Des astronomes réussissent à photographier une planète en formation


La formation des planètes est un processus désormais connu. Lors de la naissance d’un soleil dans un nuage de gaz (principalement de l’hydrogène), les poussières et les gaz restants, qui ne se sont pas tous effondrés sous l’effet de la gravitation qui a formé l’étoile, vont constituer un disque tournant autour de celle-ci (ce que l’on nomme le disque protoplanétaire). C’est dans ce disque que, par un phénomène qui ressemble beaucoup à celui qui permet à la poussière de s’agglomérer en “moutons” sous votre lit, des morceaux de roc et des planètes vont se former. Mais entre connaître le processus et le prendre sur le fait, il y a tout de même un pas de géant à franchir… et pourtant. Aujourd’hui, nous disposons de ce qui est revendiqué comme “la première photo d’une exoplanète en formation”, prise grâce aux télescopes de l’université de l’Arizona.

“C’est la première détection irréfutable d’une planète en cours de formation, ce que l’on nomme “protoplanète”,” explique Kate Follette, de l’université de Stanford, co-auteur d’une étude qui vient d’être publiée dans le journal Nature. “Personne n’avait avec succès et sans ambiguïté détecté une planète en formation auparavant”, affirme la chercheuse. “Il y avait toujours des explications alternatives, mais dans ce cas nous avons directement pris une photo, et il est difficile de contester cela”.

La photo en question, c’est celle d’un (très) jeune système stellaire situé dans une zone connue pour ses formations d’étoiles, à 450 années lumière, dans la constellation du Taureau. La jeune étoile se nomme LkCa 15, et la planète photographiée a tout naturellement reçu l’immatriculation LkCa 15b. Lorsque sa phase de formation sera achevée, cette planète sera une géante gazeuse du type de notre Jupiter.

Prendre de telles images n’est pas simple. “La différence de luminosité entre une étoile et une planète est comparable à celle d’une luciole et d’un phare”, précise Kate Follette. Heureusement, lorsque la planète se forme, elle devient extrêmement chaude et va irradier une lumière rouge sombre caractéristique. Certes, l’étoile émet aussi le même type de lumière, mais les chercheurs, grâce aux nouvelles techniques d’imagerie, ont réussi à séparer les deux taches lumineuses dans cette couleur distinctive de la formation d’objets célestes. “Cette unique nuance sombre de lumière rouge est émise à la fois par la planète et l’étoile alors qu’elles connaissent le même processus de croissance”, ajoute Kate Follette. “Nous avons pu séparer la lumière faible de la planète de celle de l’étoile, beaucoup plus lumineuse, et de constater ainsi qu’elles étaient toutes deux en train de grossir et d’irradier cette nuance de rouge si distinctive”.

Les scientifiques espèrent poursuivre leurs observations afin de mieux comprendre le processus de formation des planètes, mais aussi de préciser l’empreinte qu’elles peuvent laisser dans le fameux disque protoplanétaire. Si LkCa 15b est responsable des “lacunes” présentes dans celui-ci. On pense en effet que ces emplacements “vides” entre deux parties du disque sont causées par des planètes. S’il s’avère que c’est le cas pour LkCa 15b, on saura alors que si l’on observe des trous similaires dans d’autres disques, cela signifiera qu’il y a probablement des planètes en formation.

Mieux encore : si les astronomes ont pu prendre une image directe d’une géante gazeuse, ils pourraient un jour en faire autant avec une planète rocheuse similaire à ce qu’était la Terre. ..

Crédit image : Vue d’artiste de la formation de planètes autour d’une étoile (NASA/JPL-Caltech)

Vidéo montage montrant les photos de la planète en formation autour de LkCa 15 (University of Arizona) :

Source : Espace-Temps


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