Tracking contre le coronavirus – Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur français, confirme la piste : « C’est un outil qui sera retenu et soutenu par l’ensemble des Français »


Invité au journal télévisé de 20 heures sur France 2, le dimanche 5 avril, le ministre français de l’Intérieur s’est dit favorable au tracking à visée médicale, confirmant que l’exécutif souhaite utiliser certaines données des téléphones, notamment les coordonnées GPS, pour tracer les contaminations éventuelles au Covid-19.

Alors que cette pratique est décriée, car susceptible de violer les libertés individuelles et la vie privée, Christophe Castaner a estimé qu’elle pourrait tout de même être « soutenue » par les Français.

En répondant aux questions de Laurent Delahousse, Christophe Castaner a confirmé à son tour que le gouvernement réfléchissait à une solution pour exploiter les données personnelles des téléphones et tracer les éventuelles contaminations. « Le tracking fait partie des solutions retenues par un certain nombre de pays, donc nous avons fait le choix de travailler en lien avec eux pour regarder ces solutions. Je suis convaincu que si elles permettent de lutter contre le virus et, si évidemment, elles respectent les libertés individuelles, c’est un outil qui sera retenu et soutenu par l’ensemble des Français », a-t-il déclaré.

Le tracking complique la communication du gouvernement. D’abord hostile au traçage numérique, le gouvernement n’exclut pas dorénavant de cartographier des porteurs du coronavirus dans la perspective du déconfinement. Christophe Castaner a notamment adopté une position différente sur ce sujet sensible des données personnelles de santé, à condition que la méthode respecte les libertés individuelles.

En effet, dix jours auparavant, Christophe Castaner disait l’inverse à Léa Salamé, dans l’émission « Vous avez la parole » sur France 2, en condamnant fermement le caractère intrusif d’un tel traçage. « Cela n’est pas la culture française. Je fais confiance aux Français pour que nous n’ayons pas à mettre en place ces systèmes qui, au fond, atteignent la liberté individuelle de chacun pour être efficaces. Donc, ce n’est pas un sujet lequel nous travaillons », affirmait-il le 26 mars dans l’émission. Le 24 mars à l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé désapprouvait également « à titre personnel » le tracking pour contenir l’épidémie, tel qu’il a été réalisé en Corée du Sud, pays pionnier en la matière. Olivier Véran n’imaginait pas la France adopter une législation allant dans ce sens.

Quant au secrétaire d’État au Numérique, il fallait regarder attentivement comment l’Allemagne, le Royaume-Uni et Singapour préparent des applications de géolocalisation à visée médicale. Mais il a aussi assuré qu’ « à ce stade » la France n’avait lancé aucune initiative similaire, selon une déclaration sur la Radio Classique le 25 mars. « Il serait criminel de ne pas étudier toutes les solutions qui sont sur la table », expliquait-il.

Vers un traçage numérique volontaire ?

Mercredi 1er avril, Édouard Philippe avait exclu la possibilité d’un traçage numérique « obligatoire » des individus pour lutter contre l’épidémie du coronavirus, lors de son audition le 1er avril devant la mission d’information parlementaire. Le Premier ministre constatait alors l’absence d’un « instrument légal » autorisant la mise en place d’un dispositif de traçage des personnes infectées par le coronavirus, tout en envisageant « peut-être » de pister la circulation du virus grâce à un tracking « volontaire », impliquant donc le consentement des individus concernés, comme le recommande d’ailleurs la CNIL, la Commission nationale de l’informatique et des libertés. « C’est une question qui est, à ce stade, encore ouverte », avait conclu Édouard Philippe.

Dans plusieurs pays, les données de géolocalisation sont utilisées dans la lutte contre la pandémie pour suivre les déplacements des personnes de façon globale, voire dans certains cas de façon individuelle, ce qui peut poser un problème de respect de la vie privée. Nous avons appris en mars qu’Israël a décidé d’utiliser une technologie antiterroriste pour lutter contre cette pandémie. « Nous allons très bientôt commencer à utiliser la technologie, les moyens numériques que nous avons utilisés pour lutter contre le terrorisme », tels ont été les mots employés par le Premier ministre Netanyahu.

En France, le président Emmanuel Macron avait installé un Comité analyse recherche et expertise (Care) chargé de conseiller le gouvernement pour ce qui concerne les programmes et la doctrine relatifs aux traitements, aux tests et aux pratiques de « backtracking » qui permettent d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le virus du Covid-19. Fin mars, la CNIL soulignait déjà l’importance de protéger les données personnelles. L’alternative était simple selon l’analyse de la Commission : ou bien faire reposer ce traitement sur le consentement de chaque personne, ou bien s’appuyer sur une loi dédiée.

Une solution de tracking numérique serait-elle en train de voir le jour en France ? Cependant, sur la base du consentement, que ferait-on pour entrer en contact avec une personne non volontaire – à qui ne s’applique pas la solution de tracking – qui a été en contact avec une personne volontaire diagnostiquée positive au Covid-19 ?

Lire aussi : Coronavirus : huit opérateurs européens, dont Orange, vont fournir les données de localisation de leurs clients

Sources : DeveloppezTweet


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