L’UE veut avoir accès aux messages privés sans avoir besoin d’une ordonnance judiciaire


« Surveillance de masse privatisée. »

Patrick Breyer, expert juridique et membre du Parlement européen (MPE) du Parti Pirate allemand, a déclaré que ses collègues parlementaires européens sont majoritairement en faveur de l’introduction de nouvelles règles qu’il qualifie de « surveillance de masse privatisée ».

M. Breyer a révélé qu’une majorité d’eurodéputés, dans un vote de 580:76:37, a décidé d’accueillir favorablement le projet de la Commission européenne visant à obliger les entreprises à l’origine des services de courrier électronique et de messagerie à surveiller automatiquement et en temps réel les conversations privées de leurs utilisateurs sur ces plateformes.

La Commission européenne justifie cette mesure par la nécessité d’éradiquer la maltraitance des enfants, mais M. Breyer estime que le « contrôle des chats » s’avérera non seulement inefficace, en raison des limites des algorithmes qui seront utilisés pour mener à bien cette tâche, mais qu’il sonnera également le glas du secret numérique de la correspondance.

Le processus automatique qui couvre les courriels et les chats de tous les utilisateurs signifie que les autorités n’auront pas besoin de produire une ordonnance du tribunal ou d’avoir une raison quelconque pour effectuer ces recherches, comme par exemple soupçonner quelqu’un d’être impliqué dans ce type de crime.

M. Breyer a expliqué qu’une fois qu’un algorithme signale un contenu comme suspect, les conversations et les photos privées d’un utilisateur, y compris celles de nature intime qui concernent les adultes, peuvent être consultées par le personnel des entreprises technologiques, leurs sous-traitants et les forces de l’ordre.

Les failles du système, poursuit-il, signifient également que l’algorithme de texte peut faussement étiqueter un contenu comme le sexting comme du « child grooming », tandis qu’une photo légale de l’enfant d’une personne prise sur une plage pourrait également être classée à tort comme de l’exploitation d’enfants.

Et, selon M. Breyer, qui cite des données de la police suisse, cela arrive tout le temps – 90 % de ces rapports reposant sur des algorithmes s’avèrent faux. Dans le même temps, en Allemagne, seules 40 % des enquêtes liées à des abus sur des enfants s’avèrent finalement viser des mineurs.

Il est clair que pour que le système fonctionne, les courriels et les messages doivent être non cryptés, ce qui signifie que les entreprises technologiques fournissant ces services et la police ne seront pas les seules à pouvoir accéder au contenu personnel : les pirates informatiques pourront également y participer.

« Ce n’est qu’un début. Une fois que la technologie de contrôle de la messagerie et du chat a été établie, il devient très facile de les utiliser à d’autres fins. Et qui garantit que ces machines à incriminer ne seront pas utilisées à l’avenir sur nos téléphones intelligents et nos ordinateurs portables ? », demande M. Breyer.

Lire aussi : France : le gouvernement met en place la surveillance des réseaux sociaux par le fisc

Source : Reclaim The Net – Traduit par Anguille sous roche


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