes ont exprimé leurs inquiétudes quant à son utilisation.

Les robots quadrupèdes ayant l’apparence d’un chien ne sont pas tout à fait nouveaux. Mais en 2020, la communauté scientifique et les internautes ont sidéré par le chien-robot Spot de Boston Dynamics après que ses vidéos de promenade dans des lieux publics soient devenues massivement virales en ligne. Spot a été repéré dans de nombreux endroits. On l’a également vu faire office de “chien de garde” dans un parc de Singapour pour veiller à ce que les gens gardent leurs distances sociales pendant les heures de pointe. Équipements nucléaires, installations électriques, chantiers, et plus encore, les domaines d’application sont multiples.

La force de Spot est d’être modulaire. Il est extrêmement agile et la société indique qu’il est conçu pour aller là où les autres robots ne peuvent s’aventurer, y compris sur des terrains accidentés. Spot peut être utilisé pour inspecter du matériel ou un site puisqu’il est capable de scanner son environnement et de détecter des anomalies. Cependant, alors que Spot semblait inoffensif dans sa housse jaune, la dernière extension de ce chien-robot – réalisée par les fabricants d’armes robotiques SWORD International et Ghost Robotics – a donné lieu à un “chien sniper”. Plus précisément, le résultat est un chien-robot surmonté d’un fusil de précision Creedmoor 6,5 mm.

Ghost Robotics, basé à Philadelphie, a partagé mardi sur Twitter une image de leur création lors de la convention annuelle de l’Association de l’armée américaine. Le système s’appelle le Special Purpose Unmanned Rifle, ou SPUR. Dans un autre post Instagram, SWORD a déclaré qu’elle “maintient ses équipes [d’opérations spéciales] armées des dernières innovations en matière de létalité”. Si les personnalités présentent à la convention ont été impressionnées par cette arme de nouvelle génération, les internautes se sont inquiétés de son utilisation. Et sans surprise, les commentaires sous les deux posts décrient la nature dystopique d’une telle machine.

Un commentateur a dit : « alors vous avez tous vu deux Blade Runners, une série et un film Westworld, 10 films Terminator, deux séries Battlestar Galactica, I, Robot et vous avez quand même pensé que c’était une bonne idée ». Un autre a dit : « Ghost Robotics a créé une pièce de matériel sans âme pour la suppression brutale de la population lorsque les milliardaires craindront enfin pour leurs gains mal acquis ». Un autre a simplement déclaré : « c’est littéralement l’épisode Metalhead de Black Mirror ». Il est difficile d’argumenter avec ces commentaires. La machine de Ghost Robotics et SWORD International est un robot tueur de précision.

Il pourrait facilement être relié aux capacités d’IA déjà utilisées sur le champ de bataille avec les drones de guerre et autres machines à tuer de haute précision. Bien que SPUR soit destiné au champ de bataille, il est impossible de ne pas reconnaître l’éléphant dans la pièce, à savoir que les chiens-robots ont jusqu’à présent été principalement utilisés dans des espaces publics. Contrairement aux drones de guerre, les robots quadrupèdes ont déjà été utilisés pour le contrôle des populations par les forces de l’ordre dans les pays comme le Singapour. La robotique a également un lien controversé avec l’application de la loi aux États-Unis.

En décembre 2020, le département de police de New York a testé un robot Spot pour l’application de la loi, bien qu’un tollé public ait forcé le département à annuler son contrat de 94 000 dollars avec Boston Dynamics, le fabricant de ces robots. En 2015, des experts et personnalités influentes du secteur technologique – dont Elon Musk, Noam Chomsky et Stephen Hawking – ont signé une lettre ouverte appelant les Nations unies à interdire purement et simplement les armes létales autonomes, notamment les robots tueurs, affirmant que la majorité des chercheurs en IA “n’ont aucun intérêt à construire des armes d’IA”.

La campagne “Stop Killer Robots” a au gagné en popularité ces dernières années et a été rejointe par d’anciens employés de grandes entreprises technologiques telles que Google après sa participation au projet Maven, qui visait à améliorer la technologie des drones de l’armée américaine. Par ailleurs, SWORD a indiqué sur son site Web que le [SPUR] a été spécialement conçu pour offrir un tir de précision depuis des plateformes sans pilote telles que le quadrupède Vision-60 de Ghost Robotics. Selon la société, grâce à ses capteurs très performants, le SPUR peut fonctionner dans une multitude de conditions, de jour comme de nuit.

En dehors de cela, peu de choses ont été révélées en ce qui concerne les spécifications du SPUR. Par exemple, l’on ne sait pas s’il est télécommandé ou s’il fonctionne avec un certain degré d’autonomie. Les deux entreprises n’ont pas non plus dit si le robot a été conçu selon les besoins spécifiques d’un client ou dans le cadre d’un contrat avec une organisation militaire. Tout compte fait, l’annonce du SPUR a déclenché un tollé tant chez les internautes que dans la communauté scientifique.

Lire aussi : L’armée française teste Spot, le chien robot de Boston Dynamics, dans des scénarios de combat

Source : DeveloppezSWORD International, Ghost Robotics


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